4 Juillet -- les derniers jours d'un condamné -- original

[phylia]

Titre :

Aller vers la fin

Auteur :

phylia

Jour/Thème :

4 Juillet/Les derniers jours

Fandom :

Original - Les Chroniques Des Clairs-Obscurs

Personnage/Couple :

Thalen

Rating :

NC-17 ==> références à de la violence et autres tortures physiques

Disclaimer :

A moi

Participation au vote de fin de mois :

non

 

Il aurait aimé pouvoir tourner en rond dans la cellule. Sa cellule. Mais les chaines l'en empêchaient. Il ne pouvait même pas s'asseoir. Les bracelets métalliques continuaient à lui entailler les poignets et ses jambes ne soutenaient plus son poids depuis des jours.

De l'extérieur, il entendait ses geôliers travailler sur la potence qui lui était réservée. Ils savaient que ça ne le tuerait pas totalement. Il en fallait plus pour tuer un vampire. Mais le fait qu'ils espéraient dévorer son cœur par la suite, ça, ça le tuerait à coup sûr.

Et ça le soulageait presque. Qu'il ne soit pas conscient qu'on l'ouvre pour lui voler ses organes… qu'il ne souffre plus… qu'il ne souffre plus jamais. Oui, au fond, il était soulagé à l'idée que la mort l'emporte enfin.

Il ne savait pas pourquoi il avait été amené ici. On lui parlait de dragon. Sans arrêt. Ils ne parlaient que de dragon. Les dragons, il en avait par-dessus la tête. Il était éreinté par les dragons. Il les haïssait. On l'avait enlevé, on l'avait torturé. Il en avait vu mourir beaucoup sous les supplices. Lui, seule sa nature l'avait sauvé. Mais maintenant, il voyait ça comme une malédiction.

Il soupira. La douleur lui tordait les entrailles. La douleur et la peine. La peine de ne jamais la revoir. De ne pas pouvoir lui dire adieu, ne pas pouvoir gouter à ses lèvres une dernière fois.

Oui, il allait mourir. Il serait soulagé. Son seul regret serait de ne pas pouvoir la revoir une dernière fois.

 

~*~*~

 

Ils avaient repoussé son exécution. Il aurait dû s'en douter. Ils le torturaient physiquement, mais pas seulement. Après trois mois à devoir faire face à leurs tortures, il aurait dû s'en douter. Ils lui avaient montré celui qu'ils avaient exécuté à sa place. Un garçon d'à peine douze ans à la peau bleue qui respirait à peine et qui avait eu ce regard soulagé quand on lui avait mis la corde autour du cou.

Et juste après qu'ils se soient partagé le cœur du gamin, ils lui avaient montré le bucher qu'ils lui réservaient. Les instincts du vampire s'étaient réveillés face à cette mort. Cela les avait fait rire. Il ne voulait pas mourir comme ça, pas souffrir jusqu'au bout, pas finir en cendres. Ils lui avaient alors promis de faire preuve de clémence. Mais leur sympathie, il s'en méfiait.

Libéré de ses chaînes, il restait désormais prostré dans un coin, ne bougeant que pour éviter le rectangle de lumière qui entrait dans la cellule par l'entrée qu'ils avaient libérée.

Il pensait toujours à elle. Mais son visage s'estompait à mesure qu'il sentait son esprit s'éloigner de cet endroit.

 

~*~*~

 

Le bûcher était toujours là. Ils ne l'y avaient pas emmené. Ils ne s'en étaient pas servis pour un autre non plus. Son exécution aurait lieu. La torture était de ne pas savoir quel jour ce serait.

Il espérait que cela ne tarderait pas trop.

 

~*~*~

 

Ils avaient passé une partie de la nuit à lui brûler le dos. Ils voulaient s'assurer qu'il n'avait rien à dire de plus sur ces putains de dragons avant de se débarrasser de lui. Il encombrait la cellule.

Ils n'avaient rien obtenu de lui. Même pas un cri cette fois. Son esprit était trop abimé, trop éloigné de son corps pour que les choses lui fassent encore mal. Quand respirer était si douloureux qu'on en hurlait silencieusement, un coup supplémentaire n'était rien qu'une petite piqure de moustique.

Il était brisé, il le savait. Il le savait parce qu'il ne se souvenait plus d'elle. Il savait qu'elle existait. Qu'elle était quelque part. Mais de son visage, de son regard qui avait le don de le rendre fou et de son sourire qui l'avait jadis rendu heureux… de tout cela, il n'avait plus aucun souvenir.

Il entendait sa voix l'appeler. Il entendait sa voix douce et angoissée l'appeler, lui demander de lui faire un signe, lui montrer qu'il était vivant. Elle lui promettait qu'elle faisait tout pour le retrouver. Elle lui demandait de tenir bon. Elle lui soufflait qu'elle le sentait, qu'elle se rapprochait.

Il savait qu'il rêvait tout cela, que ce n'était pas possible. Ils lui avaient montré son cadavre horriblement outragé. Seule image claire qu'il gardait d'elle. Son esprit ne faisait que tenter de le rassurer pour que ses instincts le gardent en vie. Mais il était détruit.

Il l'entendit à nouveau murmurer son nom avec affection.

Il secoua la tête pour chasser ces sons, pires que n'importe quelle torture. L'espoir fou de quelque chose qu'il savait impossible. Les illusions envolées et les joies détruites.

Il entendit une femme rire dans le couloir devant sa porte et demander au garde d'ouvrir la cellule. Ils venaient pour lui. Le bruit des chaînes de pierre verte lui indiquait qu'il était l'heure. Il se leva et s'approcha de la porte.

Il allait vers sa fin avec un sourire serein. Il allait enfin la revoir, la redécouvrir et pouvoir la serrer contre lui…