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Titre : Entre frère et sœur
Auteur : [livejournal.com profile] phylia 
Jour/Thème : 8 aout - Siège
Fandom : original - Chroniques des Clairs-Obscurs
Personnage/Couple :  Le peuple Möh Vs le peuple hédirien
Rating : pg
Disclaimer : à moi !
Participation au vote de fin de mois : oui
Note : ----

 

Les armées de son frère s'avançaient sous les remparts de sa petite forteresse. Elle entendait Eyrill compter les hommes présents dans les factions devenues ennemies depuis ce matin. À chaque chiffre égrené en Hëdyrien qu'elle parvenait à comprendre, principalement quand il s'arrêtait sur une nouvelle centaine, elle se retenait de ne pas hurler. Son frère l'attaquait, elle. Et c'est son peuple naissant qui allait en pâtir.

Elle se revoyait lui tenir tête et refuser de prêter allégeance le jour de son couronnement. Elle se revoyait sortir de la salle du trône hédirien en pensant que son frère aîné et elle étaient désormais sur un pied d'égalité : lui, jeune roi d'un royaume enraciné dans les traditions et elle, reine d'un nouveau peuple qui ne cherchait qu'à s'établir. Mais c'était sans compter avec le caractère colérique et totalement paranoïaque de son frère… demi-frère. Elle ne cessait de se répéter qu'il n'était que la moitié de son sang et que leur grand-père ne lui en voudrait pas de résister à ce membre d'une famille que leur aïeul chérissait tant. Elle soupira quand Eyrill annonça le "Aynéh" annonçant les deux mille hommes en arme qui levaient désormais la tête vers eux.

Elle se tourna et regarda en contrebas. Dans la cour de sa forteresse de Naskor Seriken, à peine cinq cents têtes. Principalement des enfants et des femmes… et des voleurs, des assassins ou des mendiants rescapés d'un royaume qui ne voulait plus d'eux. Elle songea un moment à leur ordonner de se rendre. Puis Colynn gravit les marches de pierre jusqu'à elle pour lui tendre ses deux sabres jumeaux forgés dans les abîmes des montagnes du Nord. Ce simple geste lui redonna toute la force de volonté dont elle avait besoin pour continuer.

Quand elle éleva la voix pour s'adresser à son peuple dans un hëdyrien timide, son cœur cognait contre sa poitrine au rythme de ses mots, comme pour leur donner plus de force. Elle leur laissait le choix. Ils pouvaient combattre pour une reine qu'ils ne connaissaient pas et ne respectaient pas ou sortir et supplier le roi qui se trouvait en dehors de ses portes de les épargner. Le message fut court, mais les murmures qui parcoururent la foule durèrent plusieurs heures. Pourtant, elle resta à les regarder, à les écouter, à répondre à leurs questions et leurs craintes. Oui, ils étaient acculés. Oui, il était probable que ce roi qui les avait déjà rejetés ne les massacre tous qu'ils se rendent ou combattent. Oui, l'armée adverse était en surnombre. Oui, ils n'étaient pour rien dans cette situation et pourtant c'était eux qu'on attaquait. Et soudain, les discussions changèrent complètement :

- Il n'a jamais accepté l'existence de cette terre, de ce peuple. Il veut nous anéantir pour l'exemple !

- Un roi qui attaque sa sœur par égo mal placé ne mérite pas notre allégeance.

- Un roi qui attaque une reine sans la considérer comme son égale…

- Yolën avait interdit les attaquent.

- Yolën était un bon roi.

- Un roi juste et digne !

- Le roi nous a donné cette terre. Nous devons la protéger, elle nous appartient. Notre roi voulait cette égalité, son fils le trahit.

Ainsi, fut décidé qu'une résistance acharnée serait livrée à ce jeune roi pour lui montrer qu'il ne lui suffirait pas d'ordonner pour obtenir. Bien entendu, les doutes et les peurs étaient présents. Personne n'avait imaginé que les choses dureraient. Personne n'avait envisagé que le roi Varloët n'attaquerait pas, refuserait toute discussion ou tentative de compromis. Les messagers envoyés par Naskor Seriken étaient escortés jusqu'à la tente du roi adverse, mais revenaient toujours attachés à un cheval sans leur tête. L'état de siège était général et inflexible.

La reine, son conseiller Eyrill et le général de sa petite armée Colynn passaient leur temps en haut des murailles à estimer les possibilités de fuite ou d'attaque, mais ils devaient voir les choses en face : ils n'avaient aucune chance et aucun moyen de prévenir un allier providentiel si celui-ci existait. Les réserves s'amenuisaient rapidement et le peuple menaçait de s'affaiblir rapidement. La reine ne cessait d'aller et venir parmi eux, s'assurant qu'ils tenaient le coup moralement et soignant magiquement ceux qui en avaient besoin, prenant sur elle la répercussion de leurs blessures. Rapidement, les hommes murmurèrent qu'elle serait la première à tomber à s'éreinter ainsi si l'attaque était donnée. Les regards de désapprobation ne cessaient de se multiplier chaque fois qu'elle donnait son énergie à un vieillard qui n'avait pas plus d'une année devant lui.

Au matin du cinquième jour, des haches, des épées, des dagues, des couteaux de cuisine, des instruments de jardinage, des manches à balai taillés et nombres d'autres objets furent donnés à tous, hommes, femmes, enfants et vieillards avec pour ordre de s'en servir non pas pour sauver sa peau, mais pour emporter un maximum de soldats ennemis dans la mort avec eux. Les nourrissons furent regroupés, marqués de runes de pouvoir dont personne à part la reine ne connaissait la formule et laissés à la garde de la sorcière Gavriëlle. Personne n'osa se rebeller contre la bannie quand elle ôta les enfants des bras de leurs mères de peur de subir ses foudres. Certains pensèrent même qu'elle serait la seule à survivre, Varloët la craignant autant que le reste d'Hëdyr. De cette manière, peut-être que les enfants auraient une chance de survie.

Ce jour-là, alors que le soleil se levait lentement, la reine traversa la cour d'un pas lent et un silence parfait l'entoura. Les visages étaient graves, inquiets, mais déterminés. La grande porte fut ouverte. Lylyss, princesse traitresse d'Hédir et reine de Naskor Seriken, sortit. Elle se laissa encadrer par deux soldats qui n'attendaient que sa reddition. Ils l'empoignèrent sans ménagement et… s'écroulèrent. Lylyss laissa tomber son manteau empoisonné au sol, défiant du regard les soldats qui avaient tiré leurs lames d'oser la toucher et de prendre le risque de subir le même sort. Mais ils restèrent tous à bonne distance, la laissant reculer et rejoindre son peuple qui n'avait pas laissé entendre le moindre murmure. L'assassin personnel du roi Yolën venait de retourner l'art appris sous sa coupe contre les armées de son fils. La guerre était désormais bel et bien déclarée entre les deux enfants de celui qui restait le roi d'Hédir même après sa mort.

Nul doute que face à cet affront, le roi Varloët mettrait ses armées en branle en quelques minutes et attaquerait les hauts murs de la forteresse. Les temps d'attente de et siège venaient de prendre fin. L'heure était venue de tirer les armes, de faire couler le sang et de mourir en homme libre.

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