ext_366379 ([identity profile] phylia.livejournal.com) wrote in [community profile] 31_jours2012-01-09 11:36 pm

9 Janvier - La pyramide du Louvre + Légende urbaine - Original

Titre :
Prison de verre
Auteur :
[info]phylia
Jour/Thème :
9 Janvier/La pyramide du Louvre + thème du mois : légende urbaine
Fandom :
original - Les Chroniques Des Clairs-Obscurs
Personnage/Couple :
Anthonin et la reine
Rating :
NC-17
Disclaimer :
à moi !
Participation au vote de fin de mois :
oui


Anthonin sentit plus qu'il ne vit le coucher du soleil et l'accueillit avec soulagement. Sa chair brûlée et meurtrie par les rayons du soleil pourrait enfin commencer à cicatriser et à se reformer avant qu'une autre journée ne commence. Le parvis de la cour se vidait peu à peu des visiteurs et il voyait de moins en moins d'ombres s'étendre sur les murs de sa prison de verre.

Il avait pêché. Il l'avait reconnu bien avant qu'on ne prononce la sentence et que sa victime ne décide elle-même de la punition. Sa victime... sa reine... elle était vivante par il ne savait quel miracle et il aurait souhaité, pour elle-même, qu'elle ne survive pas à ce qu'il lui avait fait. Personne ne devrait survivre à ça.

Il avait cru que la sacrifier aux anciens anges, à Lucyfer, à Satan, à Balthazar et à Gabriel, sauverait son peuple. Il l'avait fait. Mais cela n'avait rien sauvé du tout. Il avait éviscéré sa propre reine et amie et l'avait laissée se vider de son sang et de son énergie dans la souffrance la plus totale et la plus solitaire. Et tout ça, pour rien. On s'était joué de lui. Il devait payer sa naïveté maintenant et il acceptait cela.

Seulement, il n'aurait jamais cru que la culpabilité soit si douloureuse. Et la punition si... imaginative. Prisonnier, incapable de bouger, il passait sa journée à hurler de douleur sous la brûlure du soleil détruisant sa peau de vampire. Son pouvoir de régénération rendait la torture éternelle. Il pouvait crier, appeler à l'aide, insulter les dieux, personne ne l'entendait. Et pourtant, il y avait chaque jour une foule entière qui se pressait pour admirer sa prison.

La pyramide du Louvre. Il avait mis une journée entière à se demander où il se trouvait, tentant de voir au-delà de la douleur pour détailler l'architecture et savoir. Parce que savoir, c'était tout ce qu'il lui restait. Il avait reconnu la cour Napoléon, l'architecture de la capitale française, le bruit des bassins et jeux d'eau. Il entendait les touristes en parler, s'extasier et prendre des photos. Il les voyait parfois se pencher sur les parois de sa prison et regarder à travers lui.

Personne ne le voyait. Personne ne l'entendait. Il n'était personne. Au milieu de tout ce monde, il n'existait pas. Et sa douleur n'avait pas de fin. Il avait compté les jours... au début. Mais il était persuadé qu'il avait compté trop vite. Le temps était lent quand on n'avait plus rien à faire d'autre que regretter et souffrir.

Le soleil avait disparu. La nuit tombait sur la pyramide de verre, la fraicheur revenait vers lui. Étrangement, il ne perçut plus aucune présence autour. Il avait pourtant l'habitude des trainards et des noctambules. Mais il n'y avait personne, pas même un rat. Au sens littéral du terme. Il n'avait plus d'humains à écouter, à espionner. Cela créa un manque. Les siens, les vampires, ne venaient pas le voir. Ils le haïssaient et ils avaient bien raison. Lui aussi se haïssait pour ce qu'il avait fait. Alors, il ne lui restait plus que les humains. Mais même eux l'avaient déserté ce soir.

Le temps passa. Très lentement. La Lune se montra, pâle et diminuée. Les étoiles naquirent une à une dans son horizon.

Il entendit le bruit léger de talons sur le dallage de pierres, un peu plus loin. Il espéra un moment que la femme, parce qu'il n'y avait qu'une femme pour marcher avec une grâce audible même dans ses pas, viendrait vers lui. Les pas se rapprochèrent.

Quand il la vit, cela lui coupa le souffle. Elle était belle. Fine, délicate, la peau laiteuse brillant sous la lueur lunaire, les cheveux longs et d'un blanc parfait et un regard violacé, un regard glacial.

Sa reine venait à lui. Elle le regardait et elle le voyait. Il se rendit compte qu'il pleurait devant sa beauté quand elle leva les yeux vers le ciel, l'abandonnant un bref instant. Il pleurait sur la douleur qu'elle avait dû endurer, sur la clémence dont elle avait fait preuve et sur la certitude qu'elle ne l'oublierait pas. Parce qu'il l'avait senti. Il était son tortionnaire, mais elle ne le considérait pas ainsi. Elle avait pitié de lui, pitié de sa situation et était furieuse de ne pas avoir pu éviter ce gâchis à l'un de ses sujets.

Elle le fixa à nouveau et il sentit ses chaines invisibles commencer à céder.

"Me serviras-tu pour nous venger ?"

Les mots résonnaient dans l'esprit d'Anthonin. Ils signifiaient beaucoup de choses. Beaucoup trop. Ils avaient été choisis avec soin. Elle ne lui offrait ni la liberté ni le pardon. Elle faisait cette proposition à un vampire et non à un traitre. Elle ne voulait ni de son amitié, ni de son affection, ni de ses remords. Elle voulait sa force, sa détermination, sa volonté de se venger. Elle lui offrait de faire cesser la douleur physique, parce qu'elle n'était pas juste à ses yeux.

Elle était sa reine. Elle était fière, dure et impartiale. C'était pour ça qu'il la suivrait jusqu'en enfer, sa foi en elle ne faillirait pas cette fois. De toute manière, la servir signifiait qu'il n'aurait plus à penser par lui-même au moins pour un temps. Il se dévouerait à elle sans concession aucun.

Les vitres cédèrent. Il y avait, chez les humains, une croyance populaire qui voulait que cet édifice soit l'œuvre du diable. Une légende urbaine. Mais pendant plusieurs semaines, la pyramide du Louvre avait bel et bien abrité un démon. Et ça, personne ne s'en douterait jamais. La pyramide s'effondra dans un vacarme de verre brisé et la magie amena Anthonin devant sa reine. Affaibli, il tomba à genoux. Elle se détourna, commençant à s'éloigner de son pas fluide.

- Ne traine pas, on doit te trouver de nouveaux vêtements et les boutiques seront bientôt toutes fermées !

Il releva la tête et la rattrapa, restant derrière elle comme le laquais qu'il était désormais. S'annonçait pour lui un nouvel enfer fait de soie, de luxe et de mort.


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