25 février - métamorphe - original
Feb. 25th, 2010 08:49 pm![[identity profile]](https://www.dreamwidth.org/img/silk/identity/openid.png)
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Titre : Droiture d'esprit
Auteur : Phylia
Jour/Thème : 25 février - métamorphe
Fandom : original
Personnage/Couple : Ker'hän et Marilyn
Rating : R
Disclaimer : à moi
Participation au vote de fin de mois : oui
Note : -
Ker'hän regardait la foule chahuter la jeune femme avec violence. Il préférait rester en retrait et observer les évènements de loin. Rien n'aurait été pire pour Marilyn et lui qu'il ne soit repéré. La jeune femme était maintenant menée, pieds et poings liés, en direction du bûcher dressé en son honneur. Elle était pâle comme un linge et même sans le voir, le guerrier savait que ses lèvres tremblaient malgré elle. Il ferma les yeux un instant et se souvint...
La peau hâlée de la jeune femme, son odeur épicée, la douceur de ses cheveux et son regard hypnotique… Le grondement de désir d'un homme à côté de lui le ramena à la réalité. Oui, Marilyn était belle. Même en cet instant où, affolée, perdue et désespérée, elle affrontait une mort certaine, elle gardait sa magnifique beauté sauvage. Il vit l'un des seigneurs attraper la pauvre femme par les cheveux et la tirer vers le monceau de bois. Il lui lia les poignets à une poutre d'où elle n'avait aucune chance de fuir en lui susurrant des mots avec un sourire narquois. Certainement une dernière série d'injures humiliantes visant à briser définitivement toute résistance de la part de Marilyn. Ker'hän se permit un sourire de fierté caché par sa capuche en songeant que ces abrutis n'auraient pas aussi facilement raison de la jeune esclave.
Une fois de plus, il laissa ses paupières se clore. Peut-être arriverait-il à oublier la cruauté de la situation ainsi. Peut-être oublierait-il qu'il s'apprêtait à regarder la femme qu'il chérissait le plus brûler sans rien dire. Peut-être oublierait-il la boule au fond de son estomac qui menaçait de le tuer de remords. Peut-être oublierait-il aussi celle qui l'empêchait maintenant de respirer calmement.
Il était chez lui, dans son clan. Il se devait de suivre les lois. Il se devait de les appliquer. Et Marilyn était une esclave de l'Empire, une esclave qui n'avait pas voulu se laisser dominer par le chef de clan, une habitante de l'Empire qui leur avait infligé tant de douleur... Elle devait mourir. Pour l'exemple, pour la justice, pour la fierté de la famille et pour le désir de vengeance de tous ceux qui s'étaient rassemblés.
Mais lui, il aimait la jeune esclave. Il savait ce qu'elle était, comment elle l'était devenue et de quelle manière elle avait failli perdre la vie pour acquérir sa liberté. Ker'hän soupira. Elle avait survécu. Elle avait tout perdu, son honneur, sa fierté, sa confiance en soi. Mais elle avait survécu. Et c'était devenu sa nouvelle fierté, le moyen de rétablir son honneur et de reprendre confiance.
Pourtant, aujourd'hui, elle allait tout perdre à nouveau... et la vie avec. Tout ça à cause de lui. À cause de son peuple et de ses lois.
"Ce sont des principes qui te sont chers, je les accepte comme tels et je m'y plierai sans que tu n'aies à le demander", avait-elle dit la veille quand il était venu lui parler une dernière fois. Il se souvenait encore de la honte qu'il avait ressentie quand, dans un élan inexplicable, il lui avait demandé de le pardonner pour ce qu'il avait fait. Parce que sans lui, personne n'aurait su qui elle était ni qui elle avait été. Et elle aurait pu demander réparation pour l'affront qui lui avait été fait plutôt que de devoir être mise à mort.
Personne ne devrait avoir à s'avouer coupable de se protéger contre un viol. Personne ! Le soldat leva les yeux pour croiser le regard du chef de clan. Le bras toujours en écharpe suite au coup de poignard qu'il avait reçu, il prenait un plaisir visible au spectacle préparé en son honneur. Ker'hän haïssait cet homme vil et profiteur. S'il n'avait pas eu la mauvaise idée de le laisser seul en compagnie de Marilyn, tout ça ne serait jamais arrivé. Il le haïssait depuis qu'il avait fait bannir son maître d'armes. Ker'hän avait encore du mal à se souvenir de l'homme qui lui avait tout enseigné du maniement des armes sans être pris d'une haine indéfectible à l'égard de son chef de clan. Le maître d'armes avait seulement voulu défendre un enfant et s'était retrouvé exclu de la communauté qu'il avait passé sa vie à défendre. Il se rappelait encore des dernières paroles que l'homme avait prononcées avant de les quitter quand Ker'hän avait exprimé son trouble et son incompréhension de la situation : "Droiture d'esprit et respect de la morale sont les bases de la justice."
Il ne les avait jamais réellement comprises. Il savait ce que cela signifiait, bien sûr, mais ne comprenait toujours pas pourquoi le maître d'armes avait dit cela en acceptant le destin qui l'attendait sans protester.
"Droiture d'esprit et respect de la morale sont les bases de la justice."
Plus loin devant, l'homme portant la torche pour embraser le bûcher approchait. Ker'hän crispa la mâchoire et serra les poings à s'en faire blanchir les articulations. Où étaient la droiture d'esprit et la morale dans cette histoire ? Au nom de quelle justice étriquée une femme devait-elle mourir pour s'être refusée à un homme déjà marié ? Ker'hän se retrouva soudain empli d'une rage folle. Marilyn acceptait une justice qui n'était pas la sienne seulement parce qu'elle ne voulait pas faire défaut à la justice du clan. Mais où se trouvait le juste quand lui-même n'y croyait plus ?
Il fit un pas en avant. "Droiture d'esprit..." Les siens perdaient tout le sens des choses par simple désir de vengeance. Ses pas le guidaient sans qu'il n'en soit conscient directement vers le bûcher, certains se retournaient sur son passage. "... et respect de la morale..." Mais quelle morale est celle qui ne permet pas de vivre libre de ses choix ? Il entendit le chef crier pour qu'on l'arrête et les soldats hésiter à s'opposer à l'un des leurs. "... sont les bases de la justice." Et la justice, c'était ce en quoi il croyait pour lui et les siens, rien de plus.
Il bondit en avant, ses mains devenant des pattes aux griffes acérées, son visage se recouvrant d'une fourrure aussi noire que le poison qui étouffait son âme. Il vit le sourire rassuré de Marilyn quand, panthère, il arriva souplement à ses côtés. Deux hommes courraient vers eux. Un bond, une gorge déchirée, un visage lacéré. La folie le guidait et il ne sut pas vraiment de quelle manière il se retrouva à courir en direction de la forêt, sa compagne à ses côtés, fuyant les soldats de sa propre famille. Mais son âme et sa raison étaient en paix.
Auteur : Phylia
Jour/Thème : 25 février - métamorphe
Fandom : original
Personnage/Couple : Ker'hän et Marilyn
Rating : R
Disclaimer : à moi
Participation au vote de fin de mois : oui
Note : -
Ker'hän regardait la foule chahuter la jeune femme avec violence. Il préférait rester en retrait et observer les évènements de loin. Rien n'aurait été pire pour Marilyn et lui qu'il ne soit repéré. La jeune femme était maintenant menée, pieds et poings liés, en direction du bûcher dressé en son honneur. Elle était pâle comme un linge et même sans le voir, le guerrier savait que ses lèvres tremblaient malgré elle. Il ferma les yeux un instant et se souvint...
La peau hâlée de la jeune femme, son odeur épicée, la douceur de ses cheveux et son regard hypnotique… Le grondement de désir d'un homme à côté de lui le ramena à la réalité. Oui, Marilyn était belle. Même en cet instant où, affolée, perdue et désespérée, elle affrontait une mort certaine, elle gardait sa magnifique beauté sauvage. Il vit l'un des seigneurs attraper la pauvre femme par les cheveux et la tirer vers le monceau de bois. Il lui lia les poignets à une poutre d'où elle n'avait aucune chance de fuir en lui susurrant des mots avec un sourire narquois. Certainement une dernière série d'injures humiliantes visant à briser définitivement toute résistance de la part de Marilyn. Ker'hän se permit un sourire de fierté caché par sa capuche en songeant que ces abrutis n'auraient pas aussi facilement raison de la jeune esclave.
Une fois de plus, il laissa ses paupières se clore. Peut-être arriverait-il à oublier la cruauté de la situation ainsi. Peut-être oublierait-il qu'il s'apprêtait à regarder la femme qu'il chérissait le plus brûler sans rien dire. Peut-être oublierait-il la boule au fond de son estomac qui menaçait de le tuer de remords. Peut-être oublierait-il aussi celle qui l'empêchait maintenant de respirer calmement.
Il était chez lui, dans son clan. Il se devait de suivre les lois. Il se devait de les appliquer. Et Marilyn était une esclave de l'Empire, une esclave qui n'avait pas voulu se laisser dominer par le chef de clan, une habitante de l'Empire qui leur avait infligé tant de douleur... Elle devait mourir. Pour l'exemple, pour la justice, pour la fierté de la famille et pour le désir de vengeance de tous ceux qui s'étaient rassemblés.
Mais lui, il aimait la jeune esclave. Il savait ce qu'elle était, comment elle l'était devenue et de quelle manière elle avait failli perdre la vie pour acquérir sa liberté. Ker'hän soupira. Elle avait survécu. Elle avait tout perdu, son honneur, sa fierté, sa confiance en soi. Mais elle avait survécu. Et c'était devenu sa nouvelle fierté, le moyen de rétablir son honneur et de reprendre confiance.
Pourtant, aujourd'hui, elle allait tout perdre à nouveau... et la vie avec. Tout ça à cause de lui. À cause de son peuple et de ses lois.
"Ce sont des principes qui te sont chers, je les accepte comme tels et je m'y plierai sans que tu n'aies à le demander", avait-elle dit la veille quand il était venu lui parler une dernière fois. Il se souvenait encore de la honte qu'il avait ressentie quand, dans un élan inexplicable, il lui avait demandé de le pardonner pour ce qu'il avait fait. Parce que sans lui, personne n'aurait su qui elle était ni qui elle avait été. Et elle aurait pu demander réparation pour l'affront qui lui avait été fait plutôt que de devoir être mise à mort.
Personne ne devrait avoir à s'avouer coupable de se protéger contre un viol. Personne ! Le soldat leva les yeux pour croiser le regard du chef de clan. Le bras toujours en écharpe suite au coup de poignard qu'il avait reçu, il prenait un plaisir visible au spectacle préparé en son honneur. Ker'hän haïssait cet homme vil et profiteur. S'il n'avait pas eu la mauvaise idée de le laisser seul en compagnie de Marilyn, tout ça ne serait jamais arrivé. Il le haïssait depuis qu'il avait fait bannir son maître d'armes. Ker'hän avait encore du mal à se souvenir de l'homme qui lui avait tout enseigné du maniement des armes sans être pris d'une haine indéfectible à l'égard de son chef de clan. Le maître d'armes avait seulement voulu défendre un enfant et s'était retrouvé exclu de la communauté qu'il avait passé sa vie à défendre. Il se rappelait encore des dernières paroles que l'homme avait prononcées avant de les quitter quand Ker'hän avait exprimé son trouble et son incompréhension de la situation : "Droiture d'esprit et respect de la morale sont les bases de la justice."
Il ne les avait jamais réellement comprises. Il savait ce que cela signifiait, bien sûr, mais ne comprenait toujours pas pourquoi le maître d'armes avait dit cela en acceptant le destin qui l'attendait sans protester.
"Droiture d'esprit et respect de la morale sont les bases de la justice."
Plus loin devant, l'homme portant la torche pour embraser le bûcher approchait. Ker'hän crispa la mâchoire et serra les poings à s'en faire blanchir les articulations. Où étaient la droiture d'esprit et la morale dans cette histoire ? Au nom de quelle justice étriquée une femme devait-elle mourir pour s'être refusée à un homme déjà marié ? Ker'hän se retrouva soudain empli d'une rage folle. Marilyn acceptait une justice qui n'était pas la sienne seulement parce qu'elle ne voulait pas faire défaut à la justice du clan. Mais où se trouvait le juste quand lui-même n'y croyait plus ?
Il fit un pas en avant. "Droiture d'esprit..." Les siens perdaient tout le sens des choses par simple désir de vengeance. Ses pas le guidaient sans qu'il n'en soit conscient directement vers le bûcher, certains se retournaient sur son passage. "... et respect de la morale..." Mais quelle morale est celle qui ne permet pas de vivre libre de ses choix ? Il entendit le chef crier pour qu'on l'arrête et les soldats hésiter à s'opposer à l'un des leurs. "... sont les bases de la justice." Et la justice, c'était ce en quoi il croyait pour lui et les siens, rien de plus.
Il bondit en avant, ses mains devenant des pattes aux griffes acérées, son visage se recouvrant d'une fourrure aussi noire que le poison qui étouffait son âme. Il vit le sourire rassuré de Marilyn quand, panthère, il arriva souplement à ses côtés. Deux hommes courraient vers eux. Un bond, une gorge déchirée, un visage lacéré. La folie le guidait et il ne sut pas vraiment de quelle manière il se retrouva à courir en direction de la forêt, sa compagne à ses côtés, fuyant les soldats de sa propre famille. Mais son âme et sa raison étaient en paix.