16 Février - L'écho du canon - Original
Feb. 16th, 2007 10:27 am![[identity profile]](https://www.dreamwidth.org/img/silk/identity/openid.png)
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Titre: Le Chant de la Mort.
Auteur : Messa
Jour/Thème : 16 février/ L'écho du canon
Fandom : Original / Waurl'd
Personnage : Oscar "Liolant" Auvanon (Grade : Lieutenant Déserteur.)
Rating : PG-13 (pour les notions d'anatomie pas très ragoûtantes)
Disclaimer : Tout à moi, à part certains noms de territoires (légèrement trafiqué) mais je ne sais pas à qui l'on doit le nom "Sahel", désolée pour le propriétaire du brevet^^''.
Note : Ca fait une paye que j'ai pas posté ici. XDDD J'ai voulu m'essayer à la fic pas trop joyeuse mais bon, y a des progrès à faire^_^''''... Vous en dites quoi Oo''?
Participation au vote de fin de mois: Non
"Et, sous les Dolmens, les enfants jouaient,
Avant que le ..."
Une cigarette éteinte à la bouche, Oscar poussa du pied les quelques corps qui l'entouraient en chantonnant d'une voix grave. Un peu plus tôt dans la journée c'était déroulé ici une bataille amorcée par la Rébellion.
Le combat avait été sanglant et les chances de retrouver des survivants étaient de l'ordre d'environs 10% de l'effectif de chaque camps. Une misère, un feu de paille par rapport à ce que l'Armée pouvait recruter. Pour eux, les hommes n'étaient que des pions sur un jeu d'échec à taille humaine... Et le fanatisme de têtes de la Rébellion était capable du pire...
Un bruit sourd suivit d'un grognement de douleur attira son attention. Un peu plus loin, un de "ses mômes" venait de trébucher sur un cadavre et avait fait tomber son arme. Deux de ses amis, une fille et un garçon,se moquèrent ouvertement de lui puis vinrent l'aider à se relever. L'enfant, une fois debout, cracha sur le corps et donna un coup de pied dans ce qui restait de sa tête. Un bruit de succion accompagna la grimace de dégoût du jeune garçon et de ses camarades, qui s'éloignèrent du lieu de l'outrage.
"Ses mômes".
Des orphelins qui avaient préférés suivre des bandes de mercenaires comme la sienne plutôt que de se retrouver à servir l'Armée de Mid'hel ou la Rébellion des Sa'hels. Il y en avait à travers tout le pays et chacune des batailles comme celle qui venait de se livrer au Nord-Ouest des Sa'hels en faisait des nouveaux. De la chair à canon.
Oscar s'approcha du corps en question, curieux. Un militaire de l'Armée. Son crâne était en parti ouvert et l'on apercevait son cerveau s'échapper lentement de sa prison de calcium. Le déserteur se pencha afin de voir le grade du malheureux.
"-Sergent Calloway..."lut-il sur la plaque d'immatriculation de l'ancien soldat. Celui-ci n'avait pas eu de chance : son uniforme indiquait clairement qu'il ne s'attendait pas à combattre, c'était un uniforme d'un soldat "Com' ", communication. Une mission de parlementation sûrement...
"-Foûtaise!" cracha Oscar après un moment de silence. Il le savait, lui, que ces missions de parlementation ne servait qu'à réduire l'effectif de l'adversaire. Trop fier ou bien trop inconscient, la Rébellion tombait toujours tête la première dans ce genre d'embuscade. L'Armée y perdait peut-être des hommes mais la Rébellion, elle, perdait en puissance. Là où un homme pouvait être remplacé par deux chez l'un, un homme mort était un homme mort chez l'autre.
Un rire attira son attention. Il leva les yeux, jeta un œil aux alentours et sentit son estomac se contracter. A une vingtaine de mettre devant lui, les trois gosses s'amusaient à tirer des pierres à un chacal affamé, apparemment attiré ici par l'odeur du sang. Il eut envie de vomir. Il ne savait pas ce qui le révolté le plus : le fait d'être au milieu de cet amoncellement de corps ou voir des enfants tout juste âgés d'une dizaine d'année jouaient au milieu des cadavres. Les deux, probablement.
"-Liolant, on a fini la fouille!"
Le blond tourna la tête en entendant son nom . "Liolant", c'est comme ça que les Sa'héliens l'avaient rebaptisé lorsqu'ils l'avaient trouvé, dans ce même genre de décors. Ça voulait dire quelque chose comme "Le Survivant". Il aimait ce nom, car en regardant ce paysage digne des plus grandes tragédies mid'heliennes, il ne pouvait pas dire qu'il était vivant. Il survivait, tout au plus.
"-OK. répondit Oscar, avant de se tourner pour aller chercher les enfants, s'efforçant de ne pas trop penser aux soldats à l'agonie que ses camarades avaient sûrement abattu durant cette fouille. "La fouille" consistait généralement en deux choses : ramasser ce qui peut être réutilisé et détruire ce qui ne peux être garder.
Détruire ou achever.
Il fit quelque pas dans la direction des gamins et s'apprêta à les interpeller lorsqu'il sentit qu'on lui attrapa le bas du pantalon.
Instinctivement, il bascula son arme vers l'avant et s'apprêta à tirer mais son geste s'arrêta au tout dernier moment. Là, au beau milieu d'un tas de morceaux de corps apparemment sa'héliens, deux grands yeux noisette bien vivant le fixaient.
Des yeux terrorisés. Des yeux suppliants.
Un enfant.
Sa jambe droite avait été arrachée, sans nul doute l'œuvre d'une grenade, et des traces d'impacts de balles étaient visibles sur la totalité de son corps. Des mouches volaient de ça et de là autour de lui, cherchant à pondre leurs œufs sur ce garde-manger de premier choix pour leur future progéniture. Et pourtant, malgré tout cela, le garçon était encore vivant. Son regard s'assombrissait de seconde en seconde mais Oscar y lut cette supplication secrète, celle exprimant les derniers mots des personnes qui se savent condamner à une lente agonie.
Nul mot n'est assez fort pour décrire ce qu'Oscar ressentit à ce moment. La Honte? La Haine? L'Incompréhension? Ou bien était-ce du Désespoir?
Le désespoir de se rendre compte que lui était en vie alors que sous ses yeux, la Vie s'échappait du corps chétif et brisé d'un enfant pris dans la tourmente des erreurs de personnes qui ne savait même pas qu'il mourrait pour eux. Le regard d'Oscar suivit le cheminement des courbes qu'avait créait les balles de la mitrailleuse sur l'enfant et se fixa sur cette main qui s'agrippait désespérément à lui, dans un silence brusquement brisé par les éclats de rire de la fillette, bien vivante, qui regardait son frère s'acharner sur le casque d'un soldat mid'hélien. Alors, avant qu'Oscar n'ait put réagir, son corps prit l'initiative à sa place. Là, pile entre les deux yeux noisettes qui le fixait. Le coup partit, bruit de pétard dans le silence étouffant du désert Sa'heliens. Bruit sourd qui interrompit le rire de l'enfant plus loin. Les trois jeunes sa'héliens le regardèrent, surpris. Oscar n'en sut rien. Ses yeux scrutaient, avec un espoir mal placé, ceux du jeune cadavre.
Il y chercha l'étincelle de vie qu'y avait capturé son regard quelques secondes auparavant.
Il n'y vit rien.
Rien que le vide d'un regard fixe, presque accusateur mais, surtout, mort.
"-Monsieur Liolant, ça va? demanda d'une voix inquiète l'un des enfants, les mains de part et d'autre de sa bouche pour faire porter sa voix. Oscar détacha son regard du corps inerte et acquiesça. D'un geste de la main, il leur fit signe de le rejoindre et se tourna dans la direction du reste du groupe de mercenaires sans attendre ses "protégés". Il voulait s'éloigner au plus vite de cet endroit maudit.
Le vent se leva subitement et Oscar se rendit compte que devant lui, le soleil continuait sa course, insensible au spectacle grotesque se déroulant sous ses rayons lumineux. Le hurlement d'un chacal se fit entendre à proximité,probablement le même que tout à l'heure. Un chant funèbre, qui s'élevait parmi les morts et que seuls ceux qui n'étaient plus vraiment vivants pouvaient entendre. Aussitôt, l'ancien réserviste entendit les pas des trois jeunes mercenaires s'accéléraient pour le rejoindre mais plus aucuns ne riaient. A quoi bon vouloir briser la litanie du charognard? Il serait le seul à rester à la fin, de toute façon.
Le Désert reprenait ses droits : Oscar lui avait offert des paroles, les dunes de sable et ses habitants s'étaient appropriés la fin de la chanson.
Il ricana d'un rire aigre et s'arrêta à la recherche de sa boîte d'allumette. "Drôle de cycle"pensa t-il avec amertume. Ses mains étaient fébriles et prisent de tremblements soudain. Ça n'était pourtant pas la première fois qu'il tuait quelqu'un, ça non. Mais chaque fois était plus épouvantable que la précédente.
Il finit par trouver l'objet convoité, alluma sa cigarette et tira une bouffée.
Tout doucement, il reprenait le contrôle.
Encore une bouffée. Le nuage de fumée s'éleva vers le ciel, cachant un moment le soleil couchant du désert aux yeux d'Oscar.
Les enfants l'ayant presque rejoint, il repris sa marche à travers ce champs d'Apocalypse, grimpa dans la vieille fourgonnette, les aida à monter et s'assit tant bien que mal à côté de ses camarades d'infortune. Une goutte de pluie tomba soudain entre ses pieds. "Dire qu'il faisait beau il n'y a pas si longtemps, murmura -t-il d'une voix basse.
Après quelques essais ratés, le moteur démarra enfin, crachant son mépris à l'encontre du canidé en couvrant le complainte mélancolique qui s'étendait sur les plaines de sable rougeoyant. Alors seulement, Oscar se remis à chanter, d'une voix sourde et brisée, accompagnant l'animal dans les dernières notes de son solo.
"-Et, sous les Dolmens, les enfants jouaient,
Avant que le croque-mitaine ne les prennent,
La nuit tombée. ] "
Fin