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Auteur: Chibi_usagui
Jour/Thème: 11 juillet / Désastre
Fandom: Saint Seiya
Couple: Milo x Camus
Rating: PG
Warnings éventuels: C’est du comique pour ne pas changer.
Disclaimer: Tout à M.Kurumada, Shueisha, Toei.
Participation au vote de fin de mois: Non
A la belle étoile…
- Camus, j’ai faim…
- Silence Milo.
- On roule depuis des heures !
- A qui la faute ?
- On est perduuuu…
- Brillante déduction Milo…
Ce dialogue aigre-doux se déroulait dans une petite voiture rouge, sur une petite route bien perdue de la campagne française.
Rappelons que Milo avait perdu l’unique carte routière donnant au couple une chance d’atteindre la station balnéaire de leurs rêves.
Et que depuis, nos glorieux Chevaliers d’or erraient littéralement dans les bégonias.
Le Scorpion se rejeta sur le dossier de son siège avec une moue boudeuse.
Il glissa un coup d’œil oblique aux traits figés de son amant. Depuis la perte de la carte, Camus conduisait sans piper mot, et aucune tentative du bavard n’avait réussi à le convaincre de sortir de son mutisme hautain.
Le Français roulait sereinement, et avait branché une station de musique classique qui hérissait la colonne vertébrale de Milo de chair de poule.
Parcourir des routes en lacets avec un compagnon changé en automate silencieux, sans rencontrer autre chose qu’un troupeau de vaches, dans un crépuscule de plus en plus sombre, tout cela au son d’une marche funèbre retentissante…
Le charme n’y était pas.
- On peut mettre du rock ? tenta timidement le Grec.
- Non. Ça me déconcentre, ces affreux sons stridents.
- Au moins quelque chose de plus… gai ? essaya encore Milo.
- Mais, je trouve que cette musique convient parfaitement à la situation dans laquelle nous sommes. La mélancolie de Chopin s’accorde à merveille avec ce désastre.
- Copain ?
- Chopin. Je t’en ai déjà parlé plusieurs fois de ce compositeur qui…
Soudain en veine de bavardage, Camus se lança de longues minutes dans un discours académique sur la musique classique.
Se retenant de bailler trop largement, son compagnon se demanda s’il devait être content que Camus brise la glace en se remettant à fonctionner comme un être vivant, ou se maudire de l’avoir branché sur un sujet culturel.
Dangereux, ça, de parler de culture au Chevalier du Verseau. Ce rat de bibliothèque donnait l’impression d’avoir tout vu, tout lu, tout retenu. Il pouvait parler de littérature russe avec Hyoga, grecque avec Saga, de religion tibétaine avec Mü, de bouddhisme avec Shaka…
Heureusement que Milo avait quelques excellents moyens de faire taire son amant, dans le seul domaine où il lui avait tout appris.
Aucune de ces solutions ne semblait toutefois envisageable dans l’espace clôt d’une voiture roulant sur d’étroits sentiers de chèvre.
Au milieu de la péroraison de Camus, le moteur se mit à crachoter de façon suspecte. La voiture fut prise de soubresauts de plus en plus marqués, tangua pour finir par s’immobiliser au beau milieu du chemin.
- C’est complet… constata le Verseau platement.
- Camus ?
- Panne d’essence, résuma froidement son interlocuteur.
- Oooh non ! se lamenta Milo.
- Ben si… Allons, sortons… Il faut pousser la voiture pour ne pas boucher le passage.
Milo obtempéra en haussant les épaules.
- Si tu veux. Mais il ne passe sûrement personne ici, dans ce coin de ploucs…
La corvée finie, Milo s’adossa au véhicule infidèle en poussant un soupir de désespoir.
- Et maintenant ? demanda-t-il. On passe la nuit dans la voiture ?
- Non, répondit Camus, on va chercher une ferme tant qu’il y a encore un peu de clarté.
Le Chevalier du Scorpion émit un ricanement sceptique.
Le Verseau s’était mis à farfouiller dans le coffre et releva le buste en grommelant.
- Allons Milo, prends ton sac et viens vite !
Le jeune homme suivit en traînant les pieds un Camus qui avait pris quelques longueurs d’avance. L’air était encore chaud, et des cigales crissaient joyeusement.
Soudain remis de bonne humeur, Milo rattrapa Camus et glissa son bras sous le sien, notant avec amusement que le fier Chevalier des glaces rougissait.
- Franchement chouchou… Après tout ce temps, tu rougis encore quand je te touche ?
- Tu sais bien que les contacts physiques, ce n’est pas mon truc, se justifia Camus vexé d’être pris en flagrant délit de faiblesse.
- Mais, souffla sensuellement le Scorpion dans l’oreille de son bien-aimé, je n’ai pas à me plaindre de nos… contacts… Tu vas découvrir encore tant de choses avec moi !
- J’apprécie ta modestie, Milo, ironisa le Verseau qui luttait pour rester impassible.
- Regarde ! Une ferme ! le coupa le vantard.
Se sentant sauvés, les deux malchanceux compères bondirent allégrement vers la bâtisse sombre qu’ils apercevaient.
Arrivés devant, leurs mines s’allongèrent avec un bel ensemble.
Il s’agissait sans conteste d’une ferme, avec le bâtiment principal, une grange et des étables, mais tout cela était désaffecté.
Le corps de logis semblait avoir été ravagé par un incendie, et seule l’étable avait encore un toit à peu près protecteur. De gros paquets de foin y gisaient, abandonnés. Milo s’y affala, déclenchant l’élévation d’un nuage de poussière.
- Zut ! clama-t-il d’un ton geignard. Saleté de campagne française !
- Hé ! s’indigna Camus, qui malgré toutes ces années passées en Grèce et en Sibérie se sentait toujours Français. Tu crois que la campagne grecque est plus fréquentée ?
- Un point pour toi, accorda Milo qui ne tenait pas à se quereller davantage.
Le Chevalier du Verseau posa son sac sur la terre battue de la grange.
- Bon. Nous allons dormir ici. Demain, nous y verrons plus clair…
- Ah, oui, il fera jour ! se marra le Scorpion.
- Je ne blaguais pas. Il faudra trouver de l’essence, une carte et repartir d’un bon pied...
- D’une bonne roue plutôt…
- Milo ! Sois sérieux un peu ! Nous sommes en pleine catastrophe…
- La catastrophe c’est le manque de nourriture…
- Il nous reste deux pommes pour chacun.
- Royal festin.
- De l’eau de la rivière, par là, continua imperturbablement Camus.
- On pourrait tout de même utiliser la vitesse de la lumière pour se sortir de ce trou… grincha Milo.
Camus s’assit à son tour.
- Nous ne devons pas utiliser nos pouvoirs à des fins personnelles, récita-t-il.
- Arrête de radoter ! Chui pas ton apprenti du canard dansant !
- Milo !
- Et la climatisation de la voiture, hein ? pointa le Chevalier. Ce n’est pas à tes fins personnelles peut-être ?
- C’est pour ma survie ! contra Camus avec un sourire en coin. Tout de même, Milo. Nous sommes des Chevaliers d’Athéna, nous avons enduré un entraînement inhumain, alors ce n’est pas quelques heures de jeûne qui vont nous affaiblir.
- OK, OK…
Milo remua et se jeta soudain sur son amant.
- Hé ! tenta de protester Camus en se débattant farouchement.
Sans être aussi narcissique et soigné qu’Aphrodite des Poissons, il n’avait aucune envie d’embroussailler sa chevelure lisse avec des bouts de foin moisis, et d’avoir des taches sur son très seyant pantalon de toile blanche.
A mieux y songer, du blanc quand on voyageait avec Milo du Scorpion…
Erreur classique de certains parents, confrontés à de petites menottes poisseuses et salissantes.
Mais Milo, qui portait une chemise froissée et un vieux jeans douteux n’avait cure de cet aspect lessive des choses.
- Camus, mon amour, susurra-t-il en coinçant habilement le Verseau par une pose en califourchon.
- Quoi ? gémit le prisonnier, inquiet de voir les yeux luisants de Milo prendre une teinte rouge et son sourire s’élargir de façon tendancieuse.
- Tu connais le fantasme dans la paille ?
…
Plus tard - bien plus tard - :
- ... et tu connais le fantasme de faire l’amour à la lueur des étoiles ?
Il fallait bien trouver un moyen de pallier à la faim.