[identity profile] ktl-chan.livejournal.com posting in [community profile] 31_jours
Titre : ... (j'en ai pas, je suis nulle, pour les titres)
Auteur : [profile] ktl_chan
Jour/Thème : 26 septembre - Ouragan
Fandom : Original
Personnage : Corentin, Odette et une fille que je connais pas.
Rating : G
Disclaimer : A moi.
Participation au vote de fin de mois : Oui


         « L’amour, c’est un ouragan sur une mer déchaînée. » C’est ce que sa grand-mère disait, et elle ajoutait aussi : « Un ouragan, ça peut se transformer en orage, et quand il y a orage, il y a éclairs. Qui dit éclair dit feu, et qui dit feu dit destruction. » Ici, elle soupirait, les yeux dans le vague et la tête dans un passé lointain, puis reprenait : « La plus belle des destruction sans doute, parce qu’on ne sait jamais si on pourra ou pas reconstruire par-dessus. »

         Enfant, Corentin l’écoutait, des étoiles dans les yeux. Il en était certain : l’amour, non, l’Amour, serait la grande affaire de sa vie. Et puis il avait grandi sans jamais tomber amoureux et s’était mis à trouver ça drôle, vraiment drôle. Voir les gens qui l’entouraient, ces jeunes adultes en manque d’amour et complètement contrôlés par leurs désirs se déchirer l’amusait. Ces histoires-là ne l’ennuyaient jamais et elles étaient sans fin. Rien de mieux pour animer une conversation un peu morne.

A présent, il s’apercevait qu’il avait été cruel, voire pervers, de prendre un certain plaisir à les voir souffrir pour ce qu’il appelait des conneries.

Et surtout, il se rendait compte que l’amour n’avait rien à voir avec des conneries, et que le mal était bien réel. Il est des désillusions douloureuses, et c’en était une : mamie Odette avait raison, sur ça comme sur tout le reste, au fond, elle qui parlait si peu mais qui parlait si bien.

Avant, Corentin trouvait ça amusant, que Daniel vienne le voir pour lui expliquer à quel point il était malheureux, et se soûle de bière en le soûlant de mots. C’était tellement facile de le remettre d’aplomb qu’il imaginait qu’il en était de même pour tout le monde.

A présent, effondré dans ce bar, le menton dans une main, une cigarette dans l’autre et un whisky sous le nez, il ne pouvait que reconnaître à Daniel une grande capacité à ne pas s’attarder quand il risquait de se casser les dents.

Ce qui n’était apparemment pas son cas, malheureusement.

         Pourtant, ça avait commencé doucement, sans remous. Elle n’était ni très jolie, ni très... ni très rien, en fait. Elle était, et ça lui avait suffi. Il avait commencé par la trouver intéressante, s’était donc intéressé à elle, et le piège s’était refermé, le vent s’était mis à souffler, d’abord si tranquillement qu’il le prenait pour la douce brise des amoureux ; mais la tempête devait gronder quelque part dans ce calme horizon qui s’étendait à l’infini devant eux, et cette tempête c’était elle, et il ne le savait pas. Elle était orageuse et belle dans ses orages, alors il restait ; elle était enflammée en tout mais pas en n’importe quoi, alors il l’écoutait, toujours avec bonheur ; elle était destructrice pour elle comme pour les autres, à force de choix faits au mieux au hasard, et au pire même pas faits.

Il l’avait aimée, il l’aimait encore, et il ne savait pas combien de temps il mettrait à en aimer une autre. S’il devait jamais en aimer une autre, car comme Odette avait parfaitement raison pour l’autre partie, sans doute que ça aussi était juste, et qui savait s’il pourrait ou pas aimer à nouveau, hein, après trois ans passés avec elle, pas forcément toujours avec, pas toujours à côté, toujours avec cette sensation tellement forte de sa présence près de lui, toujours l’envie de tendre la main pour toucher ses cheveux, ou sa nuque, ou sa hanche, et parfois, dans les rares moments d’intimité et d’amour qu’elle lui accordait, les deux n’allant pas si souvent ensemble pour elle, parce que quand ils s’aimaient et le savaient ils le faisaient de loin, et quand ils étaient proches elle le laissait à distance, alors, dans ces rares moments-là, il pouvait la toucher, ses cheveux, sa nuque, sa hanche. Dans ces rares moments-là il était heureux, et détruit dans tous les autres. Pourtant les mots de sa mamie ne lui revenaient qu’à présent, dans ce bar inconnu dans lequel il avait échoué après l’enterrement. Et maintenant qu’elle était morte, elle qu’il aimait tant, il s’en voulait de ne pas avoir davantage vu Odette au fil des années, Odette qui aurait su lui dire quoi faire, ou qui au moins aurait su l’écouter.

« L’amour, c’est un ouragan sur une mer déchaînée. »

Il aurait dû se souvenir aussi de ce qu’elle lui avait dit après un malheureux voyage en barque : « Toi, mon garçon, tu n’as pas le pied marin. »

Affronter une mer déchaînée quand on ne peut que s’accrocher au bastingage pour vomir ses tripes, ce n’est pas une très bonne idée.

Il descend son verre, cul sec, et se promet de ne jamais remonter sur un bateau. Au point où il en est, autant limiter les dégâts.

^^

Date: 2007-09-26 08:42 pm (UTC)
From: [identity profile] solhaken.livejournal.com
Euh... Comme d'hab ! j'aime beaucoup !
Plus précisement, je trouve que tu décris vraiment bien les sentiiments, avec juste ce qu'il faut de pudeur.

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