10 novembre - premiers pas - lovecraft
Nov. 10th, 2009 08:53 pm![[identity profile]](https://www.dreamwidth.org/img/silk/identity/openid.png)
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Titre: Les méditations de l’âge
Auteur:
petite_dilly
Jour/Thème: 10 novembre – premiers pas
Fandom: Lovecraft + allusion à une des phobies de l’auteur.
Personnage/Couple: originaux (enfin façon de parler lol)
Rating: PG
Disclaimer : Lovecraft aimait qu’on fasse mumuse avec son univers, alors je suppose que j’ai sa permission…
Participation au vote de fin de mois: Non
Mon vieil ami,
Tu sais qu’un certain nombre de philosophes et penseurs placèrent l’origine des maux les plus terribles dans la première période de notre vie : l’enfance.
L’incompréhensible passage du néant aux premières et confuses sensations presque sans conscience, l’expulsion brute du liquide protecteur vers l’air libre, sa froideur, ses bruits inexpliqués et terrifiants, nous avons tous connu ces premières épreuves.
Parvenir à observer le monde et à en quelque sorte s’y mouler pour accomplir des actes aussi simples que se nourrir, saisir, marcher – actes qui sont pour nous aujourd’hui anodins, mais qui pour un enfant constituent une totale nouveauté… Il me semble que nous sommes parfois trop durs avec la jeunesse, oubliant les périls feutrés que nous avons dû nous-mêmes affronter par le passé.
Mais c’était il y a si longtemps que nous regardons à présent les nouveaux-nés comme des intrus, perturbateurs et jeunes fous.
Vois, ma mémoire n’est peut-être pas si défaillante : je me souviens d’un de ces premiers dangers sources de persistantes blessures…
Tu sais que je ne peux supporter le froid.
Sans doute premièrement par la faute du choc premier de ma naissance, qui m’a jeté hors du liquide chaud matriciel, pour aussitôt sentir sur mon derme un air dur et piquant.
Mais cela, je ne m’en souviens plus, comme aucun de nous.
Ce dont je me rappelle avec précision, ce sont mes tristes efforts pour marcher.
C’était en hiver, et mon tuteur m’emmenait toujours dehors, pour fortifier mes membres disait-il. La neige recouvrait jusqu’aux buissons et mon esprit frissonnait en butte à des sensations inconnues et au désespoir qui me saisissait alors que malgré toute ma volonté, je trébuchais invariablement et finissais par ramper à nouveau, quand je ne me roulais pas par terre de désespoir.
Certains prétendent que notre génération est décadente, et que faibles et lâches comme nous sommes, nous ne retrouverons jamais le prestige d’antan.
C’est peut-être le cas…
Je garde encore imprimé dans ma mémoire comme une photographie, ce cadre flageolant de mon regard obstinément braqué sur la neige, où je trébuchais en rond tel le dernier des serviteurs, rampant sur les empreintes triangulaires parfaitement nettes laissées par mon tuteur.
Cela fait maintenant plusieurs milliers d’années de cela, mais comme si j’étais moi aussi fait de neige, j’en ressens encore une certaine douleur, dans mes bras et dans mes ailes.
Tu dois bien reconnaître là mon habituelle sensibilité si peu raisonnable... Mais il est tard, et de tout cela je serai heureux de pouvoir discuter avec toi à la bibliothèque, la prochaine fois que nous nous verrons.
Ton ami dévoué,
Shkl-khn,
le 40ème jour de l’été,
année de l’archontat Nam-Hathoth.
Auteur:
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Jour/Thème: 10 novembre – premiers pas
Fandom: Lovecraft + allusion à une des phobies de l’auteur.
Personnage/Couple: originaux (enfin façon de parler lol)
Rating: PG
Disclaimer : Lovecraft aimait qu’on fasse mumuse avec son univers, alors je suppose que j’ai sa permission…
Participation au vote de fin de mois: Non
Mon vieil ami,
Tu sais qu’un certain nombre de philosophes et penseurs placèrent l’origine des maux les plus terribles dans la première période de notre vie : l’enfance.
L’incompréhensible passage du néant aux premières et confuses sensations presque sans conscience, l’expulsion brute du liquide protecteur vers l’air libre, sa froideur, ses bruits inexpliqués et terrifiants, nous avons tous connu ces premières épreuves.
Parvenir à observer le monde et à en quelque sorte s’y mouler pour accomplir des actes aussi simples que se nourrir, saisir, marcher – actes qui sont pour nous aujourd’hui anodins, mais qui pour un enfant constituent une totale nouveauté… Il me semble que nous sommes parfois trop durs avec la jeunesse, oubliant les périls feutrés que nous avons dû nous-mêmes affronter par le passé.
Mais c’était il y a si longtemps que nous regardons à présent les nouveaux-nés comme des intrus, perturbateurs et jeunes fous.
Vois, ma mémoire n’est peut-être pas si défaillante : je me souviens d’un de ces premiers dangers sources de persistantes blessures…
Tu sais que je ne peux supporter le froid.
Sans doute premièrement par la faute du choc premier de ma naissance, qui m’a jeté hors du liquide chaud matriciel, pour aussitôt sentir sur mon derme un air dur et piquant.
Mais cela, je ne m’en souviens plus, comme aucun de nous.
Ce dont je me rappelle avec précision, ce sont mes tristes efforts pour marcher.
C’était en hiver, et mon tuteur m’emmenait toujours dehors, pour fortifier mes membres disait-il. La neige recouvrait jusqu’aux buissons et mon esprit frissonnait en butte à des sensations inconnues et au désespoir qui me saisissait alors que malgré toute ma volonté, je trébuchais invariablement et finissais par ramper à nouveau, quand je ne me roulais pas par terre de désespoir.
Certains prétendent que notre génération est décadente, et que faibles et lâches comme nous sommes, nous ne retrouverons jamais le prestige d’antan.
C’est peut-être le cas…
Je garde encore imprimé dans ma mémoire comme une photographie, ce cadre flageolant de mon regard obstinément braqué sur la neige, où je trébuchais en rond tel le dernier des serviteurs, rampant sur les empreintes triangulaires parfaitement nettes laissées par mon tuteur.
Cela fait maintenant plusieurs milliers d’années de cela, mais comme si j’étais moi aussi fait de neige, j’en ressens encore une certaine douleur, dans mes bras et dans mes ailes.
Tu dois bien reconnaître là mon habituelle sensibilité si peu raisonnable... Mais il est tard, et de tout cela je serai heureux de pouvoir discuter avec toi à la bibliothèque, la prochaine fois que nous nous verrons.
Ton ami dévoué,
Shkl-khn,
le 40ème jour de l’été,
année de l’archontat Nam-Hathoth.