31_jours | 9 Février - La bateille des rois

Titre :

Moment de rupture

Auteur :

phylia

Jour/Thème :

9 février/La bataille des rois

Fandom :

Original - Les Chroniques Des Clairs-Obscurs

Personnage/Couple :

Alët, Varloët, Sarah

Rating :

NC-17

Disclaimer :

A moi

Participation au vote de fin de mois :

non

Notes :

Descriptions pouvant choquer les esprits sensibles

Le "roi" trônait dans la grand-salle avec condescendance et amateurisme, pensa Alët avec hargne. Il fixait son frère en se disant qu'il avait beau espérer, jamais Varloët ne ferait un grand roi. Il aimait vivre avec faste et s'entourer de sa petite cour de privilégiés mais c'était au détriment du peuple et de ses devoirs. Depuis qu'il avait pris le pouvoir, la moitié des nobles en place avait changé. Il avait rétrogradé les plus vieux et les plus sages qui l'auraient pourtant soutenu et conseillé avec facilité et il avait placé des incompétents à la place. Bien sûr, cela se ressentait dans tout le royaume. Le commerce n'était plus au beau fixe puisque plus du tout pris en main par les nouveaux gouverneurs des terres. Et les gens craignaient pour leur futur. Varloët avait annulé les séances de doléances et c'était surement là sa plus grosse erreur. Le peuple ne se sentait plus écouté, plus suivi…

Alët soupira. Au fond, ce n'était pas vraiment pour cela qu'il en voulait à son frère. S'il ruminait ainsi depuis des semaines, c'était à cause de la disparition inexpliquée de leur sœur. Varloët l'avait attaquée sans raison valable sur son propre domaine. A peine quelques mois au pouvoir et il se permettait d'attaquer une reine. Reine d'un tout petit royaume naissant certes. Mais une reine tout de même. Et surtout, leur sœur.

Son frère lui avait juré s'être retiré après les combats et qu'elle était bien vivante à ce moment-là. Il avait aussi ajouté d'un ton plein de sarcasmes qu'elle avait surement fui, ne démontrant par là que sa couardise légendaire. Alët avait serré les poings en silence. Pour lui faire plaisir, le roi avait lancé de vagues recherches qui n'avaient pas abouti. Mais Alët était certain que son frère ne lui disait pas tout. Il était persuadé que sa sœur était bel et bien vivante, son sang le lui hurlait. Et depuis quelques jours, il rêvait d'elle, enfermée, prisonnière d'un endroit lugubre. Et il n'y avait qu'un seul lieu qui y ressemblait. Ses souvenirs l'avaient fait frissonner.

Aujourd'hui était le bon moment pour vérifier ses craintes. Varloët partait chasser avec tout son troupeau de chiens débiles et caquetants, il pourrait se faufiler dans les prisons.

~*~

Il l'avait retrouvée. Quand le garde, une dague collée sous la gorge, avait ouvert la porte de la cellule, il était découvert une frêle silhouette recroquevillée dans le coin le plus sombre, gisant dans l'urine et les excréments. Il l'avait recouverte d'une grande couverture sombre et prise dans ses bras. Mais elle avait tellement maigri qu'il la portait en vérité sur son épaule avec une facilité déconcertante. Et pendant un bref instant, il se dit que ce n'était pas plus mal, cela lui permettait de manier l'épée dans les couloirs tortueux des prisons. Il s'en voulut aussitôt de cette pensée. Il n'avait pas voulu s'attarder à regarder, mais il avait vite constaté qu'on s'était acharné sur sa sœur. Son corps était brisé, mutilé et souillé. Il ferait payer ça à son frère dès qu'il lui mettrait la main dessus en face à face.

Il fut réalisé plus tôt qu'il ne le pensait. Il tomba nez à nez avec son frère et roi en train de discuter avec le bourreau.

- Vous faites ce que vous voulez, mais vous me la dressez, c'est bien comp…

Varloët s'était figé en voyant son frère. C'était donc à cela qu'il occupait ses parties de chasse ? Il visitait les prisons et laissait la cour s'amuser seule quelques heures. Ses yeux se posèrent un moment sur le fardeau d'Alët et il comprit aussitôt ce qu'il venait faire ici.

- Comment oses-tu me trahir ? Moi, ton roi !

Un rire amer et nerveux sortit de la bouche d'Alët. La réaction de son frère était tout simplement puérile et en même temps tellement prévisible.

- Mon roi n'aurait jamais passé ses nerfs sur une reine, encore moins sur sa sœur.

Varloët donna un ordre et le bourreau partit chercher des hommes, laissant seul le roi qui devait s'imaginer qu'il ne craignait rien de la part de son propre frère. Il se trompait. Les certitudes et le respect avaient volé en éclat le jour où il avait posé la main sur Sarah. Si Alët devait avoir un autre roi un jour, il se promit que ce serait sa sœur.

Il avança sur son frère. Un instant tétanisé, Varloët comprit rapidement qu'il n'aurait pas le choix. Il tira son épée et fit face à son cadet. Alët eut un sourire amusé qui arracha une grimace à son adversaire. Si Varloët était roi, ils avaient tous les deux reçu la formation nécessaire à prendre un jour le pouvoir et tous les deux savaient parfaitement qu'Alët excellait dans certains domaines. La diplomatie et le maniement des armes en faisaient partie.

Les deux seigneurs s'opposaient. Il n'y avait plus de roi ni de prince. Il n'y avait plus de frères. Il y avait juste deux hommes prêts à se tuer pour posséder leur sœur. L'un pour lui rendre sa vie et sa liberté, l'autre pour lui voler sa raison et sa volonté. Varloët avait toujours su, mais jamais admis que son frère ferait un meilleur roi que lui. Jamais il ne le laisserait songer à lui voler le trône. Parce qu'il aimait trop cette place, parce qu'il chérissait le pouvoir que cela lui donnait. Mais il savait que le combat qui se déroulait entre eux à cet instant n'était autre que la première bataille qui opposait les rois qu'ils étaient tous les deux devenus.

Sans surprises, Alët eut l'avantage bien avant que les gardes n'arrivent. Il avait la pointe de son épée sur le cœur de son frère. Il était prêt à le pourfendre pour le sacrilège qu'il avait osé commettre sur Sarah, sur leur propre sang. Varloët transpirait comme un durynat. La royauté l'avait ramolli. Alët l'aurait surement tué sur le champ si sa sœur n'avait pas gémi faiblement, lui rappelant l'urgence de la situation. D'un coup de pied, il assomma son frère et il s'enfonça un peu plus dans les prisons pour emprunter un passage que lui seul devait connaitre pour avoir étudié les plans des lieux durant des heures. Ce que son frère n'a jamais su faire.

Il sortit donc sans mal vers l'Est d'Hikarynn alors que tous le cherchaient dans le château qui surplombait les souterrains. Il ne lui restait plus qu'à rallier son refuge. De là, il se promit de tout faire pour remettre sur pied et venger sa sœur. Peu importe le temps que cela lui prendrait, il allait garder en vie leur frère uniquement pour qu'elle puisse décider de son sort.