25 Mai -- La fin du séjour -- original

[phylia.livejournal.com]

Titre :

Toutes les victoires sont bonnes à prendre

Auteur :

phylia

Jour/Thème :

25 Mai/La fin du séjour

Fandom :

Original - Les Chroniques Des Clairs-Obscurs

Personnage/Couple :

Sarah et Thalen

Rating :

NC-17 ==> références plus ou moins explicites à des scènes intimes

Disclaimer :

A moi

Participation au vote de fin de mois :

non


Il fallait qu'elle retrouve son uniforme. Elle savait qu'elle l'avait emmené. D'ailleurs, elle était partie sereine parce qu'elle savait qu'il était dans son sac et qu'elle pourrait le mettre pour le retour. Sans ça, les autres sauraient. Ils devineraient que la "raison d'État" que Thalen avait invoquée pour leur permettre de disparaitre de la circulation était en fait… des vacances.

Il avait eu besoin de ces vacances. Besoin de sentir qu'il pouvait vivre pour lui et cesser d'être ce prince au caractère sanglant et à l'apparence impeccable. Il n'aimait pas ce rôle et Sarah trouvait qu'il ne lui allait pas. Oui, il avait besoin de ces vacances. Après ce qu'on lui avait fait, après ce qu'ils avaient subi.

Mais elle n'aurait jamais cru avoir aussi besoin de faire un break. Et pourtant, elle en avait profité autant que lui. Elle avait profité de lui, se dit-elle en sentant le rouge lui monter aux joues. Elle secoua la tête, comme si cela pouvait suffire à lui ôter de l'esprit les souvenirs suaves qui venaient l'envahir.

Elle retourna une fois de plus sa valise en soupirant. Tout le contenu était désormais étalé sur le lit. Et il y avait tout sauf son uniforme. Pourtant, elle savait qu'elle l'y avait glissé. Il fallait tout reprendre à zéro une fois encore. Sa brosse à dents, le dentifrice, la brosse à cheveux, les serviettes, les robes longues et les plus courtes, offertes par Thalen, les sous-vêtements… Elle fronça les sourcils.

Il en manquait. En fait, il manquait ceux qu'elle avait emmenés et il ne restait plus que ceux offerts par son compagnon. Elle secoua la tête en l'entendant intervenir mentalement.

- Ils faisaient trop sages, je préfère les autres…

Elle crispa la mâchoire, furieuse. Il n'aimait pas non plus son uniforme. Elle ne voyait pas vraiment d'inconvénient à ce qu'il lui offre des vêtements, elle avait dépassé ce stade. Mais qu'il lui vole ceux qu'il n'aimait pas, ça, ça l'ennuyait. Elle avait besoin de son uniforme. Elle devait faire bonne figure, parce qu'une reine ne pouvait pas se permettre de prendre des vacances sur un coup de tête.

Durant de longues minutes, elle tourna en rond dans sa chambre, tentant de se calmer. Mais il y avait trop de choses, trop peu de souvenirs dans cette pièce pour qu'elle y parvienne. Le lit n'avait pas été défait de la semaine, elle ne savait même pas s'il était confortable. De la salle d'eau, elle ne se souvenait que de la couleur des murs qu'elle avait aperçus à son arrivée. Elle ignorait quelle vue elle avait du balcon. L'armoire… s'ouvrait-elle au moins ?

Elle le détestait ! Elle le haïssait du plus profond de son être. Il était… exquis. Tout bonnement parfait. Attentionné, à son écoute, prêt à s'engager dans tout et n'importe quoi tant qu'elle le lui demandait. Elle le détestait de l'avoir rendue accroc à ce point. Elle le haïssait de ne pas parvenir à rester furieuse quand, comme à l'instant, il décidait de ce qu'elle devait porter. Elle aurait aimé pouvoir le repousser, pouvoir lui dire non, ne pas se montrer si dépendante. Elle voulait le gifler, là, maintenant, pour s'être comporté comme le parfait des idiots en lui démontrant qu'elle ne pouvait pas le lui refuser.

Et puis zut ! Il allait voir ce qu'il allait voir !

D'un pas décidé, elle sortit de la chambre et fila, remontant le couloir bien plus vite qu'elle ne le souhaitait. Elle ne parvenait pas à garder son calme. Elle pénétra dans la chambre du vampire sans s'annoncer. L'idée l'effleura un instant qu'elle aurait pu le surprendre avec l'une de ses maitresses. Mais elle s'envola aussitôt. La pièce était plongée dans la pénombre. Mais ça ne la dérangeait pas, elle connaissait tout de cette pièce, de la couleur du papier peint au moindre accroc dans le tissage des draps.

Elle le chercha des yeux un moment. Un mouvement sur le balcon l'alerta. Elle distingua sa silhouette, la lueur d'une bougie dansant derrière lui.

- Rends-moi mon uniforme, j'en ai besoin pour demain, dit-elle d'une voix froide et qu'elle aurait voulu détachée.

Elle l'entendit rire doucement en s'approchant. Ce rire fit fondre ses dernières défenses. Elle aimait l'entendre. Doux, grave et profondément amusé. Elle sentait des bras puissants l'enlacer dès qu'elle entendait ce son.

Elle le regardait approcher avec une lenteur toute calculée. Il ne portait qu'un jean délavé, le rayon de la Lune perçant entre les nuages exposant sa peau pâle. Sarah frissonna. Le souvenir de ses mains glissant sur ce torse avec délice la hantait. Le vampire inclina légèrement la tête sur le côté et ses longs cheveux noirs suivirent naturellement le mouvement.

- Tu es austère avec cet uniforme. Tu devrais rentrer avec…

Il désigna le lit. Une robe d'été très légère y était étalée. Elle était ravissante, Sarah devait l'admettre. Tout comme celle qu'elle portait ce soir, l'un beau bleu sombre. Mais ce n'était pas acceptable.

- Bien sûr, et je vais ordonner à Marcus d'aller massacrer le clan Traneesy dans cette chose à la limite de la nuisette ? Le railla-t-elle.
- Il sera attentif au moindre de tes mots pour une fois.

En une seconde, Sarah sut qu'elle était devenue rouge pivoine. Cette idée la rendait dingue et elle n'aimait pas que l'on parle de son corps comme ça. Elle ne se trouvait pas attirante. Elle ne comprenait pas qu'un homme puisse la trouver agréable à regarder après ce qu'on lui avait fait. Mais Thalen, lui, n'hésitait pas à lui répéter ou lui faire comprendre qu'il la trouvait à son goût. Quelque part, ça redonnait confiance à la jeune femme.

Elle soupira.

- Ne soit pas stupide. Tu sais bien que sans mon uniforme, j'aurais des problèmes. Il y aura des railleries et d'autres penseront que je me relâche.
- Je n'ai pas envie de te le rendre, dit-il sur un coup de tête.

Elle s'approcha pour le gifler, mais il saisit fermement son poignet avant qu'elle ne le touche. Il lui souriait, fier de lui. Le contact la rendit folle de rage et de désir. Il n'en faisait qu'à sa tête et ça l'aurait fait hurler si elle n'avait pas eu conscience qu'il avait fait tout cela pour l'attirer dans son piège. Un piège qui, à première vue, avait pour but de rendre mémorable la fin de leur séjour dans ce cadre paradisiaque. Et elle abonda dans son sens dès qu'il embrassa ses doigts un à un. Le souffle du vampire sur sa peau, le passage de ses lèvres sur son poignet pour remonter le long de son bras et dans son cou… tout cela lui faisait oublier le reste. Et bientôt, ce qui les entourait n'avait plus la moindre importance. Elle ne reconnaissait que lui. Elle se sentait bien dans ses bras, désirée et désirable et elle ne souhaitait que lui faire passer un moment aussi agréable qu'il s'employait à le rendre pour elle. Elle profitait de lui. Elle le goutait. Les mains de son amant sur sa peau, son souffle dans son cou, ses crocs mordillant légèrement le lobe de son oreille, ses caresses tendres, ses longs cheveux effleurant ses seins et ses mouvements doux et langoureux… oui, il avait raison, il n'y avait que comme ça qu'on pouvait fêter la fin d'un tel voyage.

Quand les choses se calmèrent dans la chambre avec l'apparition des premières lueurs de l'aube, Sarah était contentée et épuisée. Elle entendit Thalen soupirer de bien-être contre elle. Il la regardait, caressant ses cheveux avec affection.

- Tu me rends mon uniforme maintenant ? Tenta-t-elle en dernier recours.

Il eut une expression ennuyée.

- Je ne peux pas. Je l'ai fait brûler.

Elle se redressa sur un coude.

- Pardon ? Et je fais comment moi, maintenant ?

Il sembla réfléchir un moment.

- On t'achètera un pantalon noir et un chemisier sur la route.

Sarah eut une moue peu convaincue.

- Mouais… mais une remarque et je fais un meurtre.
- Disons que pour la peine, tu peux décider ce que je porterai demain, ça semble juste, non ?
- Sans que tu ne discutes, tout ce que je veux ? Vérifia-t-elle.
- Tes désirs seront des ordres, ma douce, répondit-il, sur de lui et sans se départir de son expression moqueuse.

Un sourire naquit sur les lèvres de Sarah. Thalen arqua un sourcil alors qu'elle se levait pour se rhabiller, elle avait une valise à refaire pour la quinzième fois après tout.

- Toi, dit-il avec prudence, tu as quelque chose derrière la tête.
- Oh, rien de bien dangereux.
- Dans ce cas, dit-il en tirant le drap sur lui, je n'ai rien à craindre.

Elle atteignit la porte et s'arrêta avant de l'ouvrir.

- Oh, oui, rien à craindre, juste quelque chose qui implique des plumes colorées, du maquillage et des faux ongles, lança-t-elle avant de filer.

Elle l'entendit jurer dans plusieurs langues et tomber du lit. En remontant le couloir, elle ne parvint pas à s'empêcher de sourire. Finalement, une victoire était une victoire, même arrachée au dernier moment.