ext_120110 ([identity profile] drakys.livejournal.com) wrote in [community profile] 31_jours2007-03-23 08:31 am

23 mars - Larmes - Peacemaker Kurogane (Fandom rare)

Titre: Solitude
Auteur: drakys
Jour/Thème: 23 mars/larmes + fandom rare
Fandom: peacemaker kurogane
Couple: susumu/tatsunosuke
Rating: PG-13
Disclaimer: kurono nanae, gonzo pour l'anime
Participation au vote de fin de mois: non
Notes: spoilers pour l'épilogue de l'anime: toute la première partie est adaptée de l'épisode 24 avec une traduction des dialogues à partir de mes amis les sous-titres de la version américaine. x-post sur [livejournal.com profile] 7_liens


L'omatsuri bat son plein, remplissant l'air de toutes les odeurs mêlées de nourriture qui s'échappent des stands et qui attirent la clientèle. Tetsunosuke les a traînés de gauche à droite jusqu'à ce que les éventails et les masques soient achetés, et aussi des sucreries à rapporter à Okita-san. Il court encore devant eux, son masque de renard sur le visage et il s'arrête et se retourne.

"Susumu! Tatsu-nii! Allez, dépêchez-vous!", les appelle-t-il avec une pointe d'impatience.

Les interpellés continuent à avancer sans se presser pour autant, jusqu'à ce qu'ils le rejoignent devant le stand de tir où il s'est arrêté. Tetsunosuke a déjà une des carabines pour le jeu en main, masque relevé placé de travers et il sourit, surtout à son frère.

"Allez! Tu y étais vraiment bon, quand tu l'avais essayé! Fais-moi voir encore!"

Il est évident que Tatsunosuke n'arrive pas à partager son enthousiaste et le regard du comptable se perd quelque part sur sa droite, son expression entre la tristesse et l'inquiétude.

"Non, pas cette fois-ci."

Susumu contemple la scène et il fronce les sourcils, mais ne dit rien en voyant le plus jeune des Ichimura déposer l'arme comme à regret sur le comptoir du stand, son expression parfaitement heureuse soudainement brouillée de malaise. Il ne dit rien en le voyant s'éloigner, en étant témoin de l'entrain soudainement un peu forcé. Il ne dit rien non plus quand Tatsunosuke lui emboite machinalement le pas, dans le silence atténué par la foule autour d'eux, dans ce silence si lourd entre eux.

***

Ils ont presque rejoints la sortie quand Tetsunosuke lui fait soudainement signe de s'arrêter.

"Vous deux, vous m'attendez ici!", ordonne-t-il en riant, avant de s'éloigner à la course.

"Quoi?", appelle aussitôt derrière lui et très nerveusement Tatsunosuke en voulant le retenir, mais son frère ne s'arrête pas. "Attends! Tetsu! Hé!", il le rejoigne s'éloigner, gardant une main tendue comme s'il pouvait encore l'arrêter et il baisse finalement le bras, regard triste. "Tetsu..."

Il n'y a plus qu'eux deux, seuls au milieu de la foule: Tatsunosuke qui regarde ce point où la silhouette de son frère a disparu, Susumu derrière lui, appuyé à une colonne qui regarde le dos de l'autre homme entre ses paupières à demi fermées. Il y a un long moment avant que Tatsunosuke bouge et quand il le fait, c'est pour venir s'incliner devant l'espion des Shinsengumi.

"...Pourquoi tu fais ça?", demande ce dernier, restant les bras croisés et ne lui accordant qu'un seul regard avant de détourner les yeux.

Tatsunosuke sent ses joues devenir rouges de honte quand il repense à comment il a essayé de le frapper et il s'incline un peu plus. Qu'il soit en désaccord ou non avec la décision de donner à Tetsunosuke sa propre épée et son uniforme, laisser libre court à sa rage avait été un geste entièrement déplacé.

"À propos de ce que j'ai misérablement tenté le jour avant hier... Je suis profondément désolé d'avoir eu un tel comportement."

Susumu ne le regarde même pas quand il lui répond.

"T'entendre me parler aussi poliment après ça, ça me fout en rogne", commence-t-il et après une pause de quelques secondes, il continue: "Pauvre gamin."

Le jeune espion voit l'autre homme se tendre et devine facilement la surprise qui doit être sur son visage. Tatsunosuke ne se relève pas entièrement, mais le fixe et écoute attentivement.

"Tout le monde le félicite", poursuit Susumu. "En lui disant combien c'est admirable qu'il se soit défait de ses démons... mais parce que son grand frère ne lâche pas le morceau, il a l'impression d'avoir fait un truc mal. Quand tu te comportes comme ça", siffle-t-il et Tatsunosuke se relève lentement, incertain de comprendre la colère dans la voix de l'autre homme. "Comment devrais-je te répondre?"

Le comptable sourit, un sourire triste et il regarde ailleurs. Susumu le dévisage, essaie de trouver pourquoi il sourit toujours comme ça: sourire triste, sourire inquiet, sourire nerveux, comme s'il ne savait sourire que des sourires qui sont faux.

"Ce n'est pas... ce n'est pas comme si j'étais fâché.

— Personne n'a rien dit à propos de ça."

Tatsunosuke serre les poings, mais son regard est triste, tellement triste.

"Je suis vraiment content qu'il... que Tetsu se porte mieux. C'est seulement que...", il n'arrive pas à poursuivre et l'expression de tristesse sur son visage empire.

"Tu n'es pas d'accord avec le fait qu'il porte une épée, c'est ça? Ne t'en fais pas", lui dit-il et son ton n'est pas très réconfortant. "Ou plutôt... Dommage pour toi", poursuit l'espion en lui jetant un coup d'œil pour guetter sa réaction. "Il n'est pas aussi faible que tu souhaitais qu'il soit."

Elle est instantanée.

"Qui voudrait–

— Est-ce que j'ai tort?", le coupe aussitôt Susumu sans lui laisser le temps d'une justification.

Tatsunosuke fronce les sourcils et détourne ses yeux du regard de l'espion, il fixe le sol un moment comme pour y trouver une réponse.

"Je ne m'attendais pas à ce que vous compreniez", dit-il simplement. "Ce que nous avons vécu mon frère et moi, c'est entre nous, après tout.

— Je n'ai même pas envie de comprendre. Mais...", continue Susumu en tendant une main à l'autre homme. "Même si je ne te comprends pas, je peux quand même faire la paix avec toi. Même si c'est d'une manière tordue, c'est encore heureux d'être aimé."

Tatsunosuke lui lance un regard rempli de la plus totale incompréhension, regarde la main tendue comme si elle risquait de le mordre.

"Eh bien, tout ça est... tellement soudain.

— Oh, ça n'est pas suffisant pour toi?", réplique l'espion d'un ton entièrement désaffecté. "Je m'en fous...", continue-t-il et sa voix se voile d'une menace. "Les hostilités prolongées sont tout à fait dans mes cordes."

L'argument est suffisant pour convaincre le comptable qui lui serre aussitôt la main.

"Qu'est-ce que tu crois que tu fais?", lui demande Susumu en le dévisageant soudain avec irritation et l'autre homme cligne des yeux, confus.

"Pardon?

— C'est ta joue gauche, que tu devrais me tendre."

Le regard de Tatsunosuke se remplit de terreur.

"C'est– c'est ta vengeance?

— Tu devrais être préparé... C'est ton rôle de grand frère d'être le plus noble des deux."

Tatsunosuke essaie de libérer sa main de la prise de fer, mais Susumu ne le relâche pas. De l'autre main, il se prépare à lui envoyer son poing en plein visage.

"Mais– mais– mais–", balbutie le comptable, terrifié, essayant de trouver un argument pour le faire changer d'idée. "Vous ne baissez jamais votre garde!

— C'est ton affaire d'arriver à bloquer mon poing", lui répond Susumu avec un mince sourire qui est sûrement une des choses les plus terrifiantes que Tatsunosuke ait jamais vue.

"Attendez! Non!", supplie-t-il d'une petite voix pathétique, en dernier recours.

Une claque résonne sur la joue de Tatsunosuke et il ressent la surprise bien avant la chaleur piquante de la douleur.

***

Susumu le regarde avec un tout petit sourire un peu narquois comme l'autre homme masse du bout des doigts la joue qu'il a frappé. Il y reste une trace rouge qui a presque la forme d'une main, que Tetsunosuke n'a pas remarquée du tout avant de s'éclipser à nouveau sous le regard absolument paniqué de son frère.

"Je vais vraiment te foutre mon poing dans la gueule, si tu continues de penser qu'il va disparaître s'il n'est pas dans ton champ de vision."

Tatsunosuke lui lance un regard rempli d'incertitude et de nervosité à une telle menace et il essaie de rendre son expression moins transparente. L'autre homme n'est pas encore tout à fait assez cruel pour lui dire qu'il y échoue totalement.

Sourire triste aux lèvres, le comptable croise les bras et enfonce les doigts dans le tissu de son yukata comme ils se séparent de la foule. Ils continuent à marcher, trouvent finalement un coin où s'asseoir, mais seul Susumu s'installe sur le banc.

"Aah, je suis désolé. C'est qu'il... qu'il n'y a que nous deux pendant si longtemps", admet finalement Tatsunosuke avec un petit rire qui sonne horriblement faux.

Le jeune espion lui en veut d'être si faible. Ou plutôt, c'est à lui-même qu'il en veut de vouloir tellement le protéger de cette faiblesse. C'est à lui-même qu'il en veut de ne pouvoir effacer la tristesse et l'inquiétude sur les traits de l'autre homme et celles imprégnées dans chacun de ses gestes.

"Et c'est pour ça que tu tiens autant à l'enchaîner à tes peurs?", siffle-t-il avec colère. "Parce que toi, tu ne sais pas comment y faire face?"

L'autre homme le regarde sans répliquer, sourcils froncés et bouche entrouverte comme s'il allait le contredire ou lui répondre avec colère. Mais aucune parole ne vient, Tatsunosuke se détourne simplement et Susumu voit sa silhouette trembler. Il lève les yeux au ciel, prêt à lui dire d'agir comme en homme et d'arrêter de se défiler, mais la voix de Tatsunosuke l'interrompt.

"Vous avez raison.

— Ne me dis pas ça aussi facilement.

— Non, ce n'est pas facile! Ce n'est pas comme si je voulais l'admettre! ...Mais, quand il n'est pas là–"

Susumu réalise qu'il ne veut pas vraiment entendre la suite. Pas parce qu'il ne désire rien savoir, mais parce qu'il sait que peu importe ce que Tatsunosuke dira, il n'y aura plus de retour en arrière. Peu importe ce que Tatsunosuke lui avouera, il sait qu'il aura encore plus cruellement envie de le rendre heureux.

"Quand il n'est pas là, je suis seul au monde", laisse tomber Tatsunosuke en lui lançant un regard qui doit certainement être le regard plus triste du monde.

Tatsunosuke baisse la tête et l'autre homme ne cille pas, mais quand Susumu entend un bruit qui ressemble beaucoup trop à un reniflement, il se lève aussitôt. Il tend une main vers l'épaule du comptable, mais elle s'immobilise quand il parle doucement, sans relever la tête.

Les feux d'artifice enterrent presque sa voix quand leurs premiers éclats au-dessus de leurs têtes allument des étoiles poudreuses de bleus et de verts, et des cercles éphémères de brillants rouges et dorés. Les cris enthousiastes de la foule qui clame Tamaya! et Kagiya! sont presque assez forts pour perdre les mots, mais Susumu les entend très bien parce qu'il n'écoute que lui.

"Il n'a plus besoin de moi..."

Et quand Tatsunosuke relève enfin la tête, son visage est mouillé par les larmes et il y a sur ses traits tout ce qu'ils peuvent supporter de détresse.

"Il– Il n'a plus besoin de moi!", un rire nerveux et les doigts de Tatsunosuke tremblent quand il efface les pleurs du pouce sans arriver à les arrêter.

Susumu trouve alors qu'il ressemble trop à ce petit frère qu'il a surprotégé, ou peut-être qu'au contraire il est complètement différent. Que tout ce qu'il a porté de ces inquiétudes dont Tetsunosuke n'a jamais eu idée a peut-être bien fini par l'écraser.

"Je suis– Parce qu'il– Je suis–"

La main qui flotte encore entre eux va se nicher derrière le cou de Tatsunosuke et Susumu l'attire un peu brusquement contre lui. Et le comptable s'accroche aussitôt désespérément à lui, comme si toutes les barrières qu'il s'était imposées venaient de céder.

Susumu le sent trembler contre lui, n'entend aucune des paroles désarticulées que les pleurs rendent incompréhensibles. Susumu le sent trembler contre lui et il resserre simplement les bras autour de lui, protecteur. Il pose la tête contre celle du comptable et ferme les yeux.

L'eau et le sel peuvent mieux mouiller son yukata, c'est un prix juste pour que Tatsunosuke pleure tout ce qu'on ne lui a jamais donné le temps de pleurer.

***

"Pour l'autre jour...", viennent les mots et Susumu devine la suite dans le regard fuyant. "Je vous prierais de me pardonner de vous avoir autant importuné", termine le comptable en s'inclinant poliment.

Le jeune espion le regarde et voit comme tout son corps est tendu, comment il se défile encore dans les politesses et la servitude et son comportement l'énerve encore plus cette fois-ci que les autres.

"Quand tu te comportes comme ça, comment devrais-je te répondre?"

Susumu pose une main dans les cheveux de l'autre homme pour l'empêcher de se relever. Sa voix est basse et menaçante quand il resserre les doigts.

"Tu n'as rien compris, n'est-ce pas?", siffle-t-il en lui relevant la tête de force, se penchant vers lui pour que leurs yeux se rencontrent.

Ceux de Tatsunosuke évite son regard et Susumu ferme les yeux et soupire, relâche sa prise. Sa main va plutôt se poser sur la joue de l'autre homme quand il entrouvre les paupières. Il s'incline un peu plus, jusqu'à ce que leurs lèvres soient si près de s'effleurer.

"Ya– Yamazaki-san!", s'exclame aussitôt Tatsunosuke, joues écarlates, en se soustrayant précipitamment à cette tentative de baiser.

Mais les mains de Susumu reviennent à l'attaque, cette fois impitoyablement jusqu'à se poser toutes deux sur les joues de l'autre homme. Il l'immobilise, juste par un regard et par cette étrange douceur.

Et il pose les lèvres sur celles de l'autre homme.

Il le sent se débattre pour se libérer, mais les poings contre sa poitrine s'immobilisent finalement quand ses lèvres insistent. Les poings se referment dans le tissu de son kimono, se raccrochent à lui. Le baiser est fragile et incertain, brisé trop vite peut-être.

"Tu es décidément plus bête que ton frère", murmure doucement Susumu tout contre lui.

Il lui relève la tête, rencontre ses yeux qui essaient encore un peu de le fuir.

"Je ne te laisserai plus être seul au monde", promet-il avant de l'embrasser encore.

(22 mars 2007)

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