18 Janvier - le pouvoir des pierres - original

[phylia.livejournal.com]

Titre :

fuite nocturne

Auteur :

phylia

Jour/Thème :

18 Janvier/Le pouvoir des pierres

Fandom :

original - Les Chroniques Des Clairs-Obscurs

Personnage/Couple :

Famille Nyel

Rating :

pg-13

Disclaimer :

à moi !

Participation au vote de fin de mois :

non

Notes :

Il s'agira, après corrections, de la première scène de mon projet "chroniques des clairs-obscurs", nouvelle version.

Dix-sept ans plus tôt...

Assis à son bureau, le seigneur Nyel lisait une missive à la lueur d'une bougie. Il parcourait les lignes en maugréant contre les mauvaises nouvelles de la saison, comme si le sort ne s'acharnait pas déjà assez sur sa famille et lui. Il passa une main distraite dans ses longs cheveux blonds.

Il posa les yeux sur le nourrisson qui dormait paisiblement dans son berceau placé sous la fenêtre. À la lueur des lunes, il paraissait presque irréel, ombre fantomatique de ses rêves envolés. Il soupira longuement. Si l'enfant avait pu être un garçon, cela aurait sûrement arrangé ses perspectives d'avenir. Il se laissa tomber sur le dossier de sa chaise. Peu importait vraiment que sa partenaire d'un soir lui ait laissé une fille, l'enfant était là et il comptait bien s'en servir comme il l'avait prévu.

Un instant, il oublia tous ses problèmes et laissa son esprit vagabonder vers l'avenir qu'il espérait pour sa famille et lui. Leur honneur restauré, leur pouvoir retrouvé, leur fortune à nouveau faite. Tout cela reposait sur l'enfant qui dormait à côté de lui. Il se laissa aller à imaginer comment il vengerait son père, évincé et sacrifié par le roi actuel, ce félon, ce traitre. La rage et la haine emplissaient son cœur et il aurait surement à nouveau réduit en cendre la pièce si son fils n'avait pas frappé avec urgence à la porte.

D'un mot rageur, il lui ordonna d'entrer. Son fils était alerte malgré le sommeil qui l'appelait depuis deux jours. Stephen était sa fierté. Grand mage, noble respecté, dirigeant exemplaire, il avait là l'héritier idéal. Mais il se heurtait encore au passé de leur famille et cela freinait ses ambitions.

D'une main, il effleura le visage de l'enfant. Cette fille permettrait à son fils de redonner toute sa grandeur à la famille Nyel, il n'en doutait pas. Mais pour l'heure, à la vue de l'expression de son fils, il devait fuir. Fuir pour élever l'enfant dans l'ombre. Fuir pour éviter que la fureur du roi actuel ne retombe sur sa famille. Il eut un soupir amer. On ne tuait pas la fille du roi sans en payer le prix. Et pour lui, cela signifiait l'exil. Mais il était prêt à l'accepter.

Déjà, Stephen lui tendait son manteau et le nécessaire pour le nourrisson. Il osa un regard vers sa demi-sœur, premier regard qu'il s'autorisait depuis qu'elle était arrivée la veille. Le seigneur Nyel le vit retenir un cri de stupeur.

- Il est…
- Elle, le coupa son père. Et oui, c'est une Rey. Mais on n'aura plus besoin d'elle bien avant qu'elle n'ait atteint l'âge limite.

Stephen eut un hochement de tête. Il avait peur. Mais la foi qu'il avait en son père était totale. Si le seigneur son père lui affirmait que ça ne compliquerait pas ses plans, alors il le croyait.

Dehors, les cris des soldats de la garde retentissaient, se rapprochant de plus en plus du manoir familial. Le seigneur Nyel se pressa un peu plus, escorté par son fils vers la porte de service, l'enfant, éveillé maintenant, mais étrangement calme, dans les bras. Il croisa son regard pourpre et sentit le temps ralentir. Mais le cri d'alerte de sa femme, au dehors, le tira de cet instant et il se précipita à l'extérieur.

Il devait atteindre les pierres dressées. C'était son seul salut. Il n'eut pas un regard en arrière pour son fils, sentant déjà le feu de ce dernier bruler tout ce qui l'entourait, prêt à défendre sa demeure et sa mère.

Hocelym Nyel fuyait comme un lâche, une enfant d'à peine deux jours dans les bras, courant vers les Portes de pierres pour échapper aux prisons hédiriennes. Un regard de côté lui apprit que des soldats avaient passé le barrage de feu de son fils. Il jura en accélérant encore le pas. Il n'avait que quelques mètres à faire. Il n'avait pas le droit d'utiliser les Portes pour son propre avantage, mais il se dit avec ironie, que le roi passerait surement sur cet interdit après le meurtre de sa chère fille.

Il vit les pierres et la faible lueur des quelques Mÿth qui restaient continuellement à jouer dans les courants de magie du lieu. Ce soir, les particules vivantes de magie avaient pris la forme de petits papillons lumineux, rendant le tout extraordinairement somptueux. Les runes gravées sur les pierres ressortaient de toutes les teintes et leurs ombres projetées racontaient mille aventures.

Les Mÿth s'écartèrent à son arrivée. Elles le connaissaient bien et il le leur rendait. Un mage qui s'entendait avec les Mÿth, qui pouvait les voir et jouer avec elles, était un mage puissant. Malheureusement pour lui, ça ne le protégeait pas des lames et des flèches des soldats. Quand un trait siffla près de lui et alla se briser contre l'une des pierres, il jeta ses affaires. Tant pis pour l'or, les diamants et les vêtements, il pourrait toujours en trouver d'autres. Ce qu'il devait sauver, c'était l'enfant. L'enfant et sa propre peau.

Il toucha la première pierre qui s'illumina aussitôt. Les runes gravées devinrent vivantes et se mirent à bouger sur la pierre. Il entendit des murmures derrière lui. Il devina que certains des soldats n'avaient jamais vu les pierres prendre la magie. Il rit intérieurement. Alors comme ça, le roi envoyait des novices à ses trousses ? Quel crétin !

Il toucha la seconde pierre et elle répondit à la première, émettant un son cristallin. Plus que deux. Alors qu'il se tournait vers la troisième stèle, une douleur fulgurante le fit hurler. Il sentit la flèche lui vriller le postérieur au pas suivant. Serrant les dents, il se força à continuer, raffermissant la prise sur sa fille pour ne pas la lâcher. Il atteignit la pierre et l'effleura, laissant une trainée sanglante et dérangeante dessus. La magie s'enflamma pour dévorer son sang.

Les cris et les appels des soldats étaient près, bien trop à son goût. Mais il ne lui restait qu'une Porte à ouvrir. Il fondit littéralement dessus.

La douleur fut atroce. Elle lui déchira le flanc droit alors qu'il s'écrasait sur la stèle. Il la vit s'allumer, sentit la chaleur de la magie lui brûler le visage et les courants l'entrainer, lui et l'enfant dans l'EntreMonde. Mais avant qu'ils n'atteignent leur destination, il perdit ses forces et lâcha prise. L'enfant lui glissa des bras, ses yeux se fermèrent et il se laissa porter par la magie, la laissant l'emmener et boire son sang à même les plaies.

Le bitume rugueux et humide du matin lui rappela où il comptait atterrir. Il tourna la tête. Des personnes accouraient vers lui, elles l'avaient vu. Un instant, il paniqua, craignant que les soldats l'aient retrouvé. Mais il se calma quand, à la place de la livrée royale argent et bleu nuit, il aperçut des costumes trois-pièces et des tailleurs hors de prix et sans goût. Son regard erra autour de lui le temps qu'ils l'atteignent, cherchant sa fille, la chaire de sa chaire, son seul espoir d'avenir. Elle était introuvable.

Et il comprit qu'il l'avait perdue. Les Portes s'étaient jouées de lui. Le pouvoir des pierres et des Mÿth devenait incontrôlable quand on les nourrissait de sang. Il le savait pourtant. Il pensa un bref instant, avant que l'inconscience ne vienne le soulager, que finalement, les choses n'allaient pas se passer comme il le souhaitait.

Comments

[anadyomede.livejournal.com]

J'aime énormément. Je le trouve très intéressant, ton projet. C'est un texte que tu es en train de mettre en place ou dont tu as déjà des versions avancées ?
En tout cas, ce début donne envie de lire la suite !

[phylia.livejournal.com]

Le projet des Clairs-Obscurs a déjà quelques années. J'avais écris un premier début mais j'étais pas vraiment contente du résultat. Donc j'ai longtemps laissé le truc en plan, n'écrivant que quelques scènes par ci par là à l'occasion pour des thèmes. Et récemment, j'ai revu quelques points au niveau intrigue et personnages et je me sens de réécrire enfin dessus. Cette scène fait partie des choses remaniées.
Merci d'avoir lu.

[solhaken.livejournal.com]

Bon, y a des phrases à remanier, clairement, mais peu par rapport à l'ensemble. Cette nousvelle version de la scène est vraiment bien. Agréable à lire et fluide, même s'il manque peut-être un peu plus de détails pour faire ressortir les émotions et nous plonger un peu plus dedans encore.

Mais on tombe bien dans le texte et il est prenant (d'ailleurs Arnaud vient de se retrouver ignoré alors que j'étais en train de lui parler ^^").

Ca fait un début très adapté je trouve.

[phylia.livejournal.com]

Bien fait pour Arnaud, ça lui apprendra à piquer les messageries qui ne lui appartiennent pas ! :p

C'est une bonne chose si ça fait un début potable. Tu auras gagné le droit de me faire une vraie béta à un moment, je vais juste attendre d'avancer un peu plus dans le texte avant d'envisager des corrections.

[solhaken.livejournal.com]

Pas de problème.
Mais n'hésite pas à me le redemander, en ce moment je suis pas mal tête en l'air. J'tais persuadée de t'avoir déjà donné mon avis sur ce texte par exemple... >_