[identity profile] drakys.livejournal.com posting in [community profile] 31_jours
Titre: Deux mots
Auteur: drakys
Jour/Thème: 10 octobre/Lettre
Fandom: black cat
Couple: kranz/bardol
Rating: PG-13
Disclaimer: kentarô yabuki
Notes: avertissement: character death, probablement pas trop IC, overall bleh.
Participation au vote de fin de mois: Non


Kranz tourna et retourna le papier entre ses doigts pour ce qui lui semblait être la millième fois de la journée. Il allait bien falloir qu'il se résolve à demander à quelqu'un de lui en lire le contenu, mais il n'en avait pas trop envie.

…Qui sait ce que Bardol avait pu y écrire?

Ça faisait des semaines qu'il se torturait avec cette lettre. Son contact dans le creux de sa main était étrangement réconfortant, mais aussi une odieuse torture. L'autre homme lui avait écrit quelque chose et Kranz n'arrivait pas à deviner ce que ça pouvait être.

Connaissant Bardol, peut-être que le bout de papier se révèlerait être couvert de stupidités. Ou peut-être avait-il été assez cruel pour lui remettre un bout de feuille entièrement blanche. Kranz tourna et retourna le papier entre ses doigts, pour une énième fois, le couvrant de phrases imaginées.

***

"...Kranz?", fit une voix, surprise et étrangement fatiguée.

Il reconnut aussitôt Bardol et se tourna dans sa direction, s'orienta vers lui et franchit de quelques pas rapides la distance qui les séparait. L'autre homme n'avait dit que son nom et pourtant, Kranz comprenait bien que quelque chose n'allait pas, sans trop savoir encore exactement quoi.

"Tu es déjà de retour de mission?", demanda le blond, visage parfaitement impassible.

"Ouais, il y a eu un prob–"

Bardol s'interrompit soudain et Kranz sentit un poids s'écraser lourdement contre lui, réalisant que le numéro huit venait de lui tomber dessus. Il le retint par les épaules, ne laissant rien paraître de l'inquiétude qui commençait à le rendre nerveux.

"Que–

— Faux pas", s'excusa l'autre homme avec un petit rire forcé qui ne fit qu'empirer les doutes du blond.

Le rire se brisa et le poids contre lui s'effondra. Kranz le sentit glisser rapidement à terre et il essaya tant bien que mal de ralentir sa chute, s'agenouillant avec lui pour supporter son poids.

"Désolé", grogna Bardol en essayant tant bien que mal le repousser. "Kranz, je vais–", il s'interrompit et le blond l'imagina très bien froncer les sourcils. "Prends ça", continua plutôt le numéro huit en lui fourrant quelque chose dans la main.

"Qu'est-ce que–", commença-t-il, ses doigts se refermant sur ce qui semblait être une lettre, ou un simple bout de papier replié.

Sa main effleura celle de Bardol, y rencontrant une substance poisseuse.

"Bardol?

— Appelle de l'aide", interrompit la voix de Janus, le séparant un peu trop brusquement de Bardol.

Kranz entendit un bruit de déchirement. Du tissu qu'on déchirait et Bardol qui étouffa un cri de douleur qui fit damner l'autre homme. Le blond supposa que Janus essayait tant bien que mal de lui fournir des premiers soins. Mais l'obstination de Bardol à les refuser faisait comprendre à Kranz la gravité de la situation, lui faisait aussi réaliser à quel point il était impuissant.

"Imbécile!", continua Janus, de toute évidence à l'intention de Bardol. "Pourquoi tu t'es traîné jusqu'ici au lieu d'aller au quartier médical!?

— Commission à faire", répondit Bardol avant de tousser, ou de grincer.

"Janus, qu'est-ce qui se passe?", demanda le blond, restant immobile.

Ce n'était pas qu'il voulait rester planté là, complètement inutile, mais il était incapable de bouger. Il ne savait pas comment il avait réussi à contrôler sa voix. Il ne savait pas comment il réussissait à avoir l'air parfaitement calme.

Il comprenait très bien ce qui se passait, mais il voulait l'entendre. Il voulait l'entendre pour ne pas se convaincre que ce n'était pas réel. S'il n'avait pas été aveugle, il aurait immédiatement remarqué! Ce n'est pas une excuse, se rappela-t-il amèrement. J'aurais dû remarquer tout de suite!

Il ne vit pas le regard dégoûté que l'autre homme lança à Bardol, mais sentit la tension dans l'air.

"Tu aurais pu lui dire! Surtout que–", Janus s'interrompit, comme s'il se refusait à continuer et le blond l'entendit passer près de lui en vitesse. "Reste avec lui, je m'occupe de trouver de l'aide."

Le blond se laissa tomber à genoux, cherchant le corps de Bardol jusqu'à ce que ses mains touchent un bras qu'elles suivirent jusqu'aux doigts de l'autre homme.

"Ça va aller", lui assura-t-il entre ses dents serrées, essayant de se raccrocher à ce calme qu'il conservait sans savoir comment. "T'es pire qu'une coquerelle, tu survis à tout."

La main du numéro huit se referma serrée sur la sienne et Kranz l'entendit essayer de répliquer quelque chose, puis étouffer un grognement de douleur. Les ongles s'enfonçant dans sa paume lui faisaient mal, mais le blond aurait voulu qu'ils ne se relâchent jamais.

"Putain que c'est génial que tu voies rien", articula Bardol lentement, comme si chaque mot lui coûtait. "Hé", fit-il, voix presque éteinte.

"Quoi?", demanda aussitôt Kranz en se penchant vers lui, sa propre voix étonnamment sans émotion.

"Dé– désolé d'avoir pissé le sang sur tes fring–"

La fin du mot se perdit dans un grognement de douleur et la main dans la sienne se resserra, puis se relâcha lentement. Kranz savait. C'est lui qui resserra sa main, désespéré. S'il avait remarqué plus tôt, s'il avait été envoyé avec lui pour cette mission, si–

"Bardol!"

Mais c'était inutile.

Kranz resserra son poing autour du bout de papier, le faisant disparaître en entendant des pas précipités derrière lui. Trop tard, aurait-il voulu leur dire, mais il n'y arriva pas. Il bougea quand on lui dit de le faire et il recula. Et recula encore jusqu'à ce qu'il y ait un mur derrière lui pour le soutenir.

Il n'allait pas s'écrouler, ni physiquement, ni mentalement.

Son poing était serré autour de papier que Bardol y avait mis et il s'y raccrochait bêtement. Il ne fut pas surpris quand on lui annonça la nouvelle, officiellement. Il le savait déjà. Il hocha la tête lentement, sans rien dire et s'éloigna.

Il entendit les murmures, devina les regards.

Qu'est-ce que ça pouvait lui faire, ce qu'ils pensaient? S'il hurlait de rage, s'il se lamentait, s'il damnait le ciel et l'enfer par deux, par trois fois, est-ce que ça allait lui ramener Bardol?

***

Il entra dans le bureau de Sephiria, nerveux. Il savait qu'il pouvait lui faire confiance, qu'elle ne dirait rien, peu importe ce que contenait la lettre qu'il tenait serrée dans sa main. Il s'avança jusqu'au bureau de sa supérieure et posa le papier déplié dessus, espérant que la feuille était du bon côté.

"Est-ce que tu pourrais me lire ça, s'il te plaît?", demanda-t-il poliment et il ne retira pas ses doigts avant de sentir qu'elle avançait sa main.

Elle ne posa pas de question, ne lui demanda rien et il y eut un silence. Il ne vit pas Sephiria lever les yeux vers lui.

"Qu'est-ce qu'il y a?", demanda-t-il aussitôt, ne comprenant pas pourquoi elle hésitait à lui lire ce qu'il y avait sur le papier.

Il était blanc. Il devait être blanc! Juste une autre connerie de Bardol pour l'insulter de son infirmité! Il aurait dû se fier à ce que lui dictait sa raison, il n'aurait pas eu à s'humilier en demandant–

"Il n'y a que deux mots", lui répondit doucement Sephiria . "Moi aussi."

Kranz entrouvrit la bouche, surpris et la referma aussitôt, serrant la mâchoire. Fouillant fébrilement sa mémoire à la recherche de ce à quoi pouvait bien répondre Bardol. Ou plutôt ce à quoi il avait semblé incapable de lui répondre de vive voix. Le blond serra les poings quand il comprit.

Il tendit la main pour récupérer son papier et se détourna aussitôt, soulagé de ne pas être arrêté par Sephiria. Même malgré le casque qui cachait presque tout son visage, il savait que son expression devait être trop transparente.

Même mort, Bardol arrivait à le rendre enrager.

***

Il savait que c'était complètement idiot, sentimental dirait sûrement Bardol s'il ne se contentait pas de l'insulter. Il savait qu'il y avait un millier de raisons pour que ça ne fonctionne pas. Il ne pouvait même pas le voir, ils étaient deux tueurs, deux hommes en plus et pourtant, ça ne lui enlevait pas le moins du monde l'envie de l'embrasser et de pouvoir tout à son aise le découvrir du bout des doigts autant qu'il le voulait.

Il avait envie de lui arracher ses vêtements pour explorer sa peau. Et il voulait l'entendre gémir et se cambrer sous lui, l'entendre se plaindre de plaisir. Il voulait tellement plus que le peu qu'il y avait présentement entre eux. Ce travail froid, ces quelques entraînements cruels que Bardol se plaignait toujours de détester, mais auxquels il participait quand même.

Et le blond pouvait parfois à peine penser clairement quand ils se battaient en corps à corps, quand leurs corps étaient si près l'un de l'autre, bougeant et forçant ensemble. Que leurs respirations étaient rapides, leur peau couverte de sueur...

Kranz s'aspergea le visage avec ce qu'il restait d'eau froide dans sa bouteille pour se calmer. Il fallait qu'il le dise, même si c'était effectivement sentimental et une stupide faiblesse en conséquence. Il tressaillit quand Bardol l'effleura, tellement perdu dans ses pensées qu'il n'avait pas du tout senti sa présence si près.

"Tu bloques le passage, boulet", grogna Bardol, respiration encore courte de l'entraînement, et il l'entendit déboucher une bouteille.

"Je t'aime", répliqua Kranz.

"Quoi?", demanda le numéro huit et le blond réalisa qu'il avait à peine bougé les lèvres.

Il se reprit, prenant une grande inspiration.

"J'ai dit que je t'aimais", répéta Kranz comme s'il lui demandait simplement une serviette pour s'éponger le front.

Il y eut un silence, pas très long. Et Bardol éclata de rire. Kranz l'avait prévu, mais eut quand même l'impression que son cœur venait de se contracter jusqu'à vouloir disparaître de sa poitrine.

"Pfft, c'est quoi cette sentimentalité stupide?", rigola Bardol. "Tu veux qu'on échange des bracelets d'amitié mainte–"

Le baiser l'avait fait taire, au moins pendant la seconde avant que Kranz soit violemment repoussé.

"Putain, tu rigoles pas!", avait-il entendu, chaque mot une insulte. "Tu rigoles vraiment pas!", avait sifflé Bardol et l'aveugle l'avait entendu ramasser ses affaires avec précipitation.

Il l'entendit s'éloigner rapidement et il demanda quand même. Il avait besoin d'une confirmation, même si elle allait le décevoir.

"Tu ne m'as pas répondu.

— J'aimerais mieux crever que de répondre à ça!"

(05 octobre 2006)

(no subject)

Date: 2006-10-10 10:19 pm (UTC)
From: [identity profile] flo-nelja.livejournal.com
C'est horriblement triste !!!
Je sais pas si c'est in character, parce que tu sais, ma vision de ces persos est entièrement biaisée par toi. :-) Mais j'aime, en tout cas !

(no subject)

Date: 2006-10-20 08:14 am (UTC)
From: [identity profile] sakoni.livejournal.com
Figure-toi que c'est ce que j'ai fait (relire le manga). Ca m'a fait un effet un peu bizarre, d'ailleurs, parce que Kranz ouvre jamais la bouche, et quand il le fait c'est même pas pour se foutre de la gueule de Bardol!
Mais bon, ils sont tellements secondaires et pas exploités, hein... je pense pas que tu ls fasses OOC (enfin pas trop, quoi).
...
*snourf* C'est triiiiste T__T (et je vais mettre cette communauté en watch, hein, parce que j'en ai un peu marre de pas lire toutes tes fics avec ce couple >__<). Mais j'aime les death fic, et Bardol était tellement pathétique (et t'as encore fait Kranz sentimental X3) et... *couine*

(no subject)

Date: 2008-12-10 06:46 pm (UTC)
From: [identity profile] aurige.livejournal.com
wow... c'est... fort.

toute la première partie, jusqu'à la mort de Bardol dans les bras de Kranz.. *ouiiiiiiin*

c impressionnant de tout ressentir à travers Kranz, c tellement bien fait qu'on a l'impression d'être infirme nous aussi, et l'image qu'on se fait via les informations que nous apporte Kranz est noire - parce qu'aveugle évidemment, mais c'est les petits détails qui me frustrent et font l'ensemble 'réaliste'. C... ouais, wow.

la scène dans les vestiaires est assez hilarente. les "Tu rigoles vraiment pas!" de Bardol trop lol, on l'imagine complètement décontenancé ^^ n'arrêtant pas de se répéter pour se remettre du choc. c sûr, jamais on a dû lui dire un truc pareil voire qqchose d'approchant. Ahhh, quel courage Kranz ^^

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