10 juin - randonnée - saint seiya
Jun. 10th, 2010 08:11 pm![[identity profile]](https://www.dreamwidth.org/img/silk/identity/openid.png)
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Titre : Mission mal orientée
Auteur :
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Jour/Thème : 10 juin - randonnée
Fandom : Saint Seiya
Personnages : Shura, DeathMask, Milo, Camus
Rating : PG 13
Disclaimer : Tout à Masami Kurumada
Participation au vote de fin de moi : oui
Mission mal orientée
- Merde, abruti de Scorpion !
- La ferme, empailleur de têtes à pinces…
- Pinces toi-même, l’insecte !
- Milo, je dois reconnaître que nous sommes perdus entièrement par ta faute…
- Merci, Camus, t'es un vrai pote !
- Les amis, cessez de vous disputer, pensez que c'est pour la grandeur d'Athéna !
- On s'en fout de la grandeur d'Athéna, Shura. Personne ne l'a vue !
Et c'est tant mieux pour vous, songea un adolescent français anciennement traumatisé par un bébé divin aux bouclettes mauves. (1)
- DeathMask ! Tu blasphèmes !
Le quatuor cheminant ainsi avec une joyeuse camaraderie dans une montagne rude et hostile n'avait pas été formé de bon gré.
Le Grand Pope avait eu besoin de quelques assassins pour rayer de la carte un groupe de dissidents d’anciens évadés du Sanctuaire. Camus du Verseau, rompu à l'espionnage, venait de débusquer la trace des traîtres dans des montagnes des Pyrénées et attendait du renfort.
Saga aurait en temps normal désigné Milo, Aphrodite et DeathMask.
Mais Aphrodite, en mission dans son pays natal, n'était pas disponible. Saga, dans un jour gris, n'avait pas joué de machiavélisme, mais avait tiré le remplaçant au sort tout en barbotant inlassablement dans ses thermes. Tirage heureux : Pyrénées, Shura, seule la frontière hispano-française faisait la différence. Comme cela tombait bien !
Shura du Capricorne, victime désignée, avait fait la grimace de devoir collaborer avec deux débauchés notoires, psychopathe pour l'un et immature pour l'autre, mais toute épreuve était bonne à subir pour la gloire de la Déesse Athéna.
°°°
Le déplacement jusqu'à leur point de rendez-vous avec le onzième gardien s'était passé à peu près correctement, si l'on exceptait le manque de savoir-vivre de l'Italien et les étranges soupirs rêveurs du Grec.
Le Verseau, aride comme les icebergs de son lieu d'entraînement, les avait accueillis fraîchement en signalant leur retard de quarante-six minutes sur l'horaire prévu.
DeathMask avait insulté le Français en italien, Milo avait insulté l'Italien en grec, Camus avait proféré des phrases en français dont l'Espagnol ne comprit pas bien la teneur : insultes ou appels au calme ?
Leur randonnée avait donc mal commencé, et six heures plus tard continuait mal : Shura se sentait péter un câble, malgré toute la dévotion à Athéna qu'il mettait dans la mission.
Ses trois collègues, qu'il n'aimait déjà pas fréquenter séparément, se révélaient insupportables en groupe.
Camus, silencieux, tendu, concentré sur le but, marchait en avant avec une régularité impeccable.
Shura suivait, lui aussi sérieux et concentré, ce qui était un exploit car derrière, Scorpion et Cancer ne cessaient de se chamailler.
L'un disait gauche quand l'autre disait droite, l'un voulait manger quand l'autre ne le voulait pas, l’un disait champignon comestible et l’autre vénéneux, et chacun se livrait à un concours non de conquêtes féminines, mais de meurtres réussis. Les détails n'horrifièrent point le peu sensible Capricorne, mais enfin, il y avait des sujets de conversation plus exaltants.
Et Camus aurait pu en trouver des tas, mais le Verseau boudait visiblement, Athéna seule savait pourquoi. Il n'avait pas décroché un mot depuis le départ, bonjour l'asocialité.
Peut-être que ne pouvant pas se servir de son cosmos pour rester discrets, il avait trop chaud ?
- C'est le sentier de droite après le torrent ! affirma alors Milo, nez collé sur la carte.
- Non, c'est à gauche ! s'empressa de contredire le Cancer, qui croquait la dernière banane des provisions.
Camus tourna à droite, et Shura suivit.
- Merci de ta confiance, le frigide ! éructa l'Italien, vexé.
Milo ricana et dépassa le Capricorne pour venir squatter le Verseau.
- Heureusement que je suis là, hein, Camus ?
- Oui, parla enfin le Français, avec un regard dégoulinant de mépris sur DeathMask, Chevalier sans honneur et souillant les principes des protecteurs de l'humanité.
- Toi tu ne te saliras pas les mains dans le sang de ces rebelles, hein petite nature ! provoqua l'autre.
- Chacun ses aptitudes. Toi tu es un boucher, moi j'ai un cerveau.
Milo hurla de rire pendant au moins cinq minutes, et Shura se demanda s'il trouvait ça vraiment très drôle où s'il riait juste par solidarité, à cause de l'amitié le liant au Verseau.
La nuit tomba, et la soirée fût aussi désagréable que la journée, autour d'un feu maigre et de paroles aigres-douces, puis d’un égoïste aparté en français entre Milo et Camus. Shura avait la vague impression, à voir le regard torve des deux amis sur eux, de déranger. Et que s’ils avaient pu les perdre DeathMask et lui dans un ravin sans contrevenir aux ordres du Grand Pope, ils l’auraient fait.
Le sommeil le délivra provisoirement de l’atmosphère trop pesante.
°°°
Shura se réveilla à la rosée du petit matin, avec les pieds sales du Cancer dans la figure, et il constata aussitôt la disparition de Milo et de Camus.
- Death', vire tes pieds, et debout !
- Ta gueule, la chevrette d'Andalousie…
- Les autres ont disparu !
- Tiens donc, bâilla l'autre, quelle bonne nouvelle…
- Crois-tu qu'ils ont été pris dans une embuscade ?
- Ils ont dû descendre à la rivière pour se laver. Tiens, regarde, en voilà un !
Milo arrivait en effet en éclaireur, les boucles humides, le sourire plus que radieux. Son cher Camus n'était encore qu'en phase de lui accorder des baisers naïfs et des petites caresses chastes, mais c'était mieux que rien. Ah, si seulement ils étaient seuls sans ces deux crétins, et pas en mission. L’expédition punitive se transformerait en excursion d’amoureux au milieu de fleurs et de petits oiseaux.
Les deux crétins s'entre-regardèrent, surpris de la bonne humeur d'un arachnide qu'ils savaient n’être pas du matin et ronchon au lever.
Shura haussa les épaules et s'empara du lait de chèvre, DeathMask se frotta la chevelure et ricana de façon égrillarde et bourrée de sous-entendus. Ricanement redoublant à l'apparition du Verseau. Un Verseau si digne et impassible qu'on pouvait difficilement imaginer qu'il venait de se faire embrasser à tout va par son petit ami secret et récent.
Petit hypocrite, songea assez justement le Cancer. Qui savait ce qu’ils avaient fricoté pendant leur sommeil, ces deux loustics ?
- Repartons, imposa l'hypocrite.
- C'est pas toi qui dirige, gamin, se rebella l’assassin du Pope, t'es le plus jeune. T'as même pas encore dix-huit ans !
- L'âge ne fait rien à l'affaire, rétorqua polairement Camus. Les ordres sont clairs, je dois vous guider jusqu'au camp des rebelles, donc vous me suivez.
- Bien dit, ch… Camus, faillit fauter la langue fourchue du Scorpion.
- Allons-y, agréa Shura, impatient d'en finir et de retourner astiquer la statue divine de son temple.
Deux heures plus tard ils se rendaient compte de l'erreur de direction scorpionnesque, Camus s’emmura dans un silence glacé plus cinglant pour Milo que les reproches, Milo se répandit en excuses et reprit la carte pour retrouver la bonne direction, et DeathMask menaça de produire deux nouveaux masques franco/grec pour décorer son temple – dans les toilettes par exemple.
Amorçant un demi-tour pour revenir sur ses pas, Shura rêvait de les pousser tous dans le ravin, et se jura de tout faire pour éviter à l’avenir les randonnées, même pour Athéna, avec ses trois pairs si mal assortis.
°°°
(1) anecdote relatée pour le thème du 29 novembre 2009 sous le titre Divin enfant.