19 - Innocence perdue
Nov. 20th, 2005 12:00 am![[identity profile]](https://www.dreamwidth.org/img/silk/identity/openid.png)
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Titre : Innocence
Auteur : Kyûrane
Jour/Thème : 19 - Innocence perdue
Fandom : Original ^^;; Na mwa ^w^
Personnage/Couple : Z'ont pas de noms >.>;;
Rating : Hem... PG-13
Disclaimer : Tout à moi.
Premier post sur cette commu... J'espère que ça vous plaira ^^;; Perso, je sais pas quoi en penser...
Il était enfant du vent et de la nuit.
Prince du calme et de l'indifférence.
Une de ces âmes libres, qui errent où bon leur semble, et qui traversent la Vie d'un pas tranquille, sans aucune contrainte.
Et c'était sur lui que c'était tombé. Ironie du destin sans doute, ou bien monstrueuse erreur de Dame Nature.
Quelques phrases sans queue ni tête, le présage d'un vieux fou, et le voilà élément déclencheur de la dernière prophétie de ce monde. Peut-être même dans le pire des rôles.
C'est lui qui devra briser l'existence du Sauveur, pour permettre sa Renaissance. Qui devra tout lui enlever. Qui devra le blesser au plus profond, et ainsi libérer les rouages grinçants de la Destinée.
Réjouissant au possible.
Mais à quoi cela aurait-il servi de se rebeller ? Ces simples pensées l'avaient fatigué d'avance. Lui n'aspirait qu'à la paix et à la solitude durant tout le temps qu'on daignerait lui accorder.
Ce n'était même pas le sens du devoir, ou une quelconque envie de se sacrifier pour autrui. Non. Juste de la froide logique.
Plus vite il meurtrirait, plus vite il retournerait à sa rêverie perpétuelle.
Alors il l'avait cherché. Trouvé. Approché. Presque trop facilement. Pourquoi les Sauveurs du Monde devaient-ils être si affligeamment candides et fragiles ? Si vulnérables et... prévisibles.
Tout était gravé sur les tablettes de l'Avenir.
Si toute la bande de compagnons qui l'entouraient alors lui faisait confiance, c'était qu'il ne pouvait en être autrement.
Si le jeune homme sur qui tout reposait commençait à le regarder autrement que comme un simple ami, c'était que la Terre en avait décidé ainsi.
Eux n'étaient que de frêles feuilles emportées par le souffle de l'inéluctabilité.
Même si l'espoir tenace qu'il lisait dans les yeux du Sauveur n'était pas pour lui déplaire. Ces yeux si reposants, qui lui rappelaient la plaine au clair de lune. Au moins aurait-il le sentiment de ne pas lui faire subir le pire pour rien. Et il emporterait avec lui le souvenir de ces deux lacs grisés qui, s'ils parvenaient à conserver la fraîcheur qui faisait leur beauté, auraient sûrement une chance d'accomplir la tâche qui leur était assignée.
Puis les jours avaient passé. Les Temps Sombres étaient survenus.
Le moment d'entrer en scène, avant de se retirer dans une brève farandole aussi ensaglantée qu'indifférente. Il était comme ça, et rien n'y pourrait rien changer.
Massacrer ceux qui se disaient ses camarades ne lui fit pas plus d'effet que le vent déchaîné sur la montagne tranquille.
Pas un regret ne traversa son esprit alors qu'il rougissait sa lame en une danse mortelle.
Pas une larme ne vint enmbuer ses yeux tandis que douleur, désespoir et vie s'échappaient en tourbillons hurlants sous le ciel étoilé impuissant.
Il avait ensuite stoppé quelques instants.
Reprendre son souffle avant le bouquet final, le terme de la chorégraphie orchestrée depuis des lustres.
Laisser à l'autre le temps de mesurer l'ampleur de la perte, et arracher de force le dernier lien qui le retenait à lui.
Il l'avait fait, parce que c'était la dernière barrière avant le retour au paisible rêve éveillé. Peut-être y avait-il aussi pris un peu de plaisir. Il ne savait pas vraiment.
Le plus important était de l'achever. Achever de broyer la dernière étincelle de bonheur et d'espoir qui pouvait lui rester.
Et c'était lui qui devait le faire. Seulement lui. Alors le jeune homme pourrait renaître de ses cendres. Surmonter la douleur et tout changer.
Mais seulement lui.
Alors il avait été jusqu'au bout.
Donné l'espérance pour la reprendre presqu'aussitôt avec violence.
Posé ses lèvres sur la bouche haletante.
Fait courir ses mains sur le corps frémissant partagé entre le désir, la peine et la haine.
Alterné la douceur et la cruauté, sans état d'âme, pour l'entraîner toujours plus loin dans la spirale infernale du désespoir sans fin.
Et finalement, au paroxysme de la souffrance, s'était penché vers lui et avait murmuré à son oreille :
"Hais-moi de toutes tes forces..."
Et voilà. Tout était dit. Tout état accompli.
Il avait réalisé sa part de cette foutue prophétie. Point final.
Pourtant, alors qu'il contemple du haut de la falaise solitaire le paysage endormi qui s'étend devant lui vers l'infini, il ne se sent pas tranquille. Ni apaisé.
Bien sûr, il n'y a aucune raison pour qu'il ressente la moindre once de joie, mais tout de même...
Pourquoi ne peut-il pas être enfin en paix ? Il a bien fait ce que cette planète attendait de lui, il a lancé le processus irrémédiablement, cet évènement attendu depuis si longtemps par les oracles.
Il a fait son devoir. Alors pourquoi ?...
Et la lune, disque embrumé dans l'immensité céleste, est le seul témoin du malaise qui le ronge de l'intérieur.
La lune, spectatrice impassible de ses tourments, de la réminiscence de détails qui n'avaient pas leur place.
Qu'il avait tenté d'occulter.
Qui n'auraient pas du être.
Et qui pourtant sont. Infimes peut-être. Mais comme autant de langues de feu qui lui brûlent les entrailles, qui le font vaciller.
La réaction au massacre, bien moins importante qu'il ne l'aurait crue.
L'absence de tentatives d'attaque, qu'il avait d'abord pensé être due au choc.
La résistance quasi-inexistante.
Les yeux baissés, fuyant les siens.
Le corps soumis, et les lèvres presqu'avides.
Les faibles gémissements sous ce qui avait été ses premières et probablement dernières caresses.
L'indifférence totale quant à l'odeur de mort qui les entourait.
Comme s'il essayait de profiter des derniers instants.
Comme s'il avait renoncé à lutter dès le commencement.
Comme s'il savait déjà.
Et lui, qui se voilait la face.
Qui n'avait pas eu le courage de plonger son regard dans celui qui était censé symboliser l'espoir de ce monde.
Ces yeux si paisibles...
Ces fenêtres de l'âme qui s'étaient ternies avant l'heure convenue.
Pour ne pas voir que l'innocence qu'il tentait de lui arracher était déjà morte depuis longtemps.
Auteur : Kyûrane
Jour/Thème : 19 - Innocence perdue
Fandom : Original ^^;; Na mwa ^w^
Personnage/Couple : Z'ont pas de noms >.>;;
Rating : Hem... PG-13
Disclaimer : Tout à moi.
Premier post sur cette commu... J'espère que ça vous plaira ^^;; Perso, je sais pas quoi en penser...
Il était enfant du vent et de la nuit.
Prince du calme et de l'indifférence.
Une de ces âmes libres, qui errent où bon leur semble, et qui traversent la Vie d'un pas tranquille, sans aucune contrainte.
Et c'était sur lui que c'était tombé. Ironie du destin sans doute, ou bien monstrueuse erreur de Dame Nature.
Quelques phrases sans queue ni tête, le présage d'un vieux fou, et le voilà élément déclencheur de la dernière prophétie de ce monde. Peut-être même dans le pire des rôles.
C'est lui qui devra briser l'existence du Sauveur, pour permettre sa Renaissance. Qui devra tout lui enlever. Qui devra le blesser au plus profond, et ainsi libérer les rouages grinçants de la Destinée.
Réjouissant au possible.
Mais à quoi cela aurait-il servi de se rebeller ? Ces simples pensées l'avaient fatigué d'avance. Lui n'aspirait qu'à la paix et à la solitude durant tout le temps qu'on daignerait lui accorder.
Ce n'était même pas le sens du devoir, ou une quelconque envie de se sacrifier pour autrui. Non. Juste de la froide logique.
Plus vite il meurtrirait, plus vite il retournerait à sa rêverie perpétuelle.
Alors il l'avait cherché. Trouvé. Approché. Presque trop facilement. Pourquoi les Sauveurs du Monde devaient-ils être si affligeamment candides et fragiles ? Si vulnérables et... prévisibles.
Tout était gravé sur les tablettes de l'Avenir.
Si toute la bande de compagnons qui l'entouraient alors lui faisait confiance, c'était qu'il ne pouvait en être autrement.
Si le jeune homme sur qui tout reposait commençait à le regarder autrement que comme un simple ami, c'était que la Terre en avait décidé ainsi.
Eux n'étaient que de frêles feuilles emportées par le souffle de l'inéluctabilité.
Même si l'espoir tenace qu'il lisait dans les yeux du Sauveur n'était pas pour lui déplaire. Ces yeux si reposants, qui lui rappelaient la plaine au clair de lune. Au moins aurait-il le sentiment de ne pas lui faire subir le pire pour rien. Et il emporterait avec lui le souvenir de ces deux lacs grisés qui, s'ils parvenaient à conserver la fraîcheur qui faisait leur beauté, auraient sûrement une chance d'accomplir la tâche qui leur était assignée.
Puis les jours avaient passé. Les Temps Sombres étaient survenus.
Le moment d'entrer en scène, avant de se retirer dans une brève farandole aussi ensaglantée qu'indifférente. Il était comme ça, et rien n'y pourrait rien changer.
Massacrer ceux qui se disaient ses camarades ne lui fit pas plus d'effet que le vent déchaîné sur la montagne tranquille.
Pas un regret ne traversa son esprit alors qu'il rougissait sa lame en une danse mortelle.
Pas une larme ne vint enmbuer ses yeux tandis que douleur, désespoir et vie s'échappaient en tourbillons hurlants sous le ciel étoilé impuissant.
Il avait ensuite stoppé quelques instants.
Reprendre son souffle avant le bouquet final, le terme de la chorégraphie orchestrée depuis des lustres.
Laisser à l'autre le temps de mesurer l'ampleur de la perte, et arracher de force le dernier lien qui le retenait à lui.
Il l'avait fait, parce que c'était la dernière barrière avant le retour au paisible rêve éveillé. Peut-être y avait-il aussi pris un peu de plaisir. Il ne savait pas vraiment.
Le plus important était de l'achever. Achever de broyer la dernière étincelle de bonheur et d'espoir qui pouvait lui rester.
Et c'était lui qui devait le faire. Seulement lui. Alors le jeune homme pourrait renaître de ses cendres. Surmonter la douleur et tout changer.
Mais seulement lui.
Alors il avait été jusqu'au bout.
Donné l'espérance pour la reprendre presqu'aussitôt avec violence.
Posé ses lèvres sur la bouche haletante.
Fait courir ses mains sur le corps frémissant partagé entre le désir, la peine et la haine.
Alterné la douceur et la cruauté, sans état d'âme, pour l'entraîner toujours plus loin dans la spirale infernale du désespoir sans fin.
Et finalement, au paroxysme de la souffrance, s'était penché vers lui et avait murmuré à son oreille :
"Hais-moi de toutes tes forces..."
Et voilà. Tout était dit. Tout état accompli.
Il avait réalisé sa part de cette foutue prophétie. Point final.
Pourtant, alors qu'il contemple du haut de la falaise solitaire le paysage endormi qui s'étend devant lui vers l'infini, il ne se sent pas tranquille. Ni apaisé.
Bien sûr, il n'y a aucune raison pour qu'il ressente la moindre once de joie, mais tout de même...
Pourquoi ne peut-il pas être enfin en paix ? Il a bien fait ce que cette planète attendait de lui, il a lancé le processus irrémédiablement, cet évènement attendu depuis si longtemps par les oracles.
Il a fait son devoir. Alors pourquoi ?...
Et la lune, disque embrumé dans l'immensité céleste, est le seul témoin du malaise qui le ronge de l'intérieur.
La lune, spectatrice impassible de ses tourments, de la réminiscence de détails qui n'avaient pas leur place.
Qu'il avait tenté d'occulter.
Qui n'auraient pas du être.
Et qui pourtant sont. Infimes peut-être. Mais comme autant de langues de feu qui lui brûlent les entrailles, qui le font vaciller.
La réaction au massacre, bien moins importante qu'il ne l'aurait crue.
L'absence de tentatives d'attaque, qu'il avait d'abord pensé être due au choc.
La résistance quasi-inexistante.
Les yeux baissés, fuyant les siens.
Le corps soumis, et les lèvres presqu'avides.
Les faibles gémissements sous ce qui avait été ses premières et probablement dernières caresses.
L'indifférence totale quant à l'odeur de mort qui les entourait.
Comme s'il essayait de profiter des derniers instants.
Comme s'il avait renoncé à lutter dès le commencement.
Comme s'il savait déjà.
Et lui, qui se voilait la face.
Qui n'avait pas eu le courage de plonger son regard dans celui qui était censé symboliser l'espoir de ce monde.
Ces yeux si paisibles...
Ces fenêtres de l'âme qui s'étaient ternies avant l'heure convenue.
Pour ne pas voir que l'innocence qu'il tentait de lui arracher était déjà morte depuis longtemps.