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Titre: Divin enfant
Auteur: [livejournal.com profile] chibi_usagui

Jour/Thème: 29 novembre – poupon + enfantillages
Fandom: Saint Seiya
Personnages : Shion, Athéna, Aiolos, Saga, Camus

Rating: G
Disclaimer : Tout à Masami Kurumada, Shueisha, Toei.

Participation au vote de fin de mois : Non





Divin enfant


Shion tremblait d’émotion en se penchant très doucement sur le petit paquet remuant apparu dans un halo doré au pied de la statue d’Athéna. Il attendait ce moment béni depuis tellement longtemps…


Sa déesse s’était enfin réincarnée.


***


Quarante-huit heures plus tard, il se demandait amèrement si quelqu’un en Olympe avait une dent particulièrement acérée contre sa modeste personne deux fois centenaire.


Pourquoi Athéna avait-elle choisi le corps d’un bébé ? Et d’un bébé capricieux, en plus.

Un poupon qui hurlait sans arrêt la nuit, salissait incroyablement vite ses couches divines, et réclamait sans cesse des biberons et des panades. Biberons qu’elle régurgitait sur son épaule et panades qu’elle soufflait sur sa toge blanche de Grand Pope.


Pourquoi ne pouvait-il rien déléguer ? Qui avait produit ces règles stupides interdisant à la déesse d’être souillée par le contact de mortels ordinaires, et réservant cet apanage au seul Grand Pope, personne sacrée ?


Quelqu’un qui avait eu droit à des réincarnations adultes, certainement.


***


Au bout d’une semaine, Shion aperçût une lueur au bout du tunnel, une idée de génie qui partagerait les responsabilités à parts égales.

Il convoqua donc de toute urgence Saga des Gémeaux et Aiolos du Sagittaire, les deux Chevaliers d’Or les plus âgés et entre lesquels il hésitait encore pour sa succession de Grand Pope.


Campé dans son trône ouvragé, les cernes dus au manque de sommeil dissimulés sous son masque – Athéna était un bébé insomniaque et rempli d’énergie -, Shion regarda avec complaisance les adolescents prosternés devant lui.


- Relevez-vous, mes enfants, ronronna le rusé Atlante.


Ils se relevèrent.


- Je vous ai convoqués parce que comme vous le savez, Athéna vient de se réincarner au Sanctuaire…


Ils approuvèrent, le sourire ravi.


- Dans un corps de bébé, compléta Shion. L’un de vous sera immanquablement mon successeur, vous savez cela également…


Aiolos baissa modestement la nuque, et Saga redressa la sienne, déjà conquérant et sûr de l’emporter. On le considérait déjà comme un demi-dieu après tout.


- Il est donc important que vous soyez admis à approcher la déesse.


Gonflés de l’honneur suprême qu’il leur était accordé, les deux adolescents suivirent donc Shion dans les appartements reculés d’Athéna.


Le Grand Pope, d’un ample geste magnifique, écarta le voile du berceau, et les deux chevaliers d’Or se penchèrent, pour grimacer de concert.

Au travers des timides émanations de cosmos divin, surnageait une odeur très peu plaisante à leurs sens olfactifs.


- Pourquoi est-elle toute en rose ? finît par demander Saga, pour dire quelque chose qui n’était pas que sa grande déesse sentait la couche sale.


Il n'ajouta pas " rose comme un petit cochon" par respect, mais il n'en pensait pas moins.


- C’est la couleur rêvée pour une petite fille, non ?

- Bien sûr, approuva Aiolos, en ce que Saga recensa comme une basse tentative de flagornerie.


A moins que le Sagittaire eût vraiment aussi mauvais goût ?


- J’ai énormément d’affaires pressées à Rodario, informa Shion. Cela vous ennuierait-il beaucoup de veiller sur Athéna durant la matinée ? Je sais que toi, Aiolos, tu as l’habitude, avec ton jeune frère…


Saisis, les Chevaliers d’Or échangèrent un regard paniqué.


- Non, bien sûr, ce sera un honneur, Votre Majesté ! clamèrent-ils de concert, dents blanches poussées en avant avec une grande duplicité.

- Parfait ! Je ne peux pas confier notre vénérée déesse à n’importe qui, vous comprenez…


Les jeunes Grecs comprenaient surtout que Shion se débinait.


- Elle est très sage, mentit le Grand Pope avant de s’éclipser.


Ils étaient piégés.


***

L’occasion exceptionnelle se renouvela presque tous les jours, Saga et Aiolos passant désormais beaucoup de temps au milieu de vagissements impérieux, de langes à changer et à récupérer – Shion ne connaissait point le Pampers jetable -, de biberons à chauffer et de cubes en bois à manipuler.


Le divin bébé semblait apprécier particulièrement Saga pour ses longues mèches bleutées, si amusantes à tirer et à mettre en bouche, et Aiolos pour sa complaisance inébranlable à jouer au gentil cheval avec elle.


Les adolescents jouaient faussement complaisamment les baby-sitters bénévoles, Aiolos parce qu’il avait eu l’habitude avec Aiolia, Saga parce qu’il pensait avec un calcul sournois que cela était se faire bien voir du vieux Grand Pope qui n’avait toujours pas désigné officiellement son successeur.


Qui sait s’il ne s’agissait pas d’une épreuve initiatique un peu inusitée qui le départagerait de son ami mais néanmoins rival ?


***


Les semaines passaient, le corps usé du vétéran Grand Pope revivait, Saga et Aiolos se fatiguaient.


Ils envisageaient très sérieusement de ne jamais avoir d’enfants.


Un après-midi, Saga montait avec des pieds de plomb vers son calvaire divin quand il avisa des petits sanglots retenus, et le Gémeaux repéra le petit Camus assis sur une marche à moitié écroulée.


Se sentant épié, le gamin s’essuya furtivement les yeux et lui présenta un visage neutre et fier qui ne tromperait personne.


- Bonjour, Camus, salua Saga… Cela ne va pas ?

- Je ne pleure pas, dit l’enfant, voulant convaincre son grand ami.

- Non, bien sûr.


Saga sourit en s’asseyant à côté de l’apprenti Verseau.


- Je ne pleure pas, insista Camus.

- Tu as eu une mauvaise journée ? Ça arrive…


Surtout quand on devait garder un bébé céleste à cheveux mauves et à l’excellente voix de soprano.


- Je me suis fâché avec Milo, dévoila finalement Camus, la lippe boudeuse. Il est trop bête parfois !

- C’est vrai, égratigna sans scrupules le Gémeaux.

- Il sait bien que je suis son ami, mais il était furieux que je parle avec Mü de légendes tibétaines.

- C’est qu’il tient à toi, il est juste jaloux.

- Mais moi aussi je tiens à lui, mais je ne l’empêche jamais d’aller jouer avec Aiolia !

- Bah, je suis sûr que ce soir vous allez vous réconcilier. Milo ne supportera pas longtemps d’être fâché avec toi.

- Tu crois ? demanda Camus avec espoir.

- J’en suis certain ! Tiens, tu veux que je te montre quelque chose que personne d’autre ne verra avant très longtemps ?


Enchanté, curieux, Camus sauta sur ses pieds.


- C’est vrai ? Oh oui, je veux bien !

- Mais c’est un grand secret ! Normalement c’est interdit, alors tu te fais tout petit et tu ne le racontes à personne !

- Oui, d’accord, promit le Français, que Saga attrapa au vol pour le caler sur ses épaules.

- Hey, j’aime pas ça ! protesta le futur Verseau, en vain car radieux d’entraîner une troisième victime après lui, Saga avait démarré sa course à grande vitesse.


Aiolos attendait devant la porte cachant les caprices d’Athéna, et frémit en voyant son collègue arriver en traînant le gamin Français qu’Aiolia détestait cordialement, parce qu’il lui volait Milo, son meilleur ami.


- Tu es en retard, Saga, le Grand Pope est déjà parti !

- Pardon Aiolos.

- Et que fait cet apprenti ici ?


Sans s’occuper de lui, Saga poussa Camus dans la chambre de la jeune déesse, et lui désigna le berceau agité furieusement par les petits pieds divins.


- Je te présente la réincarnation de la déesse Athéna, Camus. Si tu deviens Chevalier, c’est elle que tu protégeras.


Athéna se dévoila sous un jour favorable en continuant de gazouiller, et le futur Verseau en resta complètement muet, subjugué par le cosmos en devenir de la déesse de la sagesse, ne pouvant croire que Saga le laissait entrer dans un lieu hautement interdit.


- Elle t’adore déjà, ricana Aiolos, surpris de l’excès de calme d’un poupon qui avait comme exercice favori de hurler sans dignité et à en devenir rouge cerise chaque fois que quelqu’un entrait dans son champ de vision.


Camus, le doigt fourré dans sa bouche, avec une expression d’enfant qu’il arborait rarement, observait religieusement la déesse pour laquelle il devrait se battre. Le bébé lui retournait un regard inquisiteur et intéressé. Elle devait être simplement surprise de voir une nouvelle tête, bien plus à sa hauteur que celles des adultes.


A l’autre bout de la pouponnière sacrée, Aiolos reprochait vivement à Saga d’avoir ramené à cet endroit un apprenti qui n’avait pas à s’y trouver.


- Je n’y ai jamais introduit Aiolia, mon propre petit frère, et toi tu…

- Cela plaira certainement à Athéna de voir un enfant plus jeune que nous ! plaida avec mauvaise foi le Gémeaux.

- C’est interdit, Saga ! Nul ne doit approcher la déesse !

- Il ne dira rien, on peut lui faire confiance. Regarde, Athéna rit.


Sidéré, Aiolos se retourna, et effectivement, Athéna riait en accrochant sa menotte divine à l’index du petit Français.


- Tu peux la sortir du berceau et jouer avec elle, Camus, permit Saga, la pupille allumée de joie à la perspective d’avoir un peu la paix.


Aiolos finît par se rendre à ses raisons quand il constata que Saga et lui pourraient ainsi rester les doigts de pied en éventail au lieu de dorloter un bébé braillard, toute réincarnation qu’elle soit.


***


Camus songea amèrement que les deux grands l’avaient lâchement abandonné, car ils passèrent les trois heures suivantes à discuter de techniques de combat et de séduction de filles au bon soleil du balcon.


Lui n’osait pas contrecarrer la volonté du bébé divin en quoi que ce soit, même si cette volonté était de lui pincer le nez et de lui tirer les cheveux avec énormément de force.


Taper sur la menotte d’une déesse réincarnée, cela ne se pouvait point.


- Aieuh, fit-il pour la vingtième fois, la céleste créature lui ayant assené son hochet sur le crâne avec des rires angéliques.

- Tu t’amuses bien, Camus ? osa lui lancer de loin Saga.

- Oui, oui, mentit courageusement le petit Français.

- Je suis sûr que tu as envie de lui donner son biberon, dit outrageusement Aiolos, venant lui coller Athéna dans les bras de manière adéquate, et lui tendant le biberon susmentionné avec un sourire radieux.

- Mais, je ne sais pas comment… protesta le futur Verseau, tétanisé.


Il aurait mieux fait de rester à bouder sur son escalier.


- Mais si, il suffit de lui mettre la tétine en bouche, et de pencher suffisamment le biberon.


Les deux compères gagnèrent donc encore une bonne demi-heure, à la fin de laquelle la tenue d’apprenti de Camus était couverte de lait maternisé recraché.


- Est-ce qu’elle en a bu assez ? supplia le petit Français.

- Oui, ça ira, merci Camus.

- Dis, Saga, le Grand Pope va bientôt revenir… Je vais ramener Camus au baraquement des apprentis et…

- Mais non, Camus est mon protégé, se vanta Saga. Hein que tu préfères que ce soit moi ?

- Heu, oui…


Le futur Verseau haussa les épaules, le nez plissé de mépris. Saga ne voulait que gagner du temps sans s’occuper d’Athéna, oui.

Il n’était pas dupe.


- Tu ne dis rien à personne, même pas à Milo, n’est-ce pas, Camus ? lui intima l’adolescent grec. C’est un secret !

- Je promets, affirma le petit Français, soulagé de s’en être sorti vivant.


Dire qu’il avait attendu avec impatience la venue d’une petite sœur ! Il n’aurait jamais imaginé que c’était comme ça, les bébés filles.

Encore moins ce qui était censé représenter le réceptacle d’une grande déesse de la sagesse.


- Si tu veux revenir, c’est quand tu veux !

- Je ne crois malheureusement pas avoir le temps avec l’école et l’entraînement, marmotta Camus, faussement désolé. Merci pour tout, Saga.


En filant le plus vite possible loin du traître, Camus poussa un soupir de délivrance.

Milo qui venait à sa rencontre, braillant à un kilomètre qu’il lui avait manqué et qu’il s’excusait, lui fît retrouver totalement le sourire.


Il ne souhaitait plus avoir un tel honneur, merci bien.


Deux pigeons en armure d’or suffiraient à materner la déesse.



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