http://solhaken.livejournal.com/ ([identity profile] solhaken.livejournal.com) wrote in [community profile] 31_jours2011-04-08 12:11 am

8 avril – communication muette + thème optionel (7 avril – problème de communication)

Titre : Souvenirs
Auteur : Solhaken
Jour/Thème : 8 avril – communication muette + thème optionel (7 avril – problème de communication)
Fandom : Original
Personnage/Couple : Reÿth / Shaënn
Rating : PG
Disclaimer : à moi
Participation au vote de fin de mois : Oui
Note :
Voici les signification que j’ai trouvé concernant les fleurs utilisées dans ce texte.

Ciguë
• blanche : bravoure, au besoin je braverai la mort.
• à rayons blancs : douleur du cœur, deuil cruel.
• jaune : douleur du cœur, souvenir douloureux.
Souci :
• orange : je m'inquiète pour toi
Saule :
• deuil

La porte claqua violemment et le guerrier soupira avec lassitude. Ces derniers temps, il semblait qu’il soit profondément incapable d’adresser la parole à quelqu’un sans que la conversation ne se termine en drame. Rodrigän ne lui en tiendrait pas rigueur, il le savait, mais il était bien le seul. Ils n’étaient pas encore à la moitié de la décade qu’il avait déjà du accepter trois duels de la part de fils de seigneurs trop pointilleux sur le protocole. Les défaites publiques qu’il leur avait infligé n’arrangeait sans doute rien au problème général. Reÿth secoua la tête avec agacement. Ce n’était pas, après tout, comme s’il accordait de l’importance à leurs points de vu. En revanche il était plus ennuyé par sa dispute avec le prince qui pour une fois, n’avait pas réellement mérité les propos qu’il lui avait jetés au visage.

Vautré sur l’un des sofas de sa terrasse, il fixait à l’est la ligne bleutée des montagnes qui malgré les derniers rayons de soleil semblait déjà gagnée par la nuit. Il se dispenserait de la réception donnée ce soir, sa présence n’y était pas la bienvenue, et lui-même aspirait à un peu de calme. Les choses étaient en train de déraper, et son incapacité à communiquer correctement avec les autres n’en n’était que le symptôme le plus apparent. Les autres manifestations de son mal-être étaient intérieures, susceptibilité, sauvagerie exacerbée, difficultés grandissante à maitriser sa magie, désir profond de laisser libre cours à ses instincts de tueur.

Dans l’Empire, son état aurait été remarqué bien plus tôt, et personne n’aurait prit le risque de laisser son état s’aggraver autant. Mais l’empire n’existait plus et son souvenir lui déchirait l’âme. Les Sages avaient disparus depuis longtemps, et personne aujourd’hui n’était plus là pour l’aider et comprendre ses problèmes. Personne ne lui répéterait inlassablement jusqu’à ce qu’il s’en rappel réellement que ses instincts de prédateurs n’étaient pas les siens, personne ne lui rappellerait que la soif de violence et de sang qui l’étreignait était celle de ses démons et non la sienne. Il devrait se maitriser seul, retrouver son calme… Ou mourir en entrainant dans sa chute ceux qu’il aimait et à qui il tenait.

Derrière lui une porte s’ouvrit et un pas léger se fit entendre. Il refusa de tourner la tête, sachant pertinemment de quelle manière se terminerait la moindre conversation. Shaënn arriva à sa hauteur et il jura mentalement. De toutes les personnes présentes au palais, elle était la dernière de ceux qu’il aurait souhaité voir en ces lieux. Même la présence de l’archevêque lui aurait été moins pénible. Le froissement soyeux de la robe qu’il ne voyait pas et le parfum léger et suave lui apprirent qu’elle s’était préparée pour la réception.

- Rodrigän m’a dit que tu ne viendrais pas ? demanda-t-elle en le contournant.

Il la regarda entrer dans son champ de vision comme une bête prisonnière. Il ne voulait pas parler, il refusait de discuter, surtout avec elle. La jeune femme riva son regard dans le sien et l’observa un moment sans dire un mot.

- Il a également ajouté que tu te montrais assez insupportable pour qu’il préfère la compagnie de Seÿmor ce soir au lieu de la tienne.

Reÿth réalisa enfin que la jeune femme avait cessé de le vouvoyer, et comme si les deux ne pouvaient aller qu’ensemble, elle s’était également départi de son habituel ton moqueur. Il soutint son regard par habitude, trop accoutumé qu’il était à ne jamais baisser les yeux. Mais ce qu’il y lu le troubla plus qu’il ne l’aurait cru.

La jeune femme brisa enfin le contact visuel et s’adossa à l’une des colonnettes de la tonnelle qui couvrait la terrasse. Pendant un moment elle n’ajouta rien, à tel point qu’il cru un moment qu’elle ne dirait plus rien. Il avait fermé son esprit, se refusant depuis plusieurs jours à percevoir quoi que ce soit de son entourage. Il lui était maintenant étrange de ne plus rien deviner des émotions de Shaënn, étrange, mais non déplaisant. Ce « silence » avait quelque chose d’apaisant, il lui semblait qu’il la rencontrait ce soir pour la première fois. Son regard s’égara sur ses courbes, et si elle le remarqua, elle n’en fit pas la remarque.

- Quand on voit combien on communique mal, je me dis parfois que nous devrions essayer le silence, murmura-t-elle finalement.

Il ne pu s’empêcher de sourire avec amusement avant de confirmer d’un simple hochement de tête. La jeune femme sourit à son tour, un sourire étrangement triste qui lui parut déplacé. Un moment il eut envie de lui demandait ce qui l’attristait, puis il y renonça, refusant de briser le silence qui s’était de nouveau installé.

Ils restèrent ainsi de longues minutes et le guerrier découvrit avec une certaine surprise qu’il appréciait cette présence qu’il avait cherché à fuir ces derniers jours. La jeune femme le troublait, et il avait conscience que le désir qu’elle éveillait en lui faisait perdre son contrôle. Entre eux les choses avaient dérapées et il ne parvenait plus à la voir comme une sœur. Quand il pensait à elle, son esprit faisait naitre des images qu’il aurait voulu refuser, effacer… Elle était la sœur de Rodrigän, et de fait, elle était devenu la sienne. Il ne pouvait pas, il n’avait pas le droit, de la voir de cette manière.

Shaënn s’écarta soudain de la colonnette et soupira silencieusement, prenant sans doute conscience qu’il était temps pour elle de rejoindre la réception qui commencerait sous peu. Alors qu’il s’attendait à ce qu’elle quitte la terrasse, elle le surprit une fois de plus en venant droit vers lui. La jeune femme s’arrêta près de lui, si prés qu’il aurait pu saisir sa main en tendant à peine la sienne. De nouveau elle riva son regard dans le sien, il y lu un mélange de peine, de respect, de douleur et de compassion. Elle se détourna sans un mot, et il la regarda s’éloigner.

Elle était déjà partie quand il remarqua le modeste bouquet qu’elle avait abandonné sur la balustrade de pierre. Une dizaine de fleurs de cigües blanche, jaune ou encore veinées de blancs et un seul souci orange le composaient, le tout lié d’une fine fleure de saule. Reÿth se figea, les larmes coulèrent sur son visage sans qu’il ne s’en rende compte. Des larmes de douleurs, de soulagement… et de reconnaissance. Quinze années plus tôt, à la même date, l’Empire rendait son dernier souffle et il voyait son univers voler en éclats. Il effleura les fleures et se laissa submergeait par le chagrin qu’il avait jusque là étouffé sans même le savoir. Ce soir il n’était pas le seul à ce souvenir, et savoir cela lui apportait un réconfort dont il avait eut besoin depuis quinze ans sans jamais l’obtenir.

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