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Titre : Coup de couteau
Auteur : Solhaken
Jour/Thème : 5 décembre - frappé par le glaive - pour un autre que soi
Fandom : Original - La fin d’un monde
Personnage/Couple : Shaÿreen / Taëlyk
Rating : R - violences
Disclaimer : à moi
Participation au vote de fin de mois : oui
Note :

La jeune femme mit un moment à se détendre, la présence de l’officier à sa table la rendait nerveuse et elle ne pouvait s’empêcher de surveiller les alentours. Pourtant elle l’aimait bien, du moins si de tels sentiments étaient possibles dans ce détestable univers.

- Je peux ? demanda le capitaine avec une sorte d’amusement.

Elle hocha la tête et le regarda prendre avec satisfaction ce qui passait en ces lieux pour une pâtisserie. Quant à elle, il lui était arrivé une seule fois d’y gouter, et désormais l’odeur seule suffisait à l’écœurer. Chaque fois qu’ils en servaient la jeune femme continuait pourtant à prendre sa part, et cette dernière était invariablement dévorée avec enthousiasme par cet officier trop familier qui envahissait son espace personnel sans le moindre état d’âme.

Son regard se posa sur la tasse de lit vide et un sourire fugace éclaira un instant son visage. A quand remontait cette habitude ? Emme ne s’en souvenait pas, mais cet officier trop jeune pour son grade, au caractère trop entier était une constance dans sa vie. Une bouée de secours inattendu qu’elle avait croisée pour la première fois quelques années auparavant au détour d’un couloir.

Shaÿreen ne savait pas ce qu’il connaissait réellement d’elle. La jeune femme le soupçonnait d’avoir mit la main sur son dossier, et d’avoir pu passer les différents cryptages. Mais son comportement était resté le même, à un détail prés. Un détail insignifiant pour quiconque, mais vital pour elle. La tasse de lait, la barre de viande séchée dans sa poche, des détails… De petites choses auxquelles personne ne songeait en temps normal. C’était à peine suffisant, mais cela faisait pourtant toute la différence, lui permettant de garder le contrôle d’elle-même, de ses émotions, de ses réactions… Juste assez pour continuer à vivre au lieu de finir attachée et disséquée sur une table de métal.

Elle leva les yeux pour le regarder brièvement, il n’était pas question que quiconque ait l’occasion de s’aviser qu’il existait entre eux autre chose qu’une vague camaraderie née de la promiscuité à laquelle ils étaient tous contraints. De toute manière, personne ne s’étonnait jamais des exubérances du capitaine, ni de ses lubies en matière d’amitié ou de fréquentation. Il haussa un sourcil interrogateur, curieux sans doute de voir si cette fois elle parlerait. Un mouvement attira son attention, un mouvement que Taëlyk capta également, l’insouciance de l’officier n’avait jamais été qu’apparente, et quiconque l’avait déjà vu en salle d’entrainement ne pouvait le considérer autrement que comme un combattant.

La table se renversa, heurtant le sol avec fracas. Une assiette métallique servit un bref instant de bouclier alors que le capitaine jurait en se découvrant désarmé. Mais après tout, pourquoi, en ces paisibles circonstances serait-il rendu armé au réfectoire pour prendre son petit déjeuner ? Shaÿreen s’était dressée dans un mouvement fluide, ses instincts de prédateur reprenant brutalement le dessus sur son habituelle réserve. D’un coup sec du tranchant de la main à la gorge elle mit un homme hors de combat, résistant tant bien que mal à sa furieuse envie de lui arracher la gorge pour se repaitre de son sang. Luttant contre la fièvre que faisait naitre en elle l’odeur du sang et la faim dévorante qu’elle faisait naitre en elle, la jeune femme perdit pieds avec la réalité, incapable de lutter contre sa soif de mort et de rester attentive au chaos qui les entourait.

Plusieurs autres soldats s’était joint à l’altercation, qui pour aider l’officier, qui pour tenter de le mettre à terre. L’inexplicable tension qui régnait ses derniers jours sur la base venait de se rompre, et les hommes semblaient être devenus fous !

L’éclat d’une lame attira son regard, concentrant le peu de conscience qui lui restait dans une certitude, rien de tout cela n’était le fruit du hasard, et parmi ces hommes à bout de nerf et littéralement frappés de folie, il en était un qui avait un but précis. Elle abandonna les derniers lambeaux de sa raison, laissant son instincts les déliter au profit de d’une sauvagerie à laquelle elle n’avait plus cédé depuis bien longtemps. Le fauve en elle prit le dessus, uniquement guidé par l’instinct de survie et une implacable certitude.

La lame mordit sa chaire, la douleur explosa, irradiant tout son corps alors qu’elle sentait le froid de l’acier glisser dans ses chaires, déchirant les muscles pour finalement heurter un os et rester bloqué. Son cri s’étouffa gorge et le goût du sang envahit sa bouche alors qu’elle tentait de respirer, lui indiquant avec certitude que l’un de ses poumons était atteint. Quelqu’un poussa un cri de rage qui lui sembla plus proche du feulement que d’un cri humain, la détonation d’une arme à feu mit fin au chaos et des bras puissants se refermèrent sur elle pour la soutenir alors que pour elle la réalité s’effaçait déjà.

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