9 mars - croquis - Sambre (fandom rare)
Mar. 9th, 2007 04:43 pm![[identity profile]](https://www.dreamwidth.org/img/silk/identity/openid.png){kind=small}
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31_joursTitre: La Liberté guidant le peuple
Auteur:![[livejournal.com profile]](https://www.dreamwidth.org/img/external/lj-userinfo.gif)
annaoz
Jour/Thème: 09 mars - croquis
Fandom: Sambre (fandom rare)
Personnage/Couple: Olympe de Castelbajac
Rating: PG
Disclaimer: à Bernard Hislaire/Yslaire et aux éditions Glénat
Participation au vote de fin de mois: non
Spoilers sur le volume trois "Révolution, révolution..." et nécessite la connaissance dans la BD d'Olympe, le modèle "supposé" de Delacroix pour sa peinture de "La Liberté guidant le peuple".
Elle a fait déposer des lys partout autour de sa dépouille. Que ces fleurs, celles des rois, baignent de leur parfum son corps éteint, ne lui semble, pour l’heure, rien de moins que normal : elle ne les a choisies que parce qu’elles sentaient fort. Paris est en fracas et elle devra attendre que les gardes municipaux aient fait revenir l’ordre pour offrir à Valdieu des funérailles qu’elle voudrait voir durer trois glorieux jours.
L’homme n’a pas d’héritier, ou aucun qu’elle ne lui connaisse, personne donc, à part elle, ne s’inquiètera du sort de ses tableaux. Cela serait le tuer deux fois de ne pas empêcher que son œuvre se perde.
Ainsi donc, elle a caché sous son manteau noir ses fanfreluches, ses taffetas, n’a requis le concours que de son seul cocher pour l’accompagner là, à l’atelier, en plein cœur du chœur contestataire ; elle n’a pas peur, vraiment, quel mal pourrait-on lui infliger qui soit pire que l’ultime abandon d’Egon…
« Madame, il faut vous hâter, l’air grésille, les feux sont proches ! » la supplie le cocher.
Elle grimpe les marches pas à pas, des bouffées nostalgiques ralentissant son souffle, là, tout doux les larmes, ne roulez pas, il lui faut ses yeux pour voir où aller, quoi sauver, si flammes il y a.
Très vite, en embrassant la pièce du regard, elle comprend qu’elle a été folle de croire qu’une seule paire de bras ajoutée à la sienne, forte encore quand il est nécessaire, suffirait : des dizaines et dizaines et dizaines de croquis recouvrent le plancher, des toiles s’accumulent, peintures de modèles gras et vulgaires qu’elle ne veut pas connaître. Plus loin, dans l’ombre, traînent deux ou trois marbres, femmes et femmes toujours qui ne sont pas elle.
Ca n’a pas d’importance, plus rien ne compte à présent qu’Egon a expiré entre ses bras, contre son sein, l’appelant, elle, une toute dernière fois.
Dehors, les godasses martèlent les pavés, la pluie bat les carreaux ; Olympe se baisse, genoux précautionneusement rangés sous ses jupes pour ne pas froisser les dessins au fusain sur lesquels elle s’est accroupie. Elle rassemble un à un les essais, les visages, s’aperçoit tout à coup que chacun n’est qu’une variation de l’autre, précédant et suivant, tous facettes différentes de la même jeune fille : son amante peut-être, son assassine sans doute. L’envie brûlante de réduire en lambeaux de vélin les croquis de l’inconnue la prend, puis l’abandonne, elle n’est plus une enfant dévorée de passion, elle savait, sans se mentir, que Valdieu l’avait bien remplacée. Qu’importe, elle l’a pensé plus tôt, puisque c’est vers elle, vers elle qu’il s’est tourné tout à la fin.
Un peu meurtrie tout de même, elle va pour s’appuyer contre le chevalet, déplié au centre de l’atelier, sur lequel repose une huile dont elle ne distingue que l’ombre un peu luisante.
C’est une femme, à nouveau, semblable aux dessins à ses pieds, belle, sauvage, les cheveux noirs, la poitrine nue, portant drapeau… « La Liberté … » murmure-t-elle. Sa Liberté lui crie son cœur, son ventre, sa bouche muette, celle qu’il a invoqué au moment de mourir, celle qui n’était, finalement, pas elle non plus à cet instant.
Olympe pleure.
Les yeux rouges, ensanglantés, de la toile qui la dévisage, semblent se moquer que, de toutes les jouissances dont elle ait pu la priver, s’accaparant Egon, elle ne lui ait même pas laissé la plus amère.
Ah, qu’elle brûle !
Auteur:
annaozJour/Thème: 09 mars - croquis
Fandom: Sambre (fandom rare)
Personnage/Couple: Olympe de Castelbajac
Rating: PG
Disclaimer: à Bernard Hislaire/Yslaire et aux éditions Glénat
Participation au vote de fin de mois: non
Spoilers sur le volume trois "Révolution, révolution..." et nécessite la connaissance dans la BD d'Olympe, le modèle "supposé" de Delacroix pour sa peinture de "La Liberté guidant le peuple".
Elle a fait déposer des lys partout autour de sa dépouille. Que ces fleurs, celles des rois, baignent de leur parfum son corps éteint, ne lui semble, pour l’heure, rien de moins que normal : elle ne les a choisies que parce qu’elles sentaient fort. Paris est en fracas et elle devra attendre que les gardes municipaux aient fait revenir l’ordre pour offrir à Valdieu des funérailles qu’elle voudrait voir durer trois glorieux jours.
L’homme n’a pas d’héritier, ou aucun qu’elle ne lui connaisse, personne donc, à part elle, ne s’inquiètera du sort de ses tableaux. Cela serait le tuer deux fois de ne pas empêcher que son œuvre se perde.
Ainsi donc, elle a caché sous son manteau noir ses fanfreluches, ses taffetas, n’a requis le concours que de son seul cocher pour l’accompagner là, à l’atelier, en plein cœur du chœur contestataire ; elle n’a pas peur, vraiment, quel mal pourrait-on lui infliger qui soit pire que l’ultime abandon d’Egon…
« Madame, il faut vous hâter, l’air grésille, les feux sont proches ! » la supplie le cocher.
Elle grimpe les marches pas à pas, des bouffées nostalgiques ralentissant son souffle, là, tout doux les larmes, ne roulez pas, il lui faut ses yeux pour voir où aller, quoi sauver, si flammes il y a.
Très vite, en embrassant la pièce du regard, elle comprend qu’elle a été folle de croire qu’une seule paire de bras ajoutée à la sienne, forte encore quand il est nécessaire, suffirait : des dizaines et dizaines et dizaines de croquis recouvrent le plancher, des toiles s’accumulent, peintures de modèles gras et vulgaires qu’elle ne veut pas connaître. Plus loin, dans l’ombre, traînent deux ou trois marbres, femmes et femmes toujours qui ne sont pas elle.
Ca n’a pas d’importance, plus rien ne compte à présent qu’Egon a expiré entre ses bras, contre son sein, l’appelant, elle, une toute dernière fois.
Dehors, les godasses martèlent les pavés, la pluie bat les carreaux ; Olympe se baisse, genoux précautionneusement rangés sous ses jupes pour ne pas froisser les dessins au fusain sur lesquels elle s’est accroupie. Elle rassemble un à un les essais, les visages, s’aperçoit tout à coup que chacun n’est qu’une variation de l’autre, précédant et suivant, tous facettes différentes de la même jeune fille : son amante peut-être, son assassine sans doute. L’envie brûlante de réduire en lambeaux de vélin les croquis de l’inconnue la prend, puis l’abandonne, elle n’est plus une enfant dévorée de passion, elle savait, sans se mentir, que Valdieu l’avait bien remplacée. Qu’importe, elle l’a pensé plus tôt, puisque c’est vers elle, vers elle qu’il s’est tourné tout à la fin.
Un peu meurtrie tout de même, elle va pour s’appuyer contre le chevalet, déplié au centre de l’atelier, sur lequel repose une huile dont elle ne distingue que l’ombre un peu luisante.
C’est une femme, à nouveau, semblable aux dessins à ses pieds, belle, sauvage, les cheveux noirs, la poitrine nue, portant drapeau… « La Liberté … » murmure-t-elle. Sa Liberté lui crie son cœur, son ventre, sa bouche muette, celle qu’il a invoqué au moment de mourir, celle qui n’était, finalement, pas elle non plus à cet instant.
Olympe pleure.
Les yeux rouges, ensanglantés, de la toile qui la dévisage, semblent se moquer que, de toutes les jouissances dont elle ait pu la priver, s’accaparant Egon, elle ne lui ait même pas laissé la plus amère.
Ah, qu’elle brûle !
