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Titre : Marque
Auteur :
isil_chan
Jour/Thème : 17août - Marque Page (angst)
Fandom : Harry Potter
Pairing : Maugrey/Albus
Rating : Pg- 13
Disclaimer : JK Rowling et consorts, pas à moi. ^^
Notes: écrite pour aellane sur
hp_slash_fr lors de l'Echange de fics de l'Eté. Je ne suis donc pas responsable du pairing XD, même si en fin de compte, je me suis beaucoup amusée à l'écrire o_O
Participation au vote de fin de mois : Oui
Le marque-page est tout simple, juste un parchemin plié un peu maladroitement, comme si on avait été pressé de le refermer pour nier son contenu. Il est caché entre les pages d'un livre poussiéreux, dans un coin d'une bibliothèque qui croule sous des volumes semblables.
Le marque-page n'a rien de particulier, à part peut-être les traces d'usage qui le parsèment et la profondeur de ses plis. Si on l'ouvrait, on découvrirait une encre défraîchie par le temps, quelques traces d'humidité dont seul son possesseur connaît l'origine.
Le marque-page ne marque aucune page, à part celle d'une vie tournée. Les mots à demi effacés qui y sont tracés ne marqueront jamais personne d'autre que leur destinataire, qui les connaît tellement par cœur qu'il n'a nul besoin de les relire.
Le marque-page est plié et déplié avec soin, avec concentration encore et encore par des doigts âgés, qui sont au moins aussi tâchés par la vie que le marque-page lui-même. Le bruissement hypnotique du papier paraît résonner fort dans la pièce et contraster comme un blasphème au silence qui la remplit.
"La marque d'une époque," déclare t'il à voix basse en élevant le marque-page entre deux doigts, comme un trophée.
"Une époque révolue," contre son interlocuteur de sa voix bourrue.
Le marque-page est une nouvelle fois déplié en un rythme étrangement aléatoire, un peu haché. Les mains anciennes suivent le rythme des mots qui y sont inscrits, un rythme qui ne trouve une nouvelle fois son écho que dans le silence. Les yeux d'ordinaire rieurs sont pensifs, tournés vers l'intérieur, vers cette autre époque qui a été déclarée révolue.
Le marque-page frémit, froissé par la main brusque qui l'aplatit sur le bureau avec un bruit sourd. La coupable est elle aussi constellée de marques, de cicatrices, témoin et victime de ce temps passé, peut-être gaspillé.
"C'est le passé, Albus. Pourquoi revenir dessus?" demande t'il avec hargne, parce que c'est au fond le seul langage qu'il connaît.
"Ce n'est passé que si on ne revient plus dessus, Alastor," répond-il avec sa dose habituelle de mystère et de sous-entendus.
"Nous n'avons plus le temps ni le loisir de revenir dessus."
"Ah, Alastor…" soupire t'il en fermant les yeux, peut-être peiné ou fatigué, ou même amusé, qui sait?
Le marque-page est récupéré avec soin, déposé sur le bureau et lissé consciencieusement, pour effacer les traces récentes et n'y laisser que les anciennes, celles qui comptent vraiment. Le feu crépite impatiemment dans la cheminée et dans un coin, un phénix souffle doucement, ses yeux à demi-fermés comme son maître un peu plus tôt.
"Nous sommes vieux, Albus," soupire t'il à son tour.
"Oui, Alastor, nous sommes vieux."
"Nous avons bien vécu. Laissons aux jeunes ce genre de soucis, qu'en penses-tu?" suggère t'il en une faible offre de paix.
Le marque-page bruisse une dernière fois puis le silence retombe, comme les deux mains anciennes se croisent par-dessus. Les mots sont cachés par ces doigts fatigués, mais ils sont incrustés dans son esprit si profondément qu'ils lui semblent également gravés dans sa chair.
"Comment pourrions nous prétendre guider les jeunes dans leur vie si nous renions la notre?" demande t'il, la tête légèrement penchée sur le côté.
"En nous concentrant sur le meilleur moyen de leur préserver un avenir!"
Le marque-page repose là, abandonné sur le bureau, ses mots délavés offerts aux yeux de tous, mais les deux présents les connaissent déjà par cœur, de la même façon qu'on connaît par cœur un poème d'enfance ou une prière, un souvenir à l'abandon.
"Nous sommes bien vieux, Alastor…"
"Albus… Je ne parle pas d'oublier."
"Je sais, je sais…"
Le marque-page chuchote doucement quand des mains burinées le prennent délicatement, avec un soin qui paraît presque irréel pour des doigts si marqués. Le bruit sourd d'une démarche diminuée marque un déplacement jusqu'à la fenêtre, et à la lueur de la lune, deux yeux dépareillés lisent une lettre d'un autre âge, écrite à un autre temps, quand ces deux mains étaient encore intactes, ces deux yeux identiques et ce corps fatigué encore entier.
Le marque-page est levé entre eux comme un rempart, alors que les mots qu'il porte devaient servir de lien, de pont entre deux hommes, tout juste plus des enfants mais des hommes quand même, des mots écrits pour renier une guerre et son effet sur eux, sur eux deux, sur ce qu'ils étaient et ne sont plus parce que l'époque est révolue.
"Il n'y aura ni regret ni oubli, Albus," promet-il, et un instant, l'écho de ce qu'il était se fait entendre dans sa voix.
"Il n'y aura que la satisfaction d'offrir aux jeunes la chance que nous n'avons pas eue," termine t'il à son tour, toute trace de regret disparue de sa voix.
Le marque-page passe d'une main à l'autre, symbole un peu vieillot d'une paix acceptée et basée sur des sacrifices. Il est replié soigneusement une dernière fois, tandis que des pas lourds frappent la fin de la représentation et s'éloignent petit à petit.
Le marque-page retourne dans son livre et dans sa bibliothèque, porté par les gestes lents de son propriétaire. Il retrouve sa place entre deux livres d'Histoire, et semble cette fois la trouver définitivement, et si Albus a un instant de regret en refermant le livre, il n'y a plus personne dans le bureau pour s'en apercevoir.
FIN.
Auteur :
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Jour/Thème : 17août - Marque Page (angst)
Fandom : Harry Potter
Pairing : Maugrey/Albus
Rating : Pg- 13
Disclaimer : JK Rowling et consorts, pas à moi. ^^
Notes: écrite pour aellane sur
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Participation au vote de fin de mois : Oui
Le marque-page est tout simple, juste un parchemin plié un peu maladroitement, comme si on avait été pressé de le refermer pour nier son contenu. Il est caché entre les pages d'un livre poussiéreux, dans un coin d'une bibliothèque qui croule sous des volumes semblables.
Le marque-page n'a rien de particulier, à part peut-être les traces d'usage qui le parsèment et la profondeur de ses plis. Si on l'ouvrait, on découvrirait une encre défraîchie par le temps, quelques traces d'humidité dont seul son possesseur connaît l'origine.
Le marque-page ne marque aucune page, à part celle d'une vie tournée. Les mots à demi effacés qui y sont tracés ne marqueront jamais personne d'autre que leur destinataire, qui les connaît tellement par cœur qu'il n'a nul besoin de les relire.
Le marque-page est plié et déplié avec soin, avec concentration encore et encore par des doigts âgés, qui sont au moins aussi tâchés par la vie que le marque-page lui-même. Le bruissement hypnotique du papier paraît résonner fort dans la pièce et contraster comme un blasphème au silence qui la remplit.
"La marque d'une époque," déclare t'il à voix basse en élevant le marque-page entre deux doigts, comme un trophée.
"Une époque révolue," contre son interlocuteur de sa voix bourrue.
Le marque-page est une nouvelle fois déplié en un rythme étrangement aléatoire, un peu haché. Les mains anciennes suivent le rythme des mots qui y sont inscrits, un rythme qui ne trouve une nouvelle fois son écho que dans le silence. Les yeux d'ordinaire rieurs sont pensifs, tournés vers l'intérieur, vers cette autre époque qui a été déclarée révolue.
Le marque-page frémit, froissé par la main brusque qui l'aplatit sur le bureau avec un bruit sourd. La coupable est elle aussi constellée de marques, de cicatrices, témoin et victime de ce temps passé, peut-être gaspillé.
"C'est le passé, Albus. Pourquoi revenir dessus?" demande t'il avec hargne, parce que c'est au fond le seul langage qu'il connaît.
"Ce n'est passé que si on ne revient plus dessus, Alastor," répond-il avec sa dose habituelle de mystère et de sous-entendus.
"Nous n'avons plus le temps ni le loisir de revenir dessus."
"Ah, Alastor…" soupire t'il en fermant les yeux, peut-être peiné ou fatigué, ou même amusé, qui sait?
Le marque-page est récupéré avec soin, déposé sur le bureau et lissé consciencieusement, pour effacer les traces récentes et n'y laisser que les anciennes, celles qui comptent vraiment. Le feu crépite impatiemment dans la cheminée et dans un coin, un phénix souffle doucement, ses yeux à demi-fermés comme son maître un peu plus tôt.
"Nous sommes vieux, Albus," soupire t'il à son tour.
"Oui, Alastor, nous sommes vieux."
"Nous avons bien vécu. Laissons aux jeunes ce genre de soucis, qu'en penses-tu?" suggère t'il en une faible offre de paix.
Le marque-page bruisse une dernière fois puis le silence retombe, comme les deux mains anciennes se croisent par-dessus. Les mots sont cachés par ces doigts fatigués, mais ils sont incrustés dans son esprit si profondément qu'ils lui semblent également gravés dans sa chair.
"Comment pourrions nous prétendre guider les jeunes dans leur vie si nous renions la notre?" demande t'il, la tête légèrement penchée sur le côté.
"En nous concentrant sur le meilleur moyen de leur préserver un avenir!"
Le marque-page repose là, abandonné sur le bureau, ses mots délavés offerts aux yeux de tous, mais les deux présents les connaissent déjà par cœur, de la même façon qu'on connaît par cœur un poème d'enfance ou une prière, un souvenir à l'abandon.
"Nous sommes bien vieux, Alastor…"
"Albus… Je ne parle pas d'oublier."
"Je sais, je sais…"
Le marque-page chuchote doucement quand des mains burinées le prennent délicatement, avec un soin qui paraît presque irréel pour des doigts si marqués. Le bruit sourd d'une démarche diminuée marque un déplacement jusqu'à la fenêtre, et à la lueur de la lune, deux yeux dépareillés lisent une lettre d'un autre âge, écrite à un autre temps, quand ces deux mains étaient encore intactes, ces deux yeux identiques et ce corps fatigué encore entier.
Le marque-page est levé entre eux comme un rempart, alors que les mots qu'il porte devaient servir de lien, de pont entre deux hommes, tout juste plus des enfants mais des hommes quand même, des mots écrits pour renier une guerre et son effet sur eux, sur eux deux, sur ce qu'ils étaient et ne sont plus parce que l'époque est révolue.
"Il n'y aura ni regret ni oubli, Albus," promet-il, et un instant, l'écho de ce qu'il était se fait entendre dans sa voix.
"Il n'y aura que la satisfaction d'offrir aux jeunes la chance que nous n'avons pas eue," termine t'il à son tour, toute trace de regret disparue de sa voix.
Le marque-page passe d'une main à l'autre, symbole un peu vieillot d'une paix acceptée et basée sur des sacrifices. Il est replié soigneusement une dernière fois, tandis que des pas lourds frappent la fin de la représentation et s'éloignent petit à petit.
Le marque-page retourne dans son livre et dans sa bibliothèque, porté par les gestes lents de son propriétaire. Il retrouve sa place entre deux livres d'Histoire, et semble cette fois la trouver définitivement, et si Albus a un instant de regret en refermant le livre, il n'y a plus personne dans le bureau pour s'en apercevoir.
FIN.
(no subject)
Date: 2006-08-17 08:05 am (UTC)(no subject)
Date: 2006-08-17 10:44 am (UTC)J'ai eu un peu de mal avec le pairing, j'espère que ça se voit pas trop xD
(no subject)
Date: 2006-08-17 09:07 am (UTC)et c'est superbement rendu !
(no subject)
Date: 2006-08-17 10:45 am (UTC)J'aurais eu trop de mal à faire quelque chose de fluff avec ces deux là, de toute façon ^^
(no subject)
Date: 2006-08-17 10:55 am (UTC)Et en plus j'ai découvert un nouveau pairing o___ô
Isil, y'a pas à dire, tu es le Bien (et accessoirement une auteur magnifique *o*)
(no subject)
Date: 2006-08-17 11:07 am (UTC)Ouais, le pairing c'est pas mon idée, mais en fait je le trouve crédible o_O (bien qu'un peu... dérangeant? XD)
Je suis le Bien, peut-être, mais toi aussi, alors, na! :p (nyuuuuh *blush*)