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Titre: Requiem pour un ange (Partie deux)
Auteur: chibi_usagui
Jour/Thème: 13 décembre – (500) jours ensemble
Fandom: Saint Seiya
Couple : Milo x Camus
Rating: PG 13
Disclaimer : Tout à Masami Kurumada, Shueisha, Toei.
Participation au vote de fin de mois : Non
Warning : Univers Alternatif, guimauve, parodie de divers films d’anges.Lire d'abord la partie un pour s'y retrouver.
– N'as-tu donc pas, Seigneur, assez d'anges aux cieux ? Victor Hugo, Odes et Ballades
Requiem pour un ange (Partie deux)
Milo, réveillé tard, a souri de bien-être, puis a froncé le nez, amusé. Camus dort encore profondément, enroulé en chien de fusil, et ses ailes réapparues vagabondent jusqu'au plancher. Un peu gêné, il a effleuré la traînée écarlate sur l'entrejambe de celui qui est devenu son amant.
Il a défloré un ange. Il a fait couler le sang d'un ange.
Il a un peu de mal à y croire. Comment a-t-il osé perpétrer ce blasphème ?
Camus geint. Ilse réveille, et rencontre l’azur tendre des prunelles de Milo.
- Bonjour mon amour…
Camus cligne des paupières, bat des cils. Son corps étonnamment courbaturé lui paraît étranger, et il grimace en se blottissant contre Milo.
- Mon Milo…
- Dis-donc, plaisante le Grec, t'as le sommeil lourd pour un ange.
- Ce n'est pas naturel. Mais puisque je n'avais jamais… jamais…
Milo sourit, ému de voir le rosissement inhabituel des joues de l'ange.
- Heu, jamais… enfin, ça a dû me faire dormir.
Camus agite ses ailes pour les dégourdir et les défroisser, laissant quelques plumes tomber sur le tapis. Milo a des petits soubresauts de rire quand la pointe de l'aile droite de son ange s'amuse à lui titiller les pieds.
- Aieuh, arrête ! Je suis très chatouilleux, tu sais ?
- Non, je ne le savais pas, taquine à son tour Camus. Mais c'est bon à savoir !
Camus a continué à utiliser ses ailes pour chatouiller son partenaire, et Milo a couru et s'est roulé, hilare, dans tous les coins de la pièce.
- Stop, stop ! Tricheur ! Je ne peux pas échapper à tes ailes, moi !
Prenant pitié des pommettes écarlates et des grosses larmes de rire qui coulent des yeux de Milo, l''ange finit par les ranger, ses ailes, et recommence à se frotter les reins.
- C'est drôle… Ça fait… bizarre.
Inquiet, Milo se rapproche.
- Désagréable ?
- Oh oui.
- Tu as mal ? Hier…
- C'est ça… avoir mal ? Ça… pince.
- Ah bah oui, constate le Grec. C'est ça, la douleur. La première fois, moi j'ai eu assez mal… Ne te tracasse pas, c'est naturel. J'ai fait le plus doucement possible tu sais, et…
- Oui, je sais. Ce n'est pas grave alors… Je vais prendre une douche.
- Vouai, agrée Milo en se mordillant les lèvres, la moue polissonne. Plus tard… On en prendra une fois une, ensemble, de douche, hein ?
Camus rougit davantage, et s'empresse de se réfugier dans la salle de bains. Milo est si optimiste tout à coup, si confiant.
L'ange, lui, ignore s'ils auront droit à un " plus tard ".
Radieux, Milo a ouvert les rideaux et a bâillé de fatigue heureuse. Un cri étouffé provenant de la pièce voisine le sort de cet état de transe béate, et il se précipite dans la salle de bains.
Camus est sorti de la douche, les cheveux trempés, les pupilles dilatées de stupeur. Milo l'inspecte rapidement des pieds à la tête, mais ne remarque rien.
- Camus ?
Penaud, Camus frissonne. Il claque même des dents.
- Mon amour !
- J'ai froid.
- Normal, chou, tu sors d'une douche froide…
- J'ai froid ! répète Camus, au bord des larmes.
Inquiet, Milo a entouré son ange d'une grande serviette éponge d'un bleu aussi profond que ses yeux, et le frictionne. Camus a l'air en état de choc, et le jeune Grec ne comprend pas pourquoi.
- C'est quoi le problème, Camus ?
- Ce n'est pas normal ! Je ne ressens jamais de sensations comme ça. Je n'ai jamais trop froid ou trop chaud.
- Ben faire l’amour avec moi a dû perturber ton métabolisme d’ange…
Milo a rassuré Camus, tellement bien qu’il l’a réchauffé à sa manière.
***
Au fil des jours, Camus a découvert la fatigue, la faim et la douleur. Les manifestations se sont marquées de plus en plus. Certaines, comme la satisfaction d'apprécier vraiment la nourriture quand son estomac gronde sont agréables, d'autres comme avoir la chair de poule où avoir un bleu en se cognant à un meuble sont plus gênantes.
Mais il a juste espéré que ça allait passer. Après tout, ils n'étaient pas venus le foudroyer sur place pour avoir manqué à son devoir d'ange gardien. Shaka n'était pas venu le ramener par le bout des ailes.
Milo vit bien comme ça, alors pourquoi pas lui ? Il s'habituera. Il apprendra à faire les choses de la vie courante sans pouvoir, à la manière des humains. Il n'utilisera plus ses ailes pour rejoindre les nuages.
Et puis, Camus se sent incapable d'abandonner Milo. Parce que pour lui c'est son compagnon désormais, son âme sœur, et tant pis pour leur différence de condition. Et parce qu'il a découvert l'amour et le plaisir aussi… Aucun paradis, aucun nuage, aucune immortalité ne vaut ces instants où Milo l’embrasse, caresse son corps, et le possède en lui murmurant des mots tendres.
Milo est inquiet aussi, sans trop en parler à Camus. Il vit cette semaine de lune de miel sur des charbons ardents, guettant la moindre intrusion.
Dans un sens, il est encore plus méfiant parce qu'aucun trouble-fête céleste n'est venu ordonner à son ange de rentrer. Ce n'est pas normal.
Una autre bizarrerie est très vite apparue, un jour de grand soleil.
- Ah, j'adore le soleil, se délecte Milo. Ça remonte le moral !
Camus a souri, occupé à observer les passants du balcon. Milo est tellement juvénile et enthousiaste.
Puis il a eu un cri de douleur. Le dos de sa main et son avant-bras se sont mis soudain à le brûler affreusement, et il a vu sa peau translucide virer au rouge, puis grésiller très désagréablement, et des petites cloques apparaître.
Milo a poussé un hurlement d'angoisse, et a tiré Camus loin du balcon.
- Mon ange !
Interloqué, les traits contractés de douleur, Camus a laissé Milo s’occuper de sa blessure. Est-ce une attaque divine ?
Milo s'est affairé un long moment à tartiner de Biafine la peau brûlée, et a entouré délicatement la main et l'avant-bras de Camus de bandes de gaze.
- Tu as encore très mal ?
- Non, ça va mieux. Merci, Milo.
- Je ne comprends pas. On est encore sorti hier…
- Il n'y avait pas de soleil si fort, hier…
- Tu crois que c'est ça ?
Milo s'est intrigué, mais au final cela lui paraît plausible.
- Ben, reprend-il la parole. Les anges doivent avoir la peau plus sensible que les humains… Il te faut sans doute le temps de t'adapter, maintenant que tu as de moins en moins de pouvoirs…
- Oui… Pardon, Milo…
Milo s'est indigné aussitôt.
- T'as rien fait de mal !
- Je voudrais qu'on soit juste un couple normal… C'est pas drôle pour toi, un petit ami qui ne sait pas ce qu'il va lui tomber sur la tête comme effets secondaires…
- Si ça se trouve, ils t'ont juste viré du ciel et tu deviens un humain.
- J'aimerais que tu aies raison, Milo.
- J'ai toujours raison ! affirme le Grec, sûr de lui. C’est logique. C’est une punition pour eux sans doute, de devoir vivre comme un mortel.
- Mais comment je vais faire pour trouver du travail, si je ne peux pas sortir ? se soucie soudain Camus, qui avait envisagé avec joie de continuer son travail avec Milo, à la librairie.
Milo a embrassé son ange sur le front, embêté pour lui mais encourageant.
- C’est pas grave… Je peux très bien travailler pour deux… Tu sais que j’ai des économies. On verra après, quand tu seras habitué…
- Je n’aime pas l’idée de vivre à tes crochets…
- Sois patient, ça ira mieux à près…
Camus aimerait bien croire son amant, mais en doute.
***
Milo est parti dans la matinée après s’être assuré que la brûlure de Camus guérissait bien. Il lui a semblé que cela mettait beaucoup trop de temps à cicatriser mais il n’a pas osé en parler. Il ne veut pas effrayer son ange, qui a prfois l’air de vivre dans l’attente d’un jugement et d’un châtiment divin. Il n’aime pas le laisser sans protection non plus, et décide de demander des congés à son patron plutôt cool.
Il est revenu le soir, ravi. Il est en vacances.
Rentrer chez lui a effacé brusquement son sourire. L’appartement paraît désert, sombre, et une fois la lumière allumée, Milo pâlit. Le salon est jonché de plumes blanches, bien davantage que quand Camus secoue simplement ses ailes comme un animal secoue son pelage.
- Camus ! hurle-t-il, paniqué à l’idée que l’on soit venu emmener son ange de force.
Il trébuche dans les plumes qui ornent aussi les couloirs, jusqu’à retrouver enfin son ange dans leur chambre à coucher, allongé sur leur lit, et hoquetant de douleur et de chagrin.
- Camus !
Milo a allumé la lampe, et a poussé un cri d’horreur. Le dos nu de Camus et la couette sont plein de sang, qui a coulé de deux plaies symétriques.
- Milo… j’ai… j’ai perdu mes ailes, explique Camus, venant se jeter dans ses bras.
Milo se sent coupable, horriblement, devant les blessures sanguinolentes du dos de son amant. Perdre ses ailes, ça doit être une amputation horrible pour son ange.
- Oh mon Camus…
- Elles sont parties… Je ne peux plus retourner là-haut, maintenant…
- Tu m'en veux parce que tu es coincé sur terre ?
- Non, proteste Camus. Je ne voulais plus repartir sans toi, de toute manière. Mais j'ai peur…
- Tu sais, essaye de le consoler Milo, ça paraît assez long, une vie d'humain ordinaire… Et puis, je suis là. Je t'aimerai tellement que tu ne regretteras pas les nuages et ton paradis.
- Il y aura autre chose. Ils ne me laisseront pas comme ça… J'ai cédé à la tentation… Je me suis damné !
- T'inquiètes pas, Camus… Je te protégerai du diable en personne.
Camus a grimacé de déplaisir.
- Ne mentionne pas le… enfin, pas ce nom devant moi…
- Oups.
Milo a passé la soirée à soigner le dos mutilé de son ange, et à lui faire plein de câlins pour le réconforter. Il est déterminé à ce que Camus ne regrette jamais son choix dangereux.
***
Milo en est à la moitié de son roman. Il croit Camus quand son petit ami lui affirme que cette fois sera la bonne, qu'il trouvera un éditeur. D'ailleurs, il sait où s'adresser le moment venu.
Milo est heureux presque à en mourir, et cela le rassure de discerner le même bonheur sur la figure désormais plus expressive de son ange.
Juillet s'égrène, et le Grec se rend compte que cela fait déjà près de cent soixante dix jours qu'il connaît son amoureux céleste. C'est fou comme le temps passe.
Les blessures dues à la perte des ailes de son ange se sont enfin refermées, laissant deux larges cicatrices sur ses omoplates, qui ne sont pas très esthétiques mais rappellent à Milo le sacrifice immense que Camus a osé subir rien que par amour pour lui.
Bien que Camus reste confiné dans l'appartement jusqu'au coucher du soleil, car sa peau reste toujours aussi sensible et la chaleur de juillet est infernale, les deux amants n'en souffrent pas trop.
Milo rage un peu chaque matin de devoir continuer à aller travailler – il ne peut pas être tout le temps en congé -, de devoir abandonner son ange toujours fatigué entre les draps de leur lit, mais en même temps il se dit que c'est pour Camus.
Camus a ragé aussi, mais de ne toujours pas pouvoir gagner sa part d'argent en tant qu'humain ordinaire. Il se sent inutile et bon à rien sans pouvoirs.
Parfois ses amis anges lui manquent un peu, mais Milo lui a promis d'inviter ses copains à lui quand tout le monde sera libre en même temps. Il paraît très fier à l'idée de le présenter comme son petit ami officiel.
Pour s'occuper, Camus s'est mis à apprendre la cuisine humaine, ce qui s'est révélé très salissant et difficile. Mais Milo dévore toujours joyeusement le produit de ses expériences, et Camus se demande si le Grec le fait pour ne pas le vexer où si son aveuglement amoureux s'étend à ses papilles gustatives.
***
L'ange s'est cru enfin tranquille, mais il se trompait. Il s'en est rendu compte bêtement, en s'entaillant le poignet avec un grand couteau de cuisine qui désirait visiblement dévier de sa trajectoire. Le sang a jailli et Camus a tout de suite mis la blessure sous le robinet d'eau, mais cela n'a rien amélioré.
Milo, rentrant tout content du travail, l'a trouvé un quart d'heure plus tard, et a poussé un hurlement devant le désastre.
- Camus !
L'ange, exsangue, est entouré d'éclaboussures écarlates, et lève un regard brumeux sur son amant.
- Milo… Ça ne s'arrête pas… Ce n'est… pas si profond pourtant mais…
Milo n’a vu d’autre solution que de réclamer une ambulance.
***
Milo se ronge les ongles dans la salle d'attente des urgences. On lui a arraché Camus évanoui, et sans s'occuper de sa détresse on l'a planté là.
- Milo ?
Le Grec a cru à un médecin, mais en fait c’est Shaka, l’ange qui a déjà fait la morale à son Camus, qui apparaît, déguisé en interne.
- Qu'est-ce que vous foutez là, vous ? a agressé aussitôt Milo. Laissez-nous tranquille ! Je ne vous laisserai pas punir mon Camus !
Shaka a juste mis ses mains dans les poches de sa blouse blanche, le visage neutre, mais les yeux chargés de reproches.
- Camus s'est puni lui-même. Céder à sa passion pour toi l'a conduit à détruire son corps.
- Hein ?
- Je suis ici pour couvrir ses bêtises. Tu l'as amené à l'hôpital sans te demander si cela n'allait pas poser de problèmes, n'est-ce pas ?
- Quels problèmes ?
- Camus n'est plus un ange, c'est avéré. Mais il n'est pas un humain non plus. Il n'a aucune existence légale, et son sang n'a aucun groupe sanguin connu sur terre. Si on le transfuse, il mourra d'office.
- Mais...
Milo a hurlé. Dans son esprit, il ne fait aucun doute que cet ange " collègue " de Camus a trouvé ce moyen de se débarrasser discrètement du rebelle.
Se retrouver paralysé par le pouvoir de Shaka n'a fait que le paniquer davantage.
- Laissez-moi passer ! Je dois le voir… Ne le tuez pas… Camuuus !
- Je me suis arrangé pour régler les paperasses administratives. Pour intervertir le sang aussi. On est en train de lui transfuser le mien. Cela va lui redonner un peu de forces. En toute discrétion. Mais ce n'est qu'un répit.
- Mais…
Milo a pâli. Ce Shaka paraissait sincère.
- Mais il doit y avoir un moyen ! Si je… je renonce à lui… je…
Tant pis pour son cœur après tout… Ce serait égoïste… Son ange doit vivre.
- C'est trop tard, le coupe lapidairement Shaka. Camus a fauté, il a perdu son statut d'ange et ses facultés. Il ne peut plus les récupérer.
- Je m'en fous, défie le Grec. Il est humain, soit, et il ne vous appartient donc plus. Je le rendrai heureux…
- Camus est en train de mourir, Milo. Tu l'as tué, c'est tout.
- C'est faux ! Il va bien ! On est très heureux. C'est vous qui le punissez !
- Non, Milo, ce n'est pas notre œuvre. Son corps reste celui d'un ange. Fragile, volatil. La terre est un lieu trop rude pour qu'il y vive longtemps sans la protection de ses pouvoirs. Et l'amour exclusif et passionné qu'il a pour toi, un humain qu'il devait juste guider, est un sentiment qu'un ange est incapable d'abriter sans en souffrir à long terme.
Si Shaka n’était pas un être surnaturel et intouchable, Milo lui ficherait bien son poing sur la figure. A la place, il grommelle des insanités et part rejoindre son ange pour le ramener à la maison. Il est certain que cette tête à claques de blondinet se trompe. Il est certain que l’amour peut surpasser la mort. Il veut en être certain pour ne pas sombrer dans le désespoir.
***