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Auteur : KTL
Jour/Thème : 12/13 novembre - Je peux dormir avec toi ?/Maintenant ou jamais
Fandom : Bleach
Personnage/Couple : Ichigo/Rukia
Rating : PG
Disclaimer : Tout à Kubo.
Notes : Se situe quelque part entre le tome 4 et le 7.
Vote de fin de mois : Oui.
Dehors, l’orage se déchaîne et Ichigo est bien content qu’aucun hollow ne l’ait forcé à affronter la pluie battante. Le bruit des gouttes se mêle à celui du tonnerre ; les souvenirs des jours de pluie ressurgissent, comme toujours, avec leur lot de souffrances rentrées, alors il préfère se concentrer sur ce qui a été son coup de tonnerre dans un ciel pas si serein que ça - coup de tonnerre qui se terre actuellement au fond de son placard, anormalement silencieux.
« -T’as peur ? fait-il, un peu moqueur - mais un peu seulement.
-Ferme-la. » lui répond élégamment Rukia qui a, au contact de ses camarades de classe, a tout appris des arcanes du langage moderne. Sa voix est étouffée par le bois, mais il est certain de l’avoir entendue vibrer un peu.
« -Je ne dors pas, tu sais.
-Tu es sûr ? Tu me fais souvent la conversation, dans ton sommeil. »
Ichigo rougit brusquement (qu’est-ce qu’il a bien pu lui raconter ? merde, si on ne peut même plus se faire confiance à soi-même !), essaie de se convaincre qu’elle se moque de lui (c’est vrai quoi ! quand bien même il parlerait dans son sommeil, il n’y a aucune raison qu’il s’adresse en priorité à elle !), puis reprend d’un ton faussement assuré (il ne va quand même pas la laisser croire qu’elle a réussi son coup) :
« -Je voulais dire : je ne dors pas, tu peux venir discuter, au lieu de te cacher au milieu de mes fringues. »
Un blanc, puis, poussant un soupir pour faire bonne mesure, Rukia ouvre la porte du placard et vient gracieusement s’asseoir en tailleur au bout du lit d’Ichigo.
« -Bonsoir. » fait-elle.
Il hoche la tête. Dehors, la pluie se fait plus violente et, inconsciemment, il frissonne ; Rukia lui jette un regard empli de pitié et de tristesse qu’il ne capte pas, tourné comme il l’est vers la fenêtre, et spontanément, parce qu’il a l’air si accablé que c’en est pénible, elle se rapproche un peu. A ce moment, un grand roulement se fait entendre, et elle sursaute avec un léger cri ; la foudre éclaire leurs visages alors que leurs yeux se croisent.
Maintenant ou jamais.
« -Je... »
L’instant est brisé, ils se fixent en chiens de faïence.
« -Vas-y, fait Ichigo.
-Je t’en prie, lui dit-elle.
-Les femmes d’abord.
-Le propriétaire a le droit de s’exprimer en premier.
-Je te le cède. »
Elle baisse le regard.
« -Rien.
-Ah.
-Et toi ?
-Hum ?
-Qu’est-ce que tu voulais dire ?
-J’sais plus. »
L’indifférence n’est pas mal feinte, mais elle leur est désagréable, et sans doute que si le tonnerre n’avait pas décidé de se rappeler à leur bon souvenir, Rukia aurait regagné son placard. Mais le tonnerre est de mauvaise humeur, ce soir, alors il crie un bon coup (faut avouer que ça détend, et rien ne dit qu’un orage n’a pas des contrariétés, comme tout le monde), et, illuminant le ciel, précipite la shinigami dans les bras du rouquin qui, instinctivement, les referme autour d’elle. Choqués, ils ne bougent pas ; et les tremblements qui secouent Rukia soufflent à Ichigo cette phrase murmurée :
« -Tu veux dormir avec moi ?
-Je peux ? »
Ce n’est même plus un murmure, à ce niveau-là - c’est un souffle.
Maintenant ou jamais.
« -Je ne veux pas que tu meures d’une crise cardiaque dans mon placard, plaisante-t-il.
-Tu préfères que je le fasse dans ton lit.
-... ça, je sais pas trop. Je préfèrerais que tu ne meures pas, en fait.
-Tant mieux, fait-elle. Parce que, l’un dans l’autre, je suis plutôt déjà morte. »
Elle lève les yeux vers lui. Il lui sourit de ce sourire très doux et très rare qui éclaire son visage et défronce ses rides précoces, même celle qui s’est logée entre ses sourcils et dont Rukia sait déjà qu’elle ne fera que s’accentuer au fil des années.
« -Ben c’est parfait, alors, fait-il avec entrain. J’aurai pas de cadavre dans mon lit au reveil. »
Elle se dégage.
« -Je vais chercher mon oreiller. »
En une seconde très longue qui laisse les bras d’Ichigo plus vides qu’ils ne l’ont jamais été, elle revient et s’installe d’autorité entre lui et le mur, se glissant sous la couette et lui tournant le dos.
« -Bonne nuit, lui dit-il doucement.
-Je n’arriverai pas à dormir si tu restes là à me fixer bêtement. » le prévient-elle, alors il se glisse près d’elle.
Maintenant ou jamais - un mouvement suffit et déjà le corps de Rukia retrouve celui d’Ichigo. Et peu importe qui a bougé, et peu importe le tonnerre et ses hurlements, et peu importe l’acharnement de la pluie, ils sont aussi près l’un de l’autre que deux adolescents peuvent l’être sans être tout à fait indécents, et ils s’endorment ainsi, le souffle de Rukia contre le cœur d’Ichigo.
Quand il se réveille le lendemain matin, il n’y a pas de cadavre dans le lit, ni mort ni vivant. Juste un oreiller un peu avachi abandonné près du sien, preuve qu’il n’a pas rêvé, et ses bras en coupe autour d’un vide qui a exactement la taille du corps de Rukia.