5 novembre - Apocalypse - Original

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Titre: Interlude d'une errance
Auteur: shono_hime
Jour/Thème: 5 novembre - Apocalypse
Fandom: Original - Armageddon
Personnage: Gianni
Rating: G
Disclaimer: L'univers est à guru_messakira et Gianni est à moi.
Participation au vote de fin de mois: Oui pour le moment
Notes: cette fic se passe un peu après celle-ci, qu'il est conseillé de lire pour bien tout comprendre. Désolée si c'est un peu obscur sans cela v_v

Quand il était enfant, Gianni avait plus d'une fois écouté sa mère qui lui racontait les Saintes Ecritures. Le Nouveau Testament ne l'intéressait pas plus que ça, à part la fin, et l'Apocalypse de Jean. Ca lui plaisait que celui dont il portait le nom ait écrit la seule partie intéressante, selon lui, de la Bible. Et puis une fois, alors qu'il devait avoir huit ans, ils étaient allés à l'église, et sa mère lui avait dit de regarder le fronton, si l'Apocalypse le passionnait tant. Gravés dans la pierre, des centaines de petits personnages aux formes plus ou moins humaines qui se tordaient de douleur, aux prises avec les créatures de Satan. Leurs visages déformés par l'horreur et la terreur n'avaient en revanche presque plus rien d'humains. Il en avait fait des cauchemars pendant des jours.

C'était un peu étrange, se disait-il maintenant, à quinze ans, que ce souvenir ne lui soit pas revenu plus tôt. Après tout, cela faisait bientôt six mois qu'il avait admis l'existence réelle de ces mêmes créatures démoniaques qui l'avaient tellement effrayé enfant et qu'il avait commencé à les combattre, justement pour lutter contre cette Apocalypse qui le fascinait tant autrefois.

L'église Saint Peter of Rome ne payait pas de mine, vue de loin. Un vieux bâtiment tout gris, coincé entre deux entrepots. Un endroit étrange où trouver une église... Une marque tangible du manque de respect des architectes pour la religion. Mais qui était-il pour juger ? Gianni s'était approché presque par curiosité. Il ne comptait pas prier, il n'avait pas le temps d'attendre la messe, son car partait une demi-heure plus tard. Pourtant il s'était retrouvé sur le parvis et il avait levé les yeux vers le fronton.

Le visage était celui d'une femme, à en juger par les cheveux longs et les yeux doux. Sculptée sur un pilier, elle levait la tête vers le ciel, son visage de pierre figé en une grimace de supplication. Il lui semblait qu'elle criait vers Lui, qu'elle L'implorait d'avoir pitié, qu'elle appelait à l'aide ces anges qui, plus haut sur le fronton, combattaient des démons cornus et griffus. Mais les anges ne descendaient pas l'aider, et elle restait là, emprisonnée dans ce cri muet qui faisait son côté tragique.

Il lui sembla qu'elle tournait ses yeux vides vers lui et il dut se faire violence pour ne pas reculer d'un pas. Pourquoi ce règne par la peur ? Pourquoi fallait-il souffrir pour être reconnu digne d'accéder au Paradis ? Malgré le sang qui coulait dans ses veines, ce sang qui le reliait à travers les siècles au Fils du Seigneur lui-même, il ne parvenait pas à comprendre le sens de ces images. Surtout quand les visages sculptés qui se tournaient vers Lui semblaient déjà assurés de n'obtenir aucune réponse.

Il frissonna, même s'il était bien couvert. Etait-ce là ce qui attendait le monde si Lucifer était libéré ? Etait-ce là ce que Gianni lui-même allait causer s'il parvenait à ses fins, et s'il réussissait à obtenir la libération de Delta, captive de Bélial, en échange de sa propre vie ? Il croisa les bras comme pour conserver un peu de chaleur ou comme pour se protéger contre ces pensées fort peu réjouissantes. Il fallait qu'il soit fort, il ne pouvait pas renoncer. Comment ferait Delta pour être heureuse s'il ne cessait pas un peu de n'être qu'un spectateur ?

Il cligna des yeux quand le visage qu'il fixait depuis un instant lui sembla soudain moins désespéré. Il regarda autour de lui, un peu bêtement, il s'en doutait, puis reporta son attention dessus. Qui était-elle ? N'importe qui, évidemment, ou bien personne, juste un visage anonyme sculpté par un artiste. Peut-être était-ce la la vraie Damnation... de n'être plus personne, de perdre son identité pour finir par n'être qu'un souvenir, l'écho de son propre souffle. Etait-ce ce qui allait se produire si l'Apocalypse arrivait ? Deviendraient-ils tous des martyrs anonymes ?

Avait-il seulement le droit de sacrifier l'humanité ainsi, par égoïsme ? Jésus avait été généreux, offrant sa propre vie pour le pardon du monde. Comment aller jusque là ? Comment se montrer digne de cet ancètre si fort ?
Non... il n'était pas Jésus, et il n'était pas non plus le Sauveur annoncé par les prophètes. Il n'était qu'un grain de sable gênant dans l'engrenage d'un grand Plan Divin... ou Démoniaque. Ce n'était certainement pas lui qui pouvait arrêter l'Apocalypse.

Gianni serra les poings. En tout cas, si Apocalypse il y aurait, il était prêt. Il n'était peut-être pas fort et puissant et expérimenté, mais il était énervé. Il se battrait contre qui il faudrait.

Il posa une main sur la joue du visage de pierre de cette femme sacrifiée dès sa création par l'artiste comme pour sceller cette promesse. Un instant, elle lui rappela Delta. Puis elle redevint une anonyme. Il sourit et se promit que s'il s'en sortait, il reviendrait pour lui donner un nom.

FIN.