29 septembre - Ennemis rapprochés - Kamen Rider Ryuki

[shadofu.livejournal.com]

Titre : Dilemmes
Auteur : Shadofu
Jour/Thème : 29 septembre/Ennemis rapprochés
Fandom : Kamen Rider Ryuki
Personnage/Couple : Akiyama Ren/Kido Shinji
Rating : G
Disclaimer : Pas à moi.
Vote : Oui

Le réveil sonna une fois, deux fois, trois fois.
 

Enfin, une main tâtonna dans sa direction jusqu'à découvrir le bon bouton et l'actionner.
 

Le silence retomba dans la chambre. Une minute passa.
 

- Shinji, tu vas encore être en retard, grogna Ren, le propriétaire de la main précédemment citée.
 

Mais ses paroles n'eurent pas plus de succès que la sonnerie du réveille-matin. Excédé, il soupira, entreprit de décrocher les bras et jambes agrippés à lui et poussa le tout loin dans la direction opposée.
 

Il y eut un bruit sourd - celui d'un corps touchant le sol après une chute brève - suivi d'un gémissement de douleur et d'une bordée de jurons. Ren distingua notamment quelques commentaires acerbes à propos des petits amis dépourvus de tact, de la meilleure méthode pour réveiller quelqu'un et de la nécessité d'investir dans une descente de lit.
 

Shinji finit par se relever tant bien que mal et se rendit dans la salle de bains, toujours grommelant. Ren se retourna dans le lit, ses lèvres étirées en un rictus satisfait. Il se laissa bercer par le son de l'eau qui coule jusqu'à ce que Shinji sorte de la douche et parte dans la cuisine. Alors il se leva à son tour et alla le remplacer dans la salle de bains, où il fut accueilli par un nuage de vapeur chaud et humide.
 

Quand il surgit dans la cuisine, Yui et sa tante étaient déjà attablées devant leur bol de riz, tandis que Shinji s'affairait devant le plan de travail. Il répondit d'un hochement de tête au salut matinal des deux femmes, puis Shinji se tourna vers lui et lui tendit un des deux bols de riz qu'il avait préparés, l'air sombre. Malgré une pointe de culpabilité venue le tarauder, Ren prit le bol offert sans commentaire.
 

Il avait envie de s'excuser d'une façon ou d'une autre, mais il ne pouvait rien dire maintenant, pas devant Yui et Sanako. Même s'il soupçonnait que Yui commençait à avoir des doutes à propos de sa relation avec Shinji, sa tante, elle, était toujours persuadée qu'ils dormaient sagemment chacun de leur côté de la chambre et caressait encore l'espoir de caser sa nièce avec l'un des deux. Mieux valait éviter de briser trop brutalement les illusions de la propriétaire des lieux ou ils risquaient de se retrouver à la rue dans la minute qui suivait.
 

Lorsque Shinji partit travailler, Ren le suivit des yeux. Il voulait se lever, le retrouver dehors et l'embrasser - pour s'excuser de l'avoir éjecté du lit sans ménagement et aussi parce qu'il en avait envie -, mais il n'en fit rien. Il en faisait déjà trop.
 

Il passa la matinée et une partie de l'après-midi à aider Yui et sa tante au café, en faisant le service ou la vaisselle. Quand enfin Sanako estima qu'il pouvait faire une pause, il s'installa à une table libre pour lire tranquillement son journal. Alors qu'il parcourait distraitement un article, il se demanda si Shinji lui en voudrait toujours à son retour. Probablement. Ou peut-être pas. Qui pouvait prévoir avec cet idiot ?
 

Il avalait son café par petites gorgées, sans détacher son regard du journal, lorsque le sifflement strident vint agresser ses oreilles. Il faillit lâcher le tout avant de finalement abandonner tasse et journal sur la table et de quitter précipitamment le café, sous le regard inquiet de Yui.
 

La source du sifflement n'était pas très éloignée et il ne mit pas longtemps pour déboucher dans une rue bloquée par la circulation, sortie de bureau oblige. Il gara sa moto à la va-vite au bord du trottoir et enleva son casque, tout en fouillant les environs du regard, à la recherche de quelque chose qui n'aurait pas dû se trouver là.
 

Il repéra le monstre trop tard, celui-ci était déjà en train de s'élancer hors de la vitre d'un immeuble, droit sur une fille d'une douzaine d'années qui ne s'était encore rendue compte de rien. Il se mit à courir vers elle, tout en sachant qu'il n'arriverait pas à temps.
 

Le monstre saisit brutalement la fille par le bras et commença à la traîner derrière lui tandis qu'elle poussait des petits cris de terreur. Il s'apprêtait à retraverser la vitre en sens inverse mais se retrouva projeté sur le trottoir avant d'avoir pu faire un pas. De surprise, il lâcha la fille, qui tomba à genoux par terre.
 

Ren reconnut sans mal la veste d'un bleu criard de Shinji. Ce dernier s'accroupit à côté de la fille avec un air inquiet alors que le monstre en profitait pour se réfugier dans le Monde Miroir. Shinji leva la tête lorsque les chaussures en cuir de Ren entrèrent dans son champ de vision.
 

- Je m'occupe d'elle et je te rejoins.
 

Ren se contenta d'acquiescer d'un signe de tête. Il se transforma sans perdre une seconde et passa de l'autre côté du miroir à la suite du monstre. Il arriva juste à temps pour voir celui-ci exploser sous un tir nourri. Des bruits de pas résonnèrent dans le silence, une démarche nonchalante familière, et un homme en armure verte apparut devant lui.
 

- Kitaoka, grogna Ren.
 

- Akiyama, comme on se retrouve, répondit l'avocat d'un ton plaisant.
 

Il tourna la tête à droite puis à gauche, comme s'il cherchait quelqu'un.
 

- Kido n'est pas là ? Il me semblait pourtant l'avoir aperçu tout à l'heure... Je suis surpris qu'il soit encore en vie. Mais bon, il ne tardera probablement pas à se faire tuer. Que ce soit par toi, par moi ou par un autre Rider.
 

Ren serra les dents sous son masque. L'image du visage d'Asakura orné de son sourire de psychopathe flotta un instant dans son esprit.
 

- Enfin, je doute que ce soit toi qui le tues, remarqua Kitaoka. D'abord parce que tu es faible. Ensuite parce que... je vais te régler ton compte tout de suite.
 

- Ce serait plutôt à moi de dire ça, rétorqua Ren.
 

Il ne se voilait pas la face. Plus maintenant. Il savait qu'il ne pourrait pas tuer Shinji le moment venu. Mais si lui en était incapable, alors il ne laisserait personne le faire à sa place.
 

xXxXx
 

- Aaaah, je suis mort ! s'exclama Shinji en s'écroulant sur son lit.
 

- Petite nature, commenta Ren en s'asseyant au bord.
 

Contrairement à son habitude, Shinji se contenta de regarder le plafond sans répliquer quoi que ce soit ; et Ren ne dit rien de plus, les coudes appuyés sur les cuisses, les yeux dans le vague.
 

Shinji jeta un coup d'oeil en direction du dos courbé de Ren.
 

Il n'était pas complètement idiot. Il se rendait compte à quel point la situation dans laquelle se trouvait Ren était difficile. Certes, sa propre position n'était pas des plus enviables, à tenter d'arrêter une guerre dont tous les protagonistes étaient bien déterminés à s'entretuer dans le seul but de voir leur voeu se réaliser. Cependant, Shinji n'avait jamais eu non plus de raison de se battre, son choix avait été vite fait.
 

A l'inverse, Ren s'était engagé dans cette guerre dans l'espoir de sauver Eri, la femme qu'il aimait. Et il l'avait rencontré, lui, Shinji. Ils s'étaient mis ensemble, un peu maladroitement. Et si Ren refusait de l'appeler autrement que son ennemi, si Shinji clamait qu'il ne pouvait pas le supporter, ils étaient tous deux parfaitement conscients de ce qu'il y avait entre eux.
 

Malgré tout, Shinji savait que Ren continuerait à se battre pour Eri jusqu'au bout. Il ne lui en voulait pas. Il ne pouvait que compatir.
 

Shinji passa son bras autour de la taille de Ren et le tira en arrière, jusqu'à ce qu'il se retrouve à moitié étalé sur lui.
 

- Installe-toi correctement, tu m'étouffes !
 

Ren haussa un sourcil mais s'allongea à côté de lui sans protester. Aussitôt, Shinji l'attrapa à nouveau par la taille - avec ses deux bras cette fois - et le serra contre lui, fourrant son nez dans les plis de son tee-shirt.
 

- Interdit de bouger, fit-il, la voix un peu étouffée par ledit tee-shirt. Compensation pour ce matin.
 

Ren parut se satisfaire de cette explication succinte. Bientôt il se détendit, et Shinji sourit quand il se mit à caresser son dos gentiment.
 

Ils étaient Riders et, de ce fait, ennemis. Ca ne les empêchait pas d'avoir droit à un peu de répit de temps en temps.