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Titre : Douloureux souvenirs
Auteur : Solhaken
Jour/Thème : 11 novembre - Un cri dans la nuit
Fandom : Original - Les ailes des dragons
Personnage/Couple : Mordrën / Marän / Sernt / Naöry - le reste du groupe
Rating : PG
Disclaimer : à moi
Participation au vote de fin de mois : oui si le vote à lieu
Note : Texte tiré du NaNo de cette année.
Il rêvait, il n’y avait pas d’autre explication, et une part de son esprit en avait conscience. Le dragon n’était plus là, cette partie de sa vie n’avait été qu’une parenthèse trop brève. Quatre années de flottements, quatre années hors du temps, quatre années se situant en dehors de la réalité du monde. Il rêvait, le dragon n’était plus là, il ne volait plus sur son dos, en tendant la main il ne touchait plus la douce chaleur de son cuir, il ne ressentait plus ce contact fait d’absolu de leurs deux esprits se perdant l’un dans l’autre. Il rêvait, une part infime de son esprit avait conscience de la douleur, du déchirement qui viendrait avec l’aube, quand la réalité reprendrait ses droits et que la solitude déchirerait son cœur. Cette part de lui-même hurlait un avertissement qu’il refusait d’entendre, trop heureux de se perdre dans cette illusion, de retrouver pour un temps, aussi bref soit-il ce sentiment enivrant de plénitude.
Il avait passé quatre années loin du monde des hommes, quatre années trop vite envolées, quatre années à jamais disparues qui n’auraient du être qu’un rêve brumeux, vite dissipé par le soleil de la réalité. Mais il n’en n’était jamais revenu, une part de lui était resté en arrière, refusant de revenir vers le monde des hommes. Le vide qui se lovait dans son cœur n’était pas seulement du à l’absence du dragon, Yshkäan n’était plus là, mais à dire vrai, lui non plus. Il était resté quelque part dans les montagnes d’Yssandre où ils avaient jadis trouvé refuge. Aujourd’hui, le monde qui l’entourait avait moins de consistance qu’un rêve. Quelque chose avait renversé la réalité et il arpentait désormais le monde sans en percevoir la consistance, pour lui seul le passé était resté tangible, un passé dans lequel il avait abandonné son âme.
Il força au silence la part encore lucide de son esprit. Rien ne comptait plus que la sensation merveilleuse qui réchauffait son corps, diffusant une douce chaleur dans ses veines. Il tendit la main pour toucher le dragon qui l’attendait en silence. Le choc du contact faillit le réveiller, mais il s’accrocha au rêve, refusant de le laisser lui échapper. Sous ses doigts le cuir était chaud et doux et la solitude avait déserté son corps. De nouveau ils étaient ensemble, complets et indissociables l’un de l’autre, et plus personne ne les séparerait plus.
- MORDRËN !
Le cri lui sembla étrangement lointain, si lointain qu’il pu l’ignorer sans difficulté. Il n’y avait que des hommes pour l’appeler ainsi, et il ne voulait rien avoir à faire avec eux. Le dragon gémit doucement, à sa manière il l’appelait, et pour Mordrën plus rien n’eut d’importance.
- Sernt ! Fais quelque chose par tous les diables !
La voix était en colère, mais également chargée d’angoisse, il lui sembla un instant connaitre l’homme à qui elle appartenait. Mais il chassa cette pensée, il ne voulait plus rien avoir à faire avec le monde des hommes.
Une main le saisi à l’épaule, le secouant rudement tandis qu’une voix hurlait à ses oreilles un nom auquel il n’avait pas envie de répondre. Il chercha à la repousser, à s’en dégager ou à l’ignorer, mais rien n’y faisait, elle lui broyait l’épaule et il luttait pour forcer sa conscience à l’ignorer. Tendant la main vers le dragon, il refusait de revenir en arrière, il voulait vivre de nouveau, entier et libre. Le monde se disloquait. Il sentait un bras enrouler autours de sa poitrine, comprimant ses côtes avec force, quelqu’un contre lui l’appelait sans discontinuer, tandis qu’un autre ordonnait qu’on le retienne.
- Mordrën ! Reviens ! Arrête, tu vas tous nous tuer !
La voix appartenait à un homme comme lui, mais il ne se souvenait plus, ne voulait plus se souvenir de son nom ni même de son visage.
Le froid de la neige mordit son visage et son esprit hurla de douleur alors que le rêve se déchirait. Naöry avait rivé son regard dans le sien, il la reconnu juste à temps pour ne pas la frapper. La frapper ? Mais comment l’aurait-il pu alors que Marän l’immobilisait au point de l’étouffer ? Comment ? Cette question avait son importance, il le savait, mais cette préoccupation fut balayée, comme le reste. Il n’eut pas conscience de hurler, il senti seulement la brûlure de sa gorge blessée et l’insoutenable déchirure, celle qu’il avait anticipée et à cause de laquelle il avait lutté de toutes ses forces pour ne pas revenir à la réalité. Il n’eut pas plus conscience des larmes ruisselant sur ses joues que de son appel désespéré. La veille il avait cru avoir ouvert les yeux sur la réalité. Il découvrait maintenant qu’il n’avait fait que l’effleurer, à peine assez pour se rendre compte que quelque chose n’allait pas.
Une fois encore, on en revenait aux dragons… Encore et toujours, car depuis cette nuit d’horreur un peu plus de cinq ans auparavant, sa vie était irrémédiablement liée à eux. C’était Yshkäan, qui jadis, en refusant de l’abandonner lui avait offert une vie qui vaille la peine d’être vécu. Aujourd’hui c’étaient les douze heures de ce vol sur le dos d’un autre dragon, les douze heures passé en contact physique avec la dragonne et pourtant privé de tout contact mental, que son esprit avait cédé à la réalité.
Il hurlait, pleurait, et appelait, il avait à peine conscience de Marän qui le retenait en l’appelant, ni de Naöry qui avait posé ses main glacées par la neige sur son visage pour le forcer à la regarder. Et quelque part, près d’eux, Sernt était là, faisant quelque chose que Mordrën ne comprenait pas, mais qui servait, il le sentait instinctivement, à les protéger, à tenir à l’écart de ce qu’il se passait dans la tente l’univers tout entier. Et sans savoir pourquoi, il lui en était infiniment reconnaissant.
Lorn se contorsionna dans son duvet, troublé par quelque chose qu’il ne parvenait pas à identifier. Il se redressa, les yeux grands ouverts dans le noir, cherchant à comprendre ce qui l’avait réveillé.
- Toi aussi ? demanda doucement Syanna.
Une petite flamme s’alluma, éclairant la tente, lui permettant de se rendre compte que tous étaient bien réveillés.
- Vous avez entendu ? demanda-t-il avec hésitation.
Aÿn secoua la tête.
- Non, il n’y a rien… dit-elle avec une certaine hésitation. Nous avons tous cru entendre des cris, mais une fois éveillés, plus rien…
Ce phénomène semblait la troubler, et elle n’était visiblement pas la seule, mais autour d’eux le silence régnait, et il ne percevait plus les cris désespérés qui dans son souvenir l’avaient réveillés. Passant une main sur son visage il soupira et demanda si quelqu’un avait de l’eau. On lui tendit une outre à laquelle il pu boire avant de se rallonger, puis quelqu’un souffla la flamme. Autours des tentes tout semblait calme, et avec trois dragons pour monter la garde, sachant que ces derniers n’avaient pas de mal à sentir la magie, il n’y avait pas lieux de s’inquiéter réellement. Ce fut pourtant avec un profond sentiment de malaise qu’il se rendormit.
Auteur : Solhaken
Jour/Thème : 11 novembre - Un cri dans la nuit
Fandom : Original - Les ailes des dragons
Personnage/Couple : Mordrën / Marän / Sernt / Naöry - le reste du groupe
Rating : PG
Disclaimer : à moi
Participation au vote de fin de mois : oui si le vote à lieu
Note : Texte tiré du NaNo de cette année.
Il rêvait, il n’y avait pas d’autre explication, et une part de son esprit en avait conscience. Le dragon n’était plus là, cette partie de sa vie n’avait été qu’une parenthèse trop brève. Quatre années de flottements, quatre années hors du temps, quatre années se situant en dehors de la réalité du monde. Il rêvait, le dragon n’était plus là, il ne volait plus sur son dos, en tendant la main il ne touchait plus la douce chaleur de son cuir, il ne ressentait plus ce contact fait d’absolu de leurs deux esprits se perdant l’un dans l’autre. Il rêvait, une part infime de son esprit avait conscience de la douleur, du déchirement qui viendrait avec l’aube, quand la réalité reprendrait ses droits et que la solitude déchirerait son cœur. Cette part de lui-même hurlait un avertissement qu’il refusait d’entendre, trop heureux de se perdre dans cette illusion, de retrouver pour un temps, aussi bref soit-il ce sentiment enivrant de plénitude.
Il avait passé quatre années loin du monde des hommes, quatre années trop vite envolées, quatre années à jamais disparues qui n’auraient du être qu’un rêve brumeux, vite dissipé par le soleil de la réalité. Mais il n’en n’était jamais revenu, une part de lui était resté en arrière, refusant de revenir vers le monde des hommes. Le vide qui se lovait dans son cœur n’était pas seulement du à l’absence du dragon, Yshkäan n’était plus là, mais à dire vrai, lui non plus. Il était resté quelque part dans les montagnes d’Yssandre où ils avaient jadis trouvé refuge. Aujourd’hui, le monde qui l’entourait avait moins de consistance qu’un rêve. Quelque chose avait renversé la réalité et il arpentait désormais le monde sans en percevoir la consistance, pour lui seul le passé était resté tangible, un passé dans lequel il avait abandonné son âme.
Il força au silence la part encore lucide de son esprit. Rien ne comptait plus que la sensation merveilleuse qui réchauffait son corps, diffusant une douce chaleur dans ses veines. Il tendit la main pour toucher le dragon qui l’attendait en silence. Le choc du contact faillit le réveiller, mais il s’accrocha au rêve, refusant de le laisser lui échapper. Sous ses doigts le cuir était chaud et doux et la solitude avait déserté son corps. De nouveau ils étaient ensemble, complets et indissociables l’un de l’autre, et plus personne ne les séparerait plus.
- MORDRËN !
Le cri lui sembla étrangement lointain, si lointain qu’il pu l’ignorer sans difficulté. Il n’y avait que des hommes pour l’appeler ainsi, et il ne voulait rien avoir à faire avec eux. Le dragon gémit doucement, à sa manière il l’appelait, et pour Mordrën plus rien n’eut d’importance.
- Sernt ! Fais quelque chose par tous les diables !
La voix était en colère, mais également chargée d’angoisse, il lui sembla un instant connaitre l’homme à qui elle appartenait. Mais il chassa cette pensée, il ne voulait plus rien avoir à faire avec le monde des hommes.
Une main le saisi à l’épaule, le secouant rudement tandis qu’une voix hurlait à ses oreilles un nom auquel il n’avait pas envie de répondre. Il chercha à la repousser, à s’en dégager ou à l’ignorer, mais rien n’y faisait, elle lui broyait l’épaule et il luttait pour forcer sa conscience à l’ignorer. Tendant la main vers le dragon, il refusait de revenir en arrière, il voulait vivre de nouveau, entier et libre. Le monde se disloquait. Il sentait un bras enrouler autours de sa poitrine, comprimant ses côtes avec force, quelqu’un contre lui l’appelait sans discontinuer, tandis qu’un autre ordonnait qu’on le retienne.
- Mordrën ! Reviens ! Arrête, tu vas tous nous tuer !
La voix appartenait à un homme comme lui, mais il ne se souvenait plus, ne voulait plus se souvenir de son nom ni même de son visage.
Le froid de la neige mordit son visage et son esprit hurla de douleur alors que le rêve se déchirait. Naöry avait rivé son regard dans le sien, il la reconnu juste à temps pour ne pas la frapper. La frapper ? Mais comment l’aurait-il pu alors que Marän l’immobilisait au point de l’étouffer ? Comment ? Cette question avait son importance, il le savait, mais cette préoccupation fut balayée, comme le reste. Il n’eut pas conscience de hurler, il senti seulement la brûlure de sa gorge blessée et l’insoutenable déchirure, celle qu’il avait anticipée et à cause de laquelle il avait lutté de toutes ses forces pour ne pas revenir à la réalité. Il n’eut pas plus conscience des larmes ruisselant sur ses joues que de son appel désespéré. La veille il avait cru avoir ouvert les yeux sur la réalité. Il découvrait maintenant qu’il n’avait fait que l’effleurer, à peine assez pour se rendre compte que quelque chose n’allait pas.
Une fois encore, on en revenait aux dragons… Encore et toujours, car depuis cette nuit d’horreur un peu plus de cinq ans auparavant, sa vie était irrémédiablement liée à eux. C’était Yshkäan, qui jadis, en refusant de l’abandonner lui avait offert une vie qui vaille la peine d’être vécu. Aujourd’hui c’étaient les douze heures de ce vol sur le dos d’un autre dragon, les douze heures passé en contact physique avec la dragonne et pourtant privé de tout contact mental, que son esprit avait cédé à la réalité.
Il hurlait, pleurait, et appelait, il avait à peine conscience de Marän qui le retenait en l’appelant, ni de Naöry qui avait posé ses main glacées par la neige sur son visage pour le forcer à la regarder. Et quelque part, près d’eux, Sernt était là, faisant quelque chose que Mordrën ne comprenait pas, mais qui servait, il le sentait instinctivement, à les protéger, à tenir à l’écart de ce qu’il se passait dans la tente l’univers tout entier. Et sans savoir pourquoi, il lui en était infiniment reconnaissant.
Lorn se contorsionna dans son duvet, troublé par quelque chose qu’il ne parvenait pas à identifier. Il se redressa, les yeux grands ouverts dans le noir, cherchant à comprendre ce qui l’avait réveillé.
- Toi aussi ? demanda doucement Syanna.
Une petite flamme s’alluma, éclairant la tente, lui permettant de se rendre compte que tous étaient bien réveillés.
- Vous avez entendu ? demanda-t-il avec hésitation.
Aÿn secoua la tête.
- Non, il n’y a rien… dit-elle avec une certaine hésitation. Nous avons tous cru entendre des cris, mais une fois éveillés, plus rien…
Ce phénomène semblait la troubler, et elle n’était visiblement pas la seule, mais autour d’eux le silence régnait, et il ne percevait plus les cris désespérés qui dans son souvenir l’avaient réveillés. Passant une main sur son visage il soupira et demanda si quelqu’un avait de l’eau. On lui tendit une outre à laquelle il pu boire avant de se rallonger, puis quelqu’un souffla la flamme. Autours des tentes tout semblait calme, et avec trois dragons pour monter la garde, sachant que ces derniers n’avaient pas de mal à sentir la magie, il n’y avait pas lieux de s’inquiéter réellement. Ce fut pourtant avec un profond sentiment de malaise qu’il se rendormit.