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Hop, je poste temps qu'on est encore en 2010 et que je suis sobre...
Titre : Neige
(parce que je n'ai vraiment pas d'autres idées...)
Auteur : preskunange
Jour/Thème : 31 Décembre – argh ! il neige !
Fandom : Original
Personnages/Couple : Martin et Emile (Martin/Emile...)
Rating : G
Nombre de mots : 840 mots
Participation au vote en fin de mois : on va dire oui juste histoire de...
Note : le thème ressemblait à celui du 2 décembre, donc j'ai repris les même. Ce texte se passe environ un an après celui que j'avais posté au début du mois. Oui, ils ont eu le temps de devenir très amis en un an...
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Dans la cour, les enfants jouaient sous la neige et le regard attentif de leur instituteur. Pas si attentif que ça, ses yeux étaient surtout fixés anxieusement sur le chemin ; il scrutait tantôt la direction de la campagne, tantôt la direction du village - de l'église - tentant de distinguer quelque chose à travers le rideau cotonneux des gros flocons qui tombaient doucement mais sans interruption. Il se mordait la lèvre, frottait ses mains pour les réchauffer, faisait quelques pas nerveux et scrutait encore. Puis il regarda sa montre, constata qu'il avait laissé à ses élèves quelques minutes de récréation de trop, soupira et retourna à grand pas vers la classe en les appelant sèchement.
- Déjà fini de jouer ? Bon courage, les enfants, votre instituteur n'a pas l'air de bonne humeur aujourd'hui...
- Bonjour, mon Père ! - Bonjour, Père Emile, vous allez bien ? - Merci, Père Emile...
Martin se retourna vivement.
- Emile...
Juste derrière la barrière qui délimitait la cour de l'école venait d'apparaître la massive silhouette du prêtre, à moitié recouverte de blanc.
Martin s'élança vers lui, tomba dans la neige, se releva.
- Jean et Fernand, je vous ai vus rire ! Cinquante fois : "Je ne me moque pas de mon maître d'école quand il dérape dans la neige" !
En époussetant la neige de ses bras, il vint se planter devant le prêtre qui riait doucement.
- Toi aussi tu veux des lignes ?
- Bonjour, Martin.
- Où étais-tu passé ? Je me faisais un sang d'encre !
- Quoi ? Mais...
- Un instant... Les enfants, rentrez dans la classe et installez-vous ! Les grands ouvrent leur livre d'Histoire page trente-cinq, les petits finissent leur écriture, j'arrive dans une minute.
La cour se vida et Martin reprit doucement :
- J'étais mort d'inquiétude...
- Pourquoi ? Je ne comprends pas ...
- Tu ne comprends pas ? Cela faisait plus de deux jours que je ne t'avais pas vu !
- Et tu paniques si tu ne croises pas de soutane pendant deux jours ? plaisanta Emile. Ca ne te ressemble pas.
Martin indiqua d'un geste ample le paysage blanc qui les entourait.
- Depuis une semaine il neige sans discontinuer, moins de la moitié de mes élèves viennent en classe, le courrier n'arrive plus... Et toi tu disparais et je ne devrais pas m'inquiéter ? Je suis passé chez toi hier soir, pour te saluer, et tu n'étais nulle part. Je suis allé au bistrot : personne ne savait où tu étais passé. Pour me rassurer on m'a dit que tu étais sûrement parti visiter quelqu'un, mais par ce temps, après la tombée de la nuit, ça n'a rien de rassurant ! J'étais en train de me demander combien de temps on mettrait pour retrouver ton corps !
Emile resta un instant coi. Martin lui semblait à la fois stupide et touchant et cela lui donnait envie de le serrer dans ses bras en riant - c'était un sentiment qu'il éprouvait souvent face à l'exubérance de l'instituteur, un sentiment qu'il trouvait terriblement agréable.
- Nous sommes en hiver, des gens tombent malades et appellent un prêtre à leur chevet, Martin. Hier je suis parti chez les Mosnier, de l'autre coté de la vallée. La grand-mère est morte dans la soirée, je suis resté avec eux. Tu n'avais pas à t'inquiéter pour moi : j'étais attablé devant une soupe fumante avec une tranche de tome, juste à coté du feu...
- Mais partir par ce temps...
- Je connais parfaitement ces chemins, je t'assure, tu n'as pas à t'inquiéter...
- Tu avais disparu dans une tempête de neige, bien sûr que j'avais à m'inquiéter ! Tu ne t'inquiéterais pas, toi, si personne ne savait où j'étais, en plein hiver, alors qu'on n'y voit pas à dix mètres ?
- Ce n'est pas une "tempête"...
- Tu ne te serais pas inquiété ? insista Martin, l'air excessivement sérieux.
Emile resta un instant silencieux, épousseta un peu de neige de ses épaules, pour se donner une contenance, épousseta un peu de neige des épaules de Martin et répondit avec un sourire doux :
- Si, je serais mort d'inquiétude. Tellement que je serais sans doute parti à ta recherche en pleine nuit, en dépit de tout bon sens... Mais uniquement, ajouta-t-il sur un ton plus léger, comme pour minimiser la sincérité de son aveu, parce que je sais que tu es un empoté incapable de faire quoi que ce soit tout seul.
Martin frissonna - de froid, sans doute- et marmonna qu'il était temps qu'il aille expliquer à ses élèves qu'à Azincourt les français avaient laissé les anglais gagner pour leur faire plaisir. Une invitation à dîner et ils se séparèrent.
Martin dû attendre encore quelques heures et la fin des cours pour pouvoir s'exprimer sur son papier à lettre.
Mon cher Elton,
Je vais te relater l'épisode de ce matin et t'avouer comment cela nourrit mes espoirs insensés. Tu me feras, j'en suis sûr, remarquer dans ta réponse que ce qu'il a dit pouvait recevoir bien d'autres explications : simple politesse, charité chrétienne, ou bien, et c'est sans doute l'interprétation la plus juste, témoignage d'amitié, mais rien de cela ne m'enlèvera la pression de sa main sur mon épaule quand il a dit ces mots...
(no subject)
Date: 2011-01-01 04:07 pm (UTC)Ca y est, je commence à cerner les personnages et l'ambiance, youpi ! :-)
(no subject)
Date: 2011-01-01 10:15 pm (UTC)Merci beaucoup, et très bonne année à toi =D
(no subject)
Date: 2011-01-01 10:16 pm (UTC)(no subject)
Date: 2011-01-01 10:30 pm (UTC)Mais ça me fait plaisir que tu me le fasses remarquer - et encore plus que tu penses que je progresse dans le bon sens :) Pourtant je n'ai pas l'impression d'avoir fait beaucoup d'effort pour me cadrer, mais c'est peut-être juste parce que c'est une histoire beaucoup plus jeune, que j'ai commencé à écrire après un temps de maturation bien moindre que les autres...
Le chemin est encore long, mais un jour j'arriverai à écrire des textes qui n'auront pas l'air d'avoir été écrit par un adolescente surexcitée \o/
(no subject)
Date: 2011-01-05 01:01 pm (UTC)Bonne année à toi !